Dédicace à Silver-Night
Son corps arqué semble presque voler. Les bras écartés, les yeux fermés, elle tombe. Infiniment vite.
Mais son temps à elle s'est arrêté.
Au début, c'était douloureux. Tendue au bord de la falaise, le vent la giflait, hurlait à ses oreilles. Il tentait de la briser, comme la petite chose fragile qu'elle était. De lui montrer que rien, rien ne s'oppose à lui.
Alors elle l'a apprivoisé. Tendue sur le bout du monde, elle s'est jetée dans ses bras, confiante. Elle s'est abandonnée à son étreinte, abandonnée à sa colère, sans tenter de résister. Suspendue dans le vide, elle a joué avec ses courants, murmuré à leurs hurlements, opposé à leur force sa douceur. Alors il s'est calmé. Pour elle. Il a chanté, pour elle.
Elle a fermé les yeux pour mieux sentir sa caresse sur son visage. Elle a accepté la chute, la sensation de vertige, pour y trouver la plénitude. Elle s'est abandonnée, totalement. Sereine, confiante.
Lorsque l'eau l'a percuté, elle a à peine frémit. Son corps s'est courbé pour accompagner la courbe de l'océan, elle s'est fondu dans les profondeurs.
Elle a ouvert les yeux. Effleuré du regard les rayons de soleil qui perçaient la surface translucide, et, lentement, s'est hissé à l'air libre.
Elle a respiré à pleins poumons, levé les yeux, sa robe trempée lui collant à la peau. La falaise se dressait plusieurs mètres au dessus d'elle, baignée de soleil, jetant sur l'eau l'ombre de sa hauteur vertigineuse.
Son premier envol. Le vent a emporté son sourire alors qu'elle se promettait que ce ne serait pas le dernier.