Bourgeon (Petit Prince)

Bourgeon

La septième planète était magnifique. Dès l'arrivée du Petit Prince, les rayons du soleil reflétèrent sur l'eau et illuminèrent la pelouse de manière à le surprendre. Une verdoyance hors du commun régnait sur la prairie ensoleillée. À une quinzaine de pas seulement, bien que cela ait pu paraître énorme pour le Petit Prince, se dressait une grande maison accompagnée d'un autre bâtiment. Après réflexion, il fut sensé pour le Prince que ce soit une ferme : des animaux en sortirent un-à-uns pour profiter de la verdure.

Malgré sa simplicité, la planète fit du bien au Petit Prince. Contrairement à celles qui l'ont précédée, elle était lumineuse et chaleureuse.

Sans s'attendre à une réponse quelconque, il dit à tout hasard :

- Bonjour, sur quelle majestueuse étoile suis-je tombé ?

Pas de réponse. Lui qui n'avait jamais de sa vie renoncer à une question, retenta :

- Sur quelle planète suis-je tombé ?

Toujours rien. Si la réponse ne venait pas à lui, il allait trouver la réponse.

Une fois à l'intérieur de la ferme, le Petit Prince trouva un homme, genoux à terre, tâtant frénétiquement le sol recouvert de paille. Ses habits à carreaux furent loin d'être aussi luxueux que ceux du roi, mais cela n'importa que peu au Prince.

- Qu'y a-t-il ? Qui êtes-vous ? demanda le Petit Prince inquiet de l'état de son interlocuteur.

- Aidez-moi ! J'ai perdu mes moutons ! répondit l'homme, angoissé.

- Quel mouton ? dit le Petit Prince en regardant dans tous les sens. Tous les enclos sont vides !

- Zut, ils se sont encore tous enfuis, finit l'inconnu.

Sans chercher réellement à comprendre le problème, il sortit en vitesse du bâtiment, tandis que l'homme était toujours par terre.

« Ça avait l'air grave, pourtant. Que fait-il? » se questionna le Petit Prince.

Les trois animaux vagabondèrent un moment avant qu'il n'ait le temps de les attrapés. Le problème fut réglé, mais cela n'affecta point l'état de l'homme. Le Petit Prince essaya de le rassurer :

- J'ai trouvé vos moutons. Ils jouaient, je crois.

- Mes moutons ! Ils sont revenus ? Merci, merci ! réagit l'inconnu, excité et rassuré.

- Qui êtes-vous ? redemanda le Prince, qui jugeait mériter amplement une réponse.

- Je suis un aveugle. J'attendais l'arrivé de quelqu'un comme vous, quelqu'un qui m'aiderait. Je ne saurais trouver un moyen de vous remercier. Merci, merci ! expliqua l'aveugle.

Le Petit Prince sourit devant une telle gratitude. Il n'en n'avait pas fait tant après tout.

- Je ne voudrais en aucun cas abuser de votre bonté, mais ce qui viens de se passer fait partit de ma routine. À la longue, c'est fatiguant. Pourriez-vous prendre la clé qui est sur le comptoir et la mettre dans ma poche. Comme ça, je vais pouvoir verrouiller la grange. Expliqua l'aveugle en tapotant sa cuisse droite comme pour lui montrer où se trouvait sa poche.

C'est ce que le Petit Prince fit juste avant de repartir.

« Certaines grandes personnes peuvent être attachantes, par moments. » se dit le Prince en chemin.