Une nuit de noël

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Vous ne croyez pas au Père Noël ? Très bien. Tant pis pour vous. Ce n'est pas mon problème, beaucoup de gens n'y croient pas. C'est un débat, un grotesque débat. Je ne dis pas que j'y crois, je ne dis pas que c'est mal de ne pas y croire ou toute autre affirmation. Cette histoire est celle de John Mess, le vieux gars de Dove Street. Il n'a pas de maison à mon avis car il est toujours dehors. Il dit qu'il aime ça, ne dépendre de personne. Il m'a raconté cette histoire quelques jours à peine avant Noël.

23h47 : Maison de correction pour garçons, 20 allée de la cheminée :

J'étais plaqué au sol, le carrelage froid sur mon dos ( ) à cause des coups de ceinture reçus ce matin même.

- Alors Johnny ! On croit encore au Père Noël ?!

- Lâche moi George, tu me fais mal...

Il serra plus fort le col de ma vielle chemise brunâtre. En voyant ma grimace de douleur, il sourit. Quelques gamins ricanèrent dans le dortoir, assis sur leurs lits pourvus d'un seul drap fin.

- Ici, y a pas de Noël ! Pas de cadeaux ! Pas de famille ! me cracha-t-il à la figure.

Je pouvais voir par la fenêtre d'où j'étais.

- T'es qu'un sale gosse John ! Qui croit encore au Père Noël !

Je crus voir quatre lumières rouges dans le ciel, pâles mais visibles. Une silhouette, une barbe.

- Tu regardes quoi, conard ?!

J'entendais presque le bruit du traineau avec les reines et les cadeaux. Soudain, une douleur fulgurante me traversa, Georges me gifla et je retombais rudement sur le carrelage. Les rires fusèrent. Je tournai la tête vers la fenêtre, la silhouette floue hocha la tête. Une force incroyable grandit en moi et je me relevai. A cet instant, je compris deux choses : la première, que personne ne m'empêcherai de croire ce que je veux. La seconde, que Noël, le père Noël c'était mon espoir. L'espoir d'une issue cachée par la souffrance et la rigidité de nos maîtres. L'espoir d'une issue vers un autre monde : celui des rêves. Des rêves qui pouvaient se réaliser. Moi mon rêve, c'était de partir, de quitter cet endroit où j'étais depuis bien des années, de m'évader. Cette silhouette, cette barbe m'apporta l'espoir, la force dont j'avais besoin. Je voulais trouver le bonheur et je le trouvât dès cette nuit là.

Cette nuit là, je m'enfuyais sur les routes de Londres, loin des horreurs que l'on m'avait fait subir. Cette nuit là, c'était la veille de Noël.

Cette nuit là, je compris le sens du mot liberté.

Une nuit de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant