Prologue

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Notre histoire pourrait commencer comme tous les romans d'amour.
Deux personnes que tout oppose réaliseraient soudain qu'elles ne pourraient pas vivre l'une sans l'autre.
Une servante et un prince.
Une petite sirène et un marin.
Une fée et un être humain.

Ce qui est rarement raconté, en revanche, sont ces histoires... disons, plus compliquées. Ces romances faites non pas à l'eau de rose mais au  jus de framboise, plus acide. L'amour résiste-t-il vraiment à tout ?

Il était une fois, une jeune fée que l'on appelait Rose Framboise...

—  Vos complices sont-ils tous morts ou hors d'état de nuire ?

Un boulet bien trop lourd pour être porté, enchaîné à sa cheville, le prisonnier ne cilla pas. Muet et impressionné, il avala bruyamment sa salive, osant à peine relever les yeux sur son interlocuteur.

Un roi. Couronné d'or, de plumes et de pouvoirs. Sa cape de velours sombre retombait sur le sol, quand ses cheveux de jais dignement coiffés renforçaient son allure stricte. Nerveusement, il fit tambouriner son sceptre de bronze, sculpté d'une majestueuse tête d'oiseau, sur le sol de pierre dur.

— Je vous ai posé une question ! s'enerva ce dernier, avec rancœur.

Aucune réponse, les mains de l'interrogé, creusées de plaies et de bleus, tremblèrent sur ses genoux. Ces derniers jours rythmés d'une violence inégalée l'avaient affaibli, traumatisé et peut-être même brisé une partie de son âme.
Pourtant, il puisa la force de prononcer trois simples mots.

— Où est-elle ?

Le sceptre du roi cogna brutalement le métal des geôles.

— C'est moi qui vous interroge et non l'inverse !

Il pensait que sa voix tranchante suffirait à le calmer, mais toute crainte s'était évadée du jeune homme, cloué sur une chaise de bois.

— Où est-elle ? répéta-t-il en haussant la voix.

Un éclair de rage perça les iris sombres du souverain. Comment osait-il ? Après ce qu'il avait fait, cet insolent lui tenait tête ?

Des flammes brunes embrasèrent son manteau de plumes, illuminant la pièce trop humide pour être munie de bougies. Et puis qui veillerait au confort d'un détenu ? Ce dernier retint son souffle. De la magie. Non pas qu'il n'y croyait pas mais il se souvenait que c'était avec elle que tout avait commencé. Elle.

— Elle n'est pas coupable, laissez-la en vie ! Laissez-lui la liberté !

Le feu s'intensifia mais aucune information ne passa les lèvres du roi-oiseau. Une plume brûlante traversa la pièce et n'eut qu'à effleurer légèrement le cou du jeune homme pour qu'une longue brûlure y apparaisse, engendrant avec elle un râle de douleur. Des gouttes de sueur perlèrent sur son visage mais il fit mine de ne rien ressentir.

— Je ne répondrai pas à vos questions tant que je n'aurai pas de réponses à la mienne, articula-t-il difficilement. Où est-elle ?

Le roi ne dit mots, comprenant alors que sans utiliser de torture plus violente — ce qu'on lui avait interdit — il n'obtiendrait aucune réponse. Les barreaux teintés de rouille se refermèrent dans un grincement métallique. L'obscurité reprit progressivement sa place de souveraine, tandis que d'épaisses ronces s'enroulèrent comme des pythons autour de la prison.

— Vous ne pouvez pas lui faire du mal ! s'époumona une dernière fois le prisonnier avant que toute lueur ne s'éteigne et que le roi ne disparaisse.

es-tu, ma Lizzie ?

Rose framboise (terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant