Le navire avait appareillé il y a plus d'une semaine et les équipes avaient quitté le port norvégien de Tromsø à bord de l'Arc. C'était le dernier brise-glace mis à disposition par le gouvernement russe qui avait accepté sous la pression de la Confédération et des Nations unies de prêter pour le temps qu'il faudrait le fleuron de leur flotte.
L'Arc avait été conçu afin d'ouvrir des voies de navigation dans l'océan Arctique, mais, c'était une tout autre mission que devait mener à bien cette fois-là l'équipage. Ce navire était le moyen le plus sûr d'arriver à destination à temps. Sa propulsion nucléaire le rendait capable d'opérer en autonomie totale pendant de longues périodes et sa coque renforcée lui permettait de rompre avec aisance la glace de près de quatre mètres d'épaisseur.
Depuis quelques jours, le navire faisait cap en direction du signal qui avait été identifié par plusieurs agences spatiales, dont la Confédération. Bien que de temps à autre, il perde un peu en intensité, les données étaient, habituellement, régulières et constantes. À ce stade, même s'il venait à disparaître, Oliver en avait les coordonnées et il pourrait poursuivre la mission de reconnaissance qui lui avait été confiée quelques mois auparavant.
En ce mois de février 2088, le navire croisait à une vitesse constante d'environ quatre nœuds et bravait une rude météo d'hiver arctique. Un vent fort et des chutes de neige ne cessaient de s'abattre sur lui. Ses deux cent vingt-quatre mètres de long le rendaient assez spacieux car tout à bord était fonctionnel afin d'obtenir une efficacité maximale en condition extrême.
La Confédération et les Nations unies avaient mis les moyens, car l'enjeu était de taille. Après tant de recherches infructueuses, ils tenaient peut-être enfin quelque chose de sérieux.
Oliver avait été sélectionné parmi bon nombre de spécialistes pour ses qualités d'analyse, son expérience et sa persévérance. Il était « Data scientist » diplômé en géologie de l'université de Berkeley et avait travaillé comme ingénieur en chef pour le secteur pétrolier menant des opérations d'exploration pendant plus d'une dizaine d'années.
Il avait fini par être reconnu par toute l'industrie comme l'un des meilleurs de sa génération. Avec l'expérience et son intuition, il avait découvert d'importantes réserves de pétrole et de gaz, faisant de sa compagnie l'une des plus importante du secteur.
Toutefois, le mix énergétique avait vu la part des énergies renouvelables croître et depuis de nombreuses années déjà, il n'y avait que peu d'intérêt pour les énergies fossiles.
Tout avait commencé il y a plus de soixante-dix ans lorsqu'en 2015, plus de cent cinquante pays avaient signé les accords de Paris sur le climat. La même année, les Nations unies avaient défini un ensemble d'objectifs de développement durables. Ils furent reconduits et élargis en 2030, dans le but de redéfinir les enjeux les plus importants concernant l'impact des activités humaines sur le climat ainsi que le bien-être des populations.
L'urgence climatique, la pression des régulateurs, les rapports successifs d'experts internationaux, avaient peu à peu fait évoluer les modes de vie et les mentalités.
Le monde industriel outrancier du vingtième siècle avait impacté l'environnement et il avait fallu s'adapter. Les populations avaient également découvert, malgré elles, les vertus d'une société calme lors de la première pandémie en 2020 lorsqu'un confinement sans précédent enferma près de la moitié de la planète.
Les gens avaient redécouvert la tranquillité des villes et l'air respirable. Ils avaient aimé et ils en redemandaient.
Le monde ne voulait plus et ne pouvait plus vivre et dépendre des énergies fossiles. Au cours des décennies qui suivirent, les entreprises utilisant majoritairement le pétrole rencontrèrent de sérieuses difficultés. Dés le début des années 2080, Oliver avait très vite compris qu'il ne pourrait pas, dans ces conditions, continuer et faire carrière dans cette industrie.
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Signal
General FictionAlors qu'ils s'apprêtaient à lancer une séquence de mise à jour sur un de leurs satellites, la Confédération intercepta un signal encore inconnu provenant d'un lieu isolé sur terre. Désormais, la planète comptait près de treize milliards d'habitants...