Rose framboise (terminée)

24- De Sang Royal (1/2)

Où aller quand les gardes de tout un royaume —peut-être deux—ne tarderaient pas à vous poursuivre ? Étrangement avant aujourd'hui, Tom ne s'était jamais posé cette question. Et pour la première fois, depuis bien longtemps, il se sentait seul. Même lorsqu'il dérobait pour survivre, il ne s'était jamais inquiété de son sort. Il fallait dire que Joanne était plutôt douée pour dénicher de bonnes cachettes ou jouer la comédie et ainsi passer entre les filets de la justice. Tom s'arrêta. Joanne. Il savait où il devait se rendre !

Il surgit devant le palais, essoufflé et épuisé. En atteignant le téléporteur, la puissante barrière manqua d'aggraver sa blessure. Cependant, dans un souffle sifflant, il parvint à dessiner le code qui le propulsa à l'intérieur des murs ébènes. Le couloir, vide et morne, l'accueillit. Désormais, cette prison dorée formait son plus grand bouclier. Il geignit de douleur. Ses membres ankylosés le lachèrent au beau milieu du tapis carmin, où il eut du mal à garder les yeux ouverts.

Pourtant il devait encore puiser dans ses forces pour rejoindre sa sœur. Encore un effort, Tom.

— Professeur Mirror ?

Il ne reconnaissait pas cette voix. Un visage encadré de quelques boucles rousses croisa son regard puis au dessus, une couronne. Le prince cadet, devina Tom. Il ne pouvait pas avoir moins de chance. Lui qui espérait ne pas se faire remarquer, déchanta bien vite, devant cet inconnu qu'il n'avait pu voir qu'en portrait. Léo prit prudemment son bras, remarquant la trace rouge qui s'y décorait.

—Qu'est ce qu'il vous est arrivé ?

Visiblement, le deuxième de la fratrie n'arborait pas le même air supérieur que ses frères. Au lieu d'exiger un renvoi immédiat du vampire, Léo l'aida à s'asseoir contre le mur et lui tendit une poche de sang.

—Ne bougez surtout pas, je vais chercher Joanne.

Il s'enfuit à vitesse vampirique, et disparut au détour d'un couloir. Tom tâcha de souffler calmement, assimilant avec peine les événements qu'il venait de vivre. Son cœur manqua un battement, puis un râle de douleur lui échappa lorsqu'il essaya de bouger son bras tuméfié.

—Tom !

Sa sœur accourut, une pommade en main. Léo la suivait toujours, inquiet.

—On dirait une brûlure solaire. Qu'est ce qui t'a fait ça ?

—Le roi.. Ivan, articula-t-il avec une grimace lorsque Joanne appuya un peu trop fort sur la cloque.

La fraîcheur du médicament apaisa aussitôt la blessure, tandis que le simili-sang termina de lui redonner des forces.

—Le roi Ivan, répéta Léo, un peu plus pâle. Ne me dites pas qu'il vous traque ?

Joanne et lui s'échangèrent un regard muet. Mais une certaine angoisse trahissait leur expression.

— J'espérais que... J'ai été stupide, se morigéna Tom. Laissez moi quelques minutes le temps de me remettre et je quitterai le palais, votre Altesse.

Joanne le retint par l'épaule, tout en faisant signe à Léo de ne pas prononcer un mot.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Si tu sors, tu finiras en tas de cendres. Le roi Ivan a déjà tué des vampires, crois-moi, il peut recommencer sans problème. Alors déjà tu vas nous raconter quelle stupidité tu as faite et ensuite, je te trouverai une chambre où si tu oses t'en échapper, c'est moi qui te ferais la peau. Compris ?

Joanne reprit son souffle et relâcha son frère. Si Tom acquiesça en silence, il ne détachait pas son regard du prince qui semblait désapprouver la décision de Joanne.