BETWEEN TWO SCENES

Samedi 02h15

De nouveau sur la puissante moto, filant sur la grande avenue à une allure folle comme pour rafraichir les corps et les esprits de la chaleur du Venice Hight Club, Alycia prend cette fois le chemin le plus court. La gêne de l'allée a disparue, leurs corps au plus près, serrés l'un à l'autre tout le long du trajet. À l'entrée du parking, les portes automatiques s'ouvrent d'elle-même et Alycia ralentit et entre en toute sécurité pour se garer.

La belle brune éteint le moteur et retire son casque mais reste figée. Elle profite, encore un instant, du contact du corps de sa partenaire de jeu, calé dans son dos. Eliza le remarque et enlève son casque à son tour pour poser le menton sur l'épaule de la pilote. Alycia tourne légèrement la tête vers elle, agréablement surprise. Elle se demande ce qui se passe dans sa propre tête. Elle se demande ce qui se passe sous ses yeux. La magnifique miss Taylor était encore là, au beau milieu de la nuit, après une soirée à danser et ne semblait pas vouloir la quitter. Elle fait un mouvement de la tête, presque invisible et leurs lèvres ne sont plus qu'à un centimètre l'une de l'autre, leurs souffles se mêlent, Eliza se mord la lèvre inférieure et leur regard se croise enfin. 

Ce regard, rare et précieux qui existe entre elles. Ce regard qui est né en tournage au milieu des bois, entre Clarke et Lexa. Ce regard qui trahit les sentiments derrière l'indifférence et la colère. Tout ce qu'elles ont construit pour se protéger, tombe en lambeaux face à ce regard. Bleu pétillant et persuasif. Vert autoritaire et séduisant. L'instant est éphémère. L'instant ne va pas plus loin. Eliza descend de la moto suivit l'Alycia. Comme par habitude maintenant, elle prend la main de la jolie blonde et montent dans l'ascenseur, direction son appartement.

Une fois là-haut, les fenêtres ouvertes ont laissées le vent frais du large entrer mais l'air ambiant est toujours brûlant. Alycia range les équipements dans l'entrée. Eliza sans se précipiter attrape son téléphone, un tas d'appel, un tas de message, elle répond a certain mais rien d'urgent. Un sourire en coin lui fait penser qu'il y a quelqu'un en particulier à qui ça fera les pieds de pas avoir de nouvelles. Elle l'avait quitté il y a des mois mais lui ne voulait pas comprendre. Elleconstate l'heure tardive. 02 : 44. Elle repose le smartphone dans son sac et rejoint Alycia déjà assise dans le canapé. La brune rallume le ventilo puis la sono en sourdine. Loin des mix du club, elle choisit une playlist slowly sur l'écran. Les musiques s'enchainent, Selah Sue 'I truly loved ya', Muse 'Dead Inside' ou encore Colplay 'Troubles' et 'Midnight'. Alycia pose sa main sur la cuisse d'Eliza, celle-ci joue avec ses bracelets au poignet pendant quelques minutes. Alycia détaille son tatouage à au poignet. Elles se dévisagent sans le vouloir.

« Tu veux un truc à boire ? » finit par demander Alycia.

Eliza acquiesce et son hôte se lève. Elle revient quelques minutes après avec deux petites bouteilles d'eau Fidji. Elle lui en tend une et se rassoie mais de travers, posant son genou nu sur la jambe de son invité.

 « Merci. Répondit Eliza avant de boire.

_ De rien. » Murmura Alycia.

 A l'insu de sa conscience, la mémoire d Alycia lui rappel ce moment, extrêmement tendu, ou, entre deux scènes, elle avait soufflé à sa partenaire : « laisse-moi faire, laisse-moi conduire ce baiser, tout ira bien. J'ai pas grand-chose à faire, tu es extraordinaire ». Un flash back lui accélère le cœur, ce baiser, ce baiser était réel, elles n'avaient pas joué la comédie. Ce n'était pas qu'un baiser de cinéma. Elle se ressaisit vite mais l'idée de rejouer la scène l'obsède désormais. Elle avait refoulé cette émotion pensant que c'était dut à l'exaltation de travailler sur une série comme The 100 mais en réalité l'étrange sensation ne se renouvelait qu'en la présence de Taylor.

Un moment passa, silencieux mais confortable. Puis Eliza fait mine de relever sans vraiment y arriver.

 « Bon il se fait vraiment tard, je vais peut-être te laisser...

_ Hors de question Liza ! Tu as bu, il fait une chaleur épouvantable, tu es fatigué... 

_ Non je ne suis pas fatigué, je vais très bien... mais ok j'ai bu... ok il fait chaud..._ Il y a des maillot neufs dans la loge. Tu veux qu'on descende à la piscine ?

 _ Franc disait donc vrai !? 

_ Je t'ai évité la piscine du club... trop de monde, je n'aime pas ça non plus mais peut-être que maintenant ça te tente ? »

Alycia se lève, Eliza suit. Elles passent par la terrasse où donne un petit escalier de service, un fois en bas, Eliza se retrouve dans une cour au milieu des immeuble. Une piscine longue et étroite construite au milieu des aménagement de pierre surmontés de fleurs et de mini palmiers, c'est un splendide jardin, illuminé de lampions. La terrasse avec des tables basses et transats était vide, l'eau bleue est calme dans la nuit.

 « Humm sympa » murmura-t-elle.

Alycia se dirige vers une loge avec des cabines et des placards et en sors deux grande serviette éponge blanches, impeccablement pliées et un maillot de bain deux pièces, noir extrêmement classique, encore dans son sachet d'origine et les tend à sa camarade. Eliza se faufile dans la cabine pour se changer.

 Quand elle revient près de la piscine, dans son maillot, parfaitement ajusté, parfaitement à sa taille, elle tient sa serviette séré devant elle pour qu'elle lui couvre la poitrine et le bassin. Elle regarde alors Alycia. Elle est au bord de la piscine, elle s'est déjà débarrassé de ses Nike et de son débardeur blanc. Elle fait glisser son short en jean le long de ses longues jambes et le laisse à terre avec le reste. Elle hésite, elle se sent observer mais se laisse entrer dans l'eau avec délectation. Elle profite de cette vague de frais salvatrice. Eliza fait quelques pas, Alycia se retourne, la tête hors de l'eau et admire la femme blonde, qui vient de faire tomber sa serviette. Voluptueuse et magnifique en maillot de bain à moins de deux mètres elle. Celle-ci relève ses cheveux pour ne pas les mouiller. 

Cette sensation au creux des reins, revient en elle. Impossible de la chasser. C'est trop tard, elle semble beaucoup trop accro au sourire et aux yeux de sa camarade de jeux. C'est dangereux. Mais le plus fou, c'est que plus les heures passent plus cela semble réciproque. Ou bien c'est une insolation et elle a des hallucinations !

Eliza se glisse à son tour dans l'eau et savoure le moment où tout son corps se rafraichit enfin. Sauf que la proximité de la belle brune, qui se baigne avec ses sous-vêtements sport en coton CK, commence à faire monter en elle une autre sorte de chaleur. Elles font quelques brasses, profite du bien fou que procure une baignade par une nuit torride en Californie et les corps se rapprochent et se frôlent parfois. Elles rigolent, elles se taquinent jusqu'au moment où Eliza faussement vexé par un propos, attrape la brune par la taille et la colle au rebord de la piscine, arrêtant son visage à quelques centimètres du sien. Surprise, cette dernière se fixe mais sous l'eau ses mains cherchent le corps de la blonde. Le cœur au bord de l'explosion, les deux jeunes femmes cèdent à la tentation. Leurs regards vont et viennent, entre les yeux et les lèvres. Et puis tendrement, un premier contact, éphémère et électrique qui semble métamorphoser les deux femmes. Un regard doux et sérieux à la fois, légèrement empreint de panique, passe entre elles. Soudain leurs corps tout entier réagissent. Le baiser qui suit est plus entreprenant, la fougue d'Eliza commence à transparaitre la résistance d'Alycia commence, elle, à disparaitre.

 Sans plus de questions ni d'hésitation, leurs lèvres se livrent un combat rude et tendre à la fois. Bizarrement tout semble d'un seul coup naturel pour les deux femmes succombant à cette envie cachée. Le baiser ne semble jamais s'arrêter. Leurs mains cherchent à rapprocher le corps de l'autre presque nue et immergé. Le désir prend le dessus, les mains s'égarent. Un peu trop. Elles y mettent fin... s'éloignant l'une de l'autre au travers de la piscine mais leurs yeux ne se quittent pas. L'esprit chamboulé et le corps encore choqué par ce qui vient de se passer entre elles.

Eliza bafouille quelques excuses, étant l'instigatrice de ce baiser et l'autre sourie timidement pour finalement lui répondre qu'il n'y avait pas de quoi s'excuser. Alors elles profitent encore du bain salutaire en admirant la voute étoilée.