--- Prologue ---

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L'activité ne s'arrête jamais dans Karmal. De jour comme de nuit, la Mégacité continue de vivre au rythme de ses un milliards d'habitants. Alors que le Soleil s'est couché il y a déjà quelques heures, certains sortent de leurs bureaux qui s'étendent sur des hauteurs hallucinantes, tandis que d'autres vont tout juste rejoindre les usines qui couvrent plus de la moitié de la cité. Et quelques uns, plus chanceux, sont trop jeunes pour pouvoir travailler. C'est le cas d'un petit garçon, aux cheveux sombres comme la nuit qui s'abat sur Karmal. Dans l'un des nombreux appartement d'un des immeubles, le garçon est assis en tailleur sur le sol face a un grand écran translucide, une télévision holographique. Il zappe les chaînes les unes après les autres, l'air béat. L'appartement est constitué d'un rez de chaussée et d'un étage. Eliott - le garçon aux cheveux bruns - se trouve à l'étage, dans une grande chambre, avec une large fenêtre donnant sur la tour centrale de Karmal : la Compagnie Devonshire. Véritable centre technologique, la Devonshire fournie aux habitants et aux autres pays du monde tout le matériel technologique : Intelligences Artificielles Autonomes, implants, prothèses, et autre bijoux de technologie. Les parents d'Eliott ne se sont procurés qu'une IAA de service pour les aider quotidiennement, comme ce soir, alors que ses parents ont laissé la garde de leur fils à leur androïde domestique. Eliott l'entends faire le ménage au rez de chaussée d'une oreille, mais il n'y prête pas réellement attention. Continuant de zapper les chaînes sur la télé, cherchant désespérément un programme attractif. Cependant, le jeune garçon est interrompu dans sa quête d'un programme télé pour des informations de dernière minutes, qui occupent maintenant toutes les chaînes.

Eliott soupire, et s'arrête de zapper, fixant tout de même l'hologramme télévisé, avant de se concentrer pour réellement écouter. Si ces informations monopolisent le réseau télévisé, c'est sûrement que ça doit être important. Il écoute alors la journaliste attentivement.

- « 'Disfonctionnement électronique : 23 morts, 113 blessés. Nous avons été informé il y a quelques minutes d'un accident majeur au sein de la tour Devonshire. Un androïde de soutien armé se serait rebellé, lui ainsi que beaucoup de ses congénères IAAs, faisant vingt-trois victimes parmis les employés de la compagnie, avant d'être arrêté. Selon le PDG, il y en aurait encore d'autres dans ce cas, et il se pourrait que cela atteigne toutes les IAAs de la ville.' »

- « ...Quoi ? »

Eliott écarquille les yeux. Cela faisait bien longtemps qu'un accident de ce genre n'avait pas eu lieu. Le monde dans lequel il vivait n'était certes pas idéal, les inégalités sociales, et les crimes à longueur de temps en étaient la preuve. La journaliste n'eut alors pas le temps de poursuivre son monologue : une lumière bleuté envahit la vue d'Eliott, ainsi que l'entièreté de la ville, un bref instant. La télévision holographique se coupe dans un grésillement atroce, et la Mégacité toute entière s'éteint, laissant place à un silence pesant, rythmé par les bruits de l'IAA domestique, qui poursuit son ménage au rez-de-chaussée. Apeuré, mais curieux, Eliott se dirige vers la grande fenêtre en se frottant les yeux. Il y observe une ville plongée dans la pénombre, exception faite de quelques lumières rouges, qui traversent les rues. Il pose ensuite son regard sur la tour Devonshire.

- « C'était quoi ça..? »

À peine sa question posée, une explosion dévasta la tour de la compagnie. Eliott écarquille les yeux, se retourne brutalement, et s'accroupit. Excellent réflexe, l'onde de choc de l'explosion brisa la fenêtre contre laquelle il se tenait il y a peu. Les morceaux de verre volent en éclats dans la pièce, la tour Devonshire est en feu, et des hurlements lointains se font entendre. Mais ce que remarque Eliott, c'est que l'IAA du rez-de-chaussée ne fait plus de bruit. Il est terrifié. L'enchaînement des événements ne lui convient pas du tout, et il craint de devoir descendre sans savoir ce que fait l'IAA domestique. Intérieurement, il espère qu'au moins l'un de ses parents arrivera le chercher. Il s'approche, hésitant, des escaliers, alors que la porte d'entrée s'ouvre dans un bruit fracassant, accompagné d'un grognement grave. Des bruits de fracas et de lutte, une chute, des coups répétés, puis plus rien. Eliott pose un pied sur la première marche, puis la deuxième, et descend ainsi lentement.

La ColonieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant