Prologue

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Pdv Eren.

J'ai 17 ans. Et je suis juif..

Je me souviens encore de ce jour où des dizaines de soldats armés entrèrent dans notre maison.
Des brassards décorés d'une étoile jaune à six branches nous rendait reconnaissables aux yeux de tous. Tout le monde nous connaissait, savait qui on était, et nous toisait du regard dans les rues.
Ce jour là, les soldats n'avaient pas eu de mal à nous trouver. Entrés de force, ils se mirent à tout casser et renverser. Les tables, les chaises, les cadres, les vases sur la cheminée, les ustensiles de la cuisine. Tout. Puis ils ont saisi ma mère, mon père, et moi de force. Ils nous tenaient les poignets en les serrant de leur forte poigne, ce qui nous faisait mal. Ils se moquaient, rigolaient à gorge déployées, ils le faisaient exprès. Ça les amusait de nous voir souffrir, de voir nos visages décomposés.
Ce jour là, je n'avais pas compris. Je savais que l'on nous aimait pas à force de subir harcèlements, moqueries, violence physique et morale chaque jour. Je savais que l'etoile jaune qu'affichait mon brassard en etait la cause. Mais pourquoi un simple dessin faisait-il de nous des boucs emissaires ? Je ne comprenais pas.. Et pourquoi tout à coup on nous embarquait ? On n'avait rien fait de mal pourtant.

On nous emmena dans un train bondé par des personnes comme nous à l'étoile jaune. Des juifs. Nous étions dans un compartiment plongé dans l'obscurité, tous entassés les uns sur les autres. Il était impossible de se détendre. L'air etait lourd, humide, et la sueur de chacun ne faisait qu'augmenter la température déjà haute du wagon.
Le trajet dura longtemps, plusieurs jours, il était impossible de savoir quand on allait enfin arrivé, et surtout où on allait. Il était aussi impossible de savoir si on était le soir et le matin à cause de l'absence de fenêtre.
Soudain, j'avais entendu un cri. Une femme à ma droite pleurait de douleur, criait de toutes ses forces avec un minuscule corps inerte dans ses bras. Je compris rapidement. Son bébé était mort. Il était trop fragile pour survivre dans des conditions aussi misérables, entassé ou plutôt écrasé contre sa mère d'une part et un homme d'autre part. Il n'avait pu boire du lait car il n'y avait plus la place. De plus, la lourde chaleur rendait l'oxygene rare et presque inexistante pour un enfant de cet âge. il était mort par étouffement. C'était horrible. Pourquoi on était dans un train entassés comme ça? Ils auraient pu au moins laisser une voiture pour les personnes plus fragile. C'était inhumain.
Tout le monde fut choqué, mais personne ne fit rien. C'est vrai, qu'est-ce que l'on pouvait faire, bloqué comme on était ? Rien, juste observer, se sentir impuissant.
Le trajet se continuait sans aucun bruit quand le train freina brutalement. Des soldats ouvrirent la portes pour nous laisser sortir un par un. Tout le monde suivit leurs ordres car ils pointaient sur nous leurs armes menaçantes. Tous, sauf la mère qui avait perdu son enfant. Elle leur criait de leur rendre son bébé, que c'était de leur faute. Et puis "pan". Un coup de feu retentit. Le corps maigre de la femme tomba sur le sol, sans vie. Nous, spectateurs, furent choqués. Personne n'osait plus faire de bruit de peur de finir comme elle. Moi aussi, j'avais peur, très peur. Ma mère me tenait la main mais elle tremblait comme moi. Mon père aussi. C'était le commencement.

Les soldats firent comme si rien ne s'était passé et nous conduisirent vers un ensemble de bâtiments en cube, grisâtres et moches, en laissant le corps là où il était comme s'il n'existait pas. Qu'est-ce qui nous attendait là bas ? Est-ce qu'on allait finir comme elle ?
On passait une espèce de clôture pour arriver dans une sorte de cour. Là, les soldats nous séparèrent en plusieurs groupes. Je fus séparé de mes parents. Cela accentuait ma peur déjà grande. Ils pouvaient à tous moment les tuer, et je ne voulais pas perdre encore un être cher. De plus, J'étais maintenant seul, sans personne pour me soutenir, pour me rassurer quand je me sentirais mal. J'étais tout seul.. Une larme coula à cette pensée que j'essuyai dans la foulée, par peur de me faire tuer.

Notre groupe comptait environ une vingtaine de personne et était composé de jeunes hommes comme moi plutôt musclés. On nous emmena dans ce qui semblait être un dortoir. Il s'agissait seulement de petites plateformes à l'horizontale d'un mur plus robuste séparés en 3 étages, avec des échelles pour monter et un peu de paille éparpillée par dessus. A côté se trouvait une autre pièce, avec au milieu un énorme bloc de béton rectangulaire avec des trous disposés de façon régulière - une vingtaine de centimètres entre chaque - . On nous expliquait qu'il s'agissait des latrines, et que nous pourrions y aller seulement une fois le matin, et une autre le soir. Pas pendant la journée même si on avait une envie pressante.
Puis environ 5 soldats entrèrent et nous dépouillerent de toutes nos affaires, vêtements y compris. On se retrouva nus, et ils nous passèrent des espèces d'uniformes blancs en insistant sur le fait que ce sera le seul vêtement que l'on aurait pendant tout notre séjour ici. On suivait les ordres sans discuter, on avait trop peur de mourir.

Plusieurs mois passèrent, les conditions étaient inhumaines. Les latrines jamais nettoyées degageaient une odeur nauséabonde, et les dortoirs également puisque nous ne prenions jamais de douches.
Sur les milliers qu'on était au départ, plus de la moitié était déjà mort. Tout le monde, hommes et femmes, moi y compris étaient maintenant nus car nos vêtements étaient tombés en lambeaux à force de travailler aussi durement. On nous identifiait à l'aide de numéros qu'on nous avait tatoués sur le bras lors de notre venue.
Dans notre groupe qu'ils appelaient le groupe B, on était plus que 9. On s'occupait de construire une voie ferrée près du campus. On devait travailler sans s'arrêter de 7h à 21h, avec parfois de rares pauses d'une dizaine de minutes. Plusieurs d'entre nous étaient déjà morts de fatigue et de malnutrition à cause de ça, tandis que d'autres s'étaient fait volontairement tués pour avoir eu le malheur de s'etre arrêté quelques minutes sans autorisation. La plupart était morts pendant l'hiver : il était difficile de survivre quand il faisait -2 degrés et quand on était nus comme des vers.
Ceux qui avaient le malheur d'être malades étaient emmenés dans une soi-disant "infirmerie" et ne revenaient pas. Je suppose qu'on les tuait.
Les gens qui mourraient tombait comme des mouches. On était affreusement maigres. On voyait nos côtes se dessiner sur notre torse, et nos bras qui auparavant étaient si musclés ressemblaient maintenant à des brindilles. Nos yeux étaient vides, sans aucune lueur.

On avait vite compris que leur but était en réalité que l'on meurt rapidement. En sachant cela, et en sachant que l'on ne pouvait rien y faire, la seule chose qui était encore possible était d'attendre la mort, d'attendre qu'elle vienne nous sauver de cet enfer.
On était prisonnier comme du bétail, impuissants, et rien que l'action de penser devenait difficile avec le temps. C'était devenu inutile. Ils nous avaient deshumanisés.

Mes parents sont morts eux aussi, c'est à ce moment là que j'avais réellement perdu tout espoir.
Je les voyais de là où j'etais travailler chaque jours. Comme ils étaient parmi les plus âgés, on les faisait coudre, souder, bricoler des chaussures en cuir. Mais un jour est venu où ils ont été emmené par des soldats dans un bâtiment à gauche de là où je travaillais, qui avait d'ailleurs l'air plus lugubre que les autres. Ils y sont rentrés et ne sont plus jamais ressortis. Jamais. Ils étaient morts.
J'allais moi aussi mourir et les rejoindre de toute façon. Je n'avais même plus assez de forces pour me permettre d'être triste ni même de ressentir. J'étais devenu une machine. J'attendais.

Mais ce qui devait arriver n'arriva pas. Un jour, par le plus grand des hasards, j'avais entendu une conversation. Une personne haut placée devait arriver. Et, généralement, -je l'ai compris au fur et à mesure-, ils désactivaient l'électricité des clôtures à chaque fois qu'une personne importante nous "rendait visite" ou venait inspecter.
Je ne sais pas pourquoi, mais à ce moment là, une idée folle me traversa l'esprit. Je me rendis compte qu'il me restait encore une infime envie de vivre qui était enfouie au plus profond de moi. Je voulais m'enfuir. Peut être que là je pouvais en avoir la chance. Et puis, même si ma fuite échouait, je n'avais plus rien à perdre. Ce serait même une bénédiction de mourir plus rapidement de cette manière plutôt que de rester ici à attendre bêtement ma mort. Il fallait que je tente, que j'essaie.

À suivre..

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Voilà! J'espère que ce type d'histoire vous plaît, et ne vous inquiétez pas, Levi devrait arrivé vers le chapitre 2 😉

Je suis ouverte à toute critique me permettant d'améliorer mon oeuvre alors n'hésitez surtout pas !

Bises 😊

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