Challenge d'écriture | Is it love? Colin

Unique chapitre

— Dis-moi, tu aimes les crevettes?

Je lève des yeux interrogateurs vers Colin, ne sachant pas vraiment s'il blague ou s'il est sérieux. Cela a beau faire plus de deux ans que nous sommes ensemble et que nous parcourons la planète avec les Nightmareden, j'ai encore parfois du mal à le suivre. Je me perds un instant dans le bleu céruléen de ses yeux réfléchissant à sa question de manière beaucoup trop intense. Il lève d'ailleurs un sourcil inquisiteur vers moi alors qu'un mince sourire étire le coin de ses lèvres.

— Alors Chaton?

Grillée...

— Ça dépend, mais c'est quoi cette question?

Le grand brun se contente d'un mystérieux sourire. Au Canada depuis peu pour plusieurs dates de concert, nous en avions profité pour demander à la production d'avoir quelques jours de congé afin que Colin puisse visiter ma ville natale, Montréal.

Installés au café Névé, rue Rachel, nous profitons de la terrasse et du fait que le groupe n'est encore pas très connu pour prendre une bouchée à l'abri des regards indiscrets. Ornée d'érables et de frêles, celle-ci est située dernière le café et offre une vue sur les duplex et les triplex colorés typiques qui bordent l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal en plus de nous permettre de voir la croix au sommet du Mont portant le même nom.

— À quoi tu penses Marie? me demande-t-il en soufflant sur son café brûlant.
— Au chemin parcouru jusqu'ici, réponds-je en souriant.
— Hmm... et moi qui croyais que j'étais la seule personne à occuper tes pensées.
— Même pas en rêve, poussé-je, les joues en feu.

Colin me fait toujours de l'effet, même après tout ce temps. Impossible pour moi de me l'expliquer, mais il a encore l'art et la manière de me faire perdre mes moyens, constamment. Décidée à reprendre le peu de contrôle que je crois avoir, je me concentre très fort sur le plat que le serveur dépose devant moi. Un sandwich Singapore que je m'empresse d'entamer.

— Ça l'air pas mal Chaton, tu partages? s'enquiert le métalleux, les yeux brillants.

Je lui tends un bout de pain, mais il ne le prend pas, choisissant plutôt de se pencher vers moi. Il cueille doucement mes lèvres puis se recule en souriant.

— J'avais raison...

Surprise, je lui souris et avale ma bouchée.

— T'es conscient que t'as pas à me demander si tu veux m'embrasser Cole, lui dis-je en reprenant mon sandwich.
— Je sais, rétorque le guitariste d'une voix grave, mais toutes les excuses sont bonnes pour goûter tes lèvres.

Je lève les yeux au ciel en tentant de faire taire les papillons qui s'agitent dans mon ventre.

Une fois notre repas terminé, Colin règle l'addition et nous quittons, les doigts entrelacés, pour nous balader en ville. Ça me fait tout drôle qu'il soit chez-moi, dans ma ville pour la première fois. C'est vrai qu'avec l'horaire chargé de la tournée, nous n'avons pas vraiment eu de moments de répit depuis plus d'un an et demi. Et pourtant, malgré le fait que nous soyons toujours collés les uns sur les autres, avec Adam et Doris, nous sommes plus amoureux que jamais.

— Parle-moi de la salle où on va jouer, Chaton.
— Le Métropolis. On peut passer devant si tu veux, c'est pas hyper loin et si on est chanceux, elle sera peut-être ouverte.

Le métalleux acquiesce en souriant alors que nous empruntons la rue Saint-Denis, accompagnés par le bruit de la circulation, les clochettes de vélo et l'odeur du printemps qui s'installe doucement.

— Depuis combien de temps tu n'es pas revenue?

Je réfléchis un moment à la question en observant une petite famille jouer dans les modules du parc en face d'où nous nous trouvons.