Chapitre 1

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Après un long voyage, je me retrouve dans une grande forêt aux sapins immenses. Derrière un gros buisson je découvre une petite chaumière abandonnée. Je décide de m'y installer temporairement. Le reste de la nuit, sur internet, je cherche un lycée pas trop loin d’ici et tombe sur le lycée Jean de la Fontaine apparemment très réputé. Puis après avoir eu l’autorisation de m’y inscrire, je me suis mis à chercher un logement.
Le chant des oiseaux me fait ouvrir les yeux. Mon ordinateur est ouvert et n’a plus de batterie. Ma recherche n’avait pas été concluante et les logements que j'avais trouvé étaient soit trop chers, soit trop loin. J’ai donc décidé de rester ici encore un peu. Je ne sais pas quelle heure il est, alors je prends quelques affaires et le formulaire d’inscription que j’ai recopié et part.
Arrivée devant le lycée, j’ai un sursaut. L’administration a une architecture détaillée qui orne le contour des fenêtres. Les murs sont roses et il y a trois étages. Les autres bâtiments sont exactement du même style. Après avoir passé un quart d’heure chez le proviseur, à régler mon inscription, à répondre à tout un tas de questions et à imprimer mon emplois du temps, je me mets en quête de ma salle de cours. C’est alors que je me fais bousculer par derrière et fais volte-face. Je me retrouve nez à nez avec une fille assez mince, de ma taille avec les cheveux coupés en carré plongeant. Elle porte un débardeur noir sous un chemisier gris. Son jean est à moitié caché par des bottes de cuirs. Mon regard plonge dans ses yeux verts et sans que je m'y attende, ma vue se brouille. Je vois soudain une petite fille en pleurs. Derrière elle, se tient une femme brandissant un fouet. Puis tout (re)devient flou et je revient à la réalité. C’est la première fois que ça m’arrive. Je dois avoir été bousculée plus violemment que ne l’aurais cru.
-Oh ! Excuse moi, je suis vraiment désolée. Je ne t’es pas fait mal ? dit-elle .
- Non ne t’inquiète pas, je la rassure. J’espère que toi tu ne t’es pas fait mal ?
- Moi ? Oh, ne fait pas attention à moi, je vais bien. Si je courrais dans le couloir c’est que je suis encore en retard en cours.
- Encore ? m’étonnai-je.
- Oui, cela m’arrive assez fréquemment. Je vais sûrement me prendre une autre heure de colle. Ça sera la cinquième ce mois-ci. Dit-elle désespérée.
- Et bah dis donc ! Au fait, je m’appelle Léonore, je-reprends pour changer de sujet. Je suis nouvelle ici.
- Moi c’est Emilie. Je suis heureuse de faire ta connaissance, dit-elle en me tendant la main.
- Quelle politesse ! Je la taquine en la lui serrant. Dis moi, saurais-tu par hasard où se trouve la salle E10 ? Cela fait au moins dix minutes que je la cherche .
- Bien sûr ! C’est là que je vais justement. Viens, suis-moi ! s’exclame-t-elle en m’entrainant à sa suite.
Arrivées devant la porte de la salle, Emilie s’arrête net et après avoir hésité, frappa.
-Entrez ! crie une voix à l’intérieur. Encore en retard mademoiselle Jacobe, soupire la professeur visiblement irritée que son cours soit interrompu, lorsque nous faisons notre entrée dans la classe.
- Je suis désolée Mme Mitchel. Je …
- Elle m’a aidé à trouver ma salle et vu qu’on allait au même endroit elle m’a accompagné. Je l'interrompt.
Tous les regards se tournent vers moi et Emilie prends place à une table au premier rage.
-Ah oui ! C’est vrai ! Vous devez être la nouvelle. On m’a prévu de votre arrivée. Installez-vous là où il y a de la place. Mademoiselle ?
- Je m’appelle Léonore … Je réfléchis. Je n’ai pas de nom de famille étant donné que mon père est un Dieu. Flame. Léonore Flame.
- Flame ? s’étonne la professeur. Intéressant. Ce n’est pas un nom de famille courant. Bon et bien prenez place et je vais vous faire un résumé de tout ce qu’on a fait depuis le début de l’année.
Je m'installe au fond de la classe et le cours reprend.

Ce midi, alors que je cherche Emilie du regard, une fille se plante devant moi en me dévisageant de la tête aux pieds avec dédain.
-Toi tu dois être nouvelle. Je ne t’ai encore jamais vu, dit-elle en se passant une main dans sa queue de cheval blonde. Sache qu’ici, je suis la plus populaire donc tu n’as pas intérêt à me faire de l’ombre. Compris ?
- Mais je ne t’ai rien demandé ! Et puis, si tu as besoin d’être populaire pour exister tu es mal partie, je m’exclame sur la défensive. Maintenant, si tu permes, j’aimerais aller manger.
- Je te demande pardon ? Tu me parles sur un autre ton si tu ne veux pas avoir d’ennuis c’est clair ?
- C’est bon lâche la Avery ! intervient une voix grave.
En me retournant, je découvre un garçon gigantesque. Il porte un tee-shirt qui représente un yin-yang. Le côté blanc représente une aile d’ange et le côté noir représentait des flammes aux reflets rouge-orangés. Son jean est bleu délavé et ses baskets sont noires et blanches. Ses cheveux, d’un noir jais, n’ont pas l’air très disciplinés et ses yeux bleu-océan fixent Avery avec froideur.
-Tu prends la défense d’une inconnue maintenant ! Et dire qu’avant tu n’avais d’yeux que pour moi ! N’est-ce pas Alexandre ?
- Je ne voulais de toi qu’en tant qu’amie et rien de plus. Ça n’a jamais été plus loin. Alors n’inverse pas les rôles s’il te plait, asséne-t-il.
Choquée qu’on lui tienne tête et ne sachant pas quoi répondre, Avery me fusille du regard, puis, part suivit de deux autres filles que je n’avais pas vu.
-Tu devrais te méfier d’elle. Ce n’est pas quelqu’un de gentil et maintenant qu’elle sait que tu ne te laisse pas faire, elle ne va plus te lâcher, me prévint Alexandre.
Je n’ai même pas le temps de réagir qu’il disparaît dans la foule. « C’est quand même surprenant de se retrouver face à un garçon qui fait au moins trois têtes de plus que soi et de le perdre de vue au milieu de personnes plus petites que lui. » je pense en regardant autour de moi à sa recherche.  « Je n’ai même pas eu le temps de le remercier en plus. » Décidément, le monde humain est bien différent de l’image que je m’en faisais. Mais après tout c’est premier jour au lycée. Il faut que je m’habitue.
En me voyant m’asseoir à sa table, Emilie penche la tête sur le côté et me regarde avec une moue surprise.
-Je suis désolée, je ne t’ai pas demandé si ça te dérangeais que je mange avec toi. Si ça se trouve, les places sont déjà réservées pour tes amis ? Je m’excuse en reprenant mon plateau.
- Non tu peux rester, ça ne me dérange pas du tout, au contraire. Depuis que je suis arrivée dans ce lycée je mange seule. Personne n’a voulu de moi dans leurs bandes, dit-elle avec tristesse, les yeux dans le vague.
- Tu es nouvelle aussi ?
- Oui je suis arrivée en novembre, il y a deux mois.
- Super, dis-je en me rasseyant et en entamant ce qu’ils appellent du melon, alors tu pourras me faire visiter s’il te plaît ? J’aimerais éviter de me perdre et de me retrouver coincée dans un placard à balais au lieu d’être dans une salle de classe à étudier !
- Ok ! Pas de problème ! répond Emilie en riant. Après manger, visite guidée avec l’incroyable Emilie Jacobe.
- Je pense qu’on va bien s’amuser !  Je m’exclame sur le même ton, tout en continuant de manger ce délicieux melon.
« Bon sang, je devrais conseiller ce truc à maman, je pense, ça changerait des steaks trop cuits. » Après manger, comme prévu, Emilie me fait une visite géniale de l’établissement : du CDI au gymnase en passant par la salle de musique avec fous rires et délires. Je n’avais jamais rencontré une personne aussi folle-dingue et attachante à la fois. Bon il faut dire que je ne suis quasiment jamais sortie de chez moi. Les profs que l’on croisait nous demandaient de nous calmer, qu’il y avait des cours et que l’on devait les respecter. Alors, on se calmait, mais ça repartait rapidement en éclats de rires. Lorsque nous avons fini le tour du lycée, nous nous sommes assises dans un couloir à côté de la porte de notre prochain cours.
-Alors ? Comment s’appellent tes parents ? m’interroge soudainement Emilie.
Je me raidis. Si je lui dévoile le prénom de mes parents, elle va me prendre pour une folle.
-Euh… mes parents ? … Mes parents s’appellent… euh Perséphine et Héadéos.
Oooh ! Par tous les dieux !!! C’est idiot comme prénoms ! J’aurais au moins pu faire l’effort de prendre des prénoms qui ne ressemblent pas au leurs. Et puis je suis pas sûre que se soit crédible, je sais même pas si se sont de vrais prénoms.
-Bah dis-donc ! C’est assez spécial et peu commun.
Elle réfléchis un instant.
-Perséphine et Héadéos… ça me dis quand même quelque chose… Et ils font quoi comme métiers ?
-Leurs métiers ? Bah oui… ils ont un métiers. Euh… ils sont…
Je regardai autour de moi dans l’espoir de trouver une idée. J’aperçu un truc que j’avais déjà vu dans mes magazines. Les humains appellent ça un extincteur. Apparemment, ça sert à éteindre un feu. Pas étonnant j’en ais jamais vu chez moi.
-Ils sont pompiers, dis-je alors en me rappelant que lorsque des incendies, sur Terre, sont trop importants, des personnes appelés pompiers viennent avec des tuyaux et éteignent le feu avec de l’eau.
Si papa et maman entendaient ça, ils ne s’en remettraient pas. Il est vrai que se serait un comble que Perséphone et Hadès, souverains des Enfers, soient pompiers.
-Ils sont tous les deux pompiers ? Wouah ! Ils sont courageux. Moi mes parents font des métiers totalement différents. Ma mère est avocate et mon père est prof de yoga.
Je souris.
-Oui je sais, dit-elle en m’imitant, c’est rare que ça soit dans ce sens là. Généralement, c’est le père qui est avocat et la mère qui est prof de yoga. Mais je les aime comme ils sont.
-Je comprends tout à fait ce que tu ressens. Et ils s’appellent comment ?
-Olivier et Maria. Ma mère est espagnole et mon père est corse. Entre eux c’est pas toujours facile et ça fait beaucoup d’étincelles. Mais au fond, ils s’adorent tous les deux.
Perdue dans mes pensées, je me demande à quoi ça ressemble une vrai famille soudée. Entre mes parents ça n’as jamais été l’amour fou. Mon père a forcé ma mère à l’épouser et la laisse partir tous les étés.
-Tu as de la chance ta famille à l’air super. Moi, mon père est un acharné du boulot et je ne vois pas énormément ma mère.
-Je suis désolée, dit Emilie attristée, je ne savais pas.
-Ne t’en fait voyons ! Je souris en la bousculant gentiment. Tout va bien je m’y suis habituée. Bon maintenant il faut qu’on se lève et que l’on aille en cours, dis-je en voyant notre classe rentrer.

Lorsque la sonnerie retentit, chacun range ses affaires et sort. Ma fin de journée a été plutôt calme. Quand je suis à l’extérieur du lycée, je dis au revoir à Emilie et prends la direction de la forêt. Je m’arrête dans une boulangerie pour prendre mon dîner. Une fois arrivée dans ma cabane, je fais mes devoirs, mange mon repas et reprends ma recherche de logement. C’est alors que je découvre le site d’un petit camping de vacances. Je regarde où il est situé et cherche les tarifs. Il s’appelle « Le camping des Anges ». J’ai un rire. Il est noté trois étoiles et pour une semaine il faut payer sept-cent- vingt-neuf euro. Il est situé à la sortie de la ville, non loin de la forêt. Je décide donc d’aller y faire un tour après les cours le lendemain.

Dès que je suis au portail du lycée, le même phénomène que vécu lors de ma rencontre avec Emilie se reproduit. Lorsque je croise le regard d’un élève, je me retrouve à voir des annonces de divorces, des pleurs, de la souffrance, la mort d’un proche. Je ne comprends pas d’où cela vient et cela me donne le tournis. Heureusement cela ne se produit qu’avec quelques personnes mais ça surprend.
-Léonore, est-ce que ça va ?
Je sursaute en découvrant Emilie à côté de moi qui me regarde inquiète. Je me rend également compte que je suis appuyée sur le muret et que tout le monde me regarde, surpris.
-Euh oui… J’ai juste un peu la tête qui tourne. Ça va aller ne t’inquiète pas, lui dis-je en souriant pour la rassurer.
Les lycéens reprennent leurs conversations comme si de rien n’était, pendant que mon cœur essaye de reprendre un rythme plus calme. J’ai qu’une envie désormais, c’est de m’enfuir en courant et d’appeler mon père, pour savoir ce qui m’arrive. De toute ma vie, jamais un évènement aussi étrange ne m’était arrivé et pourtant j’en ai vu des choses peu communes ! Bien que j’ai du mal à l’admettre, le seul qui puisse m’aider pour l’instant, c’est mon père. Sur les phénomènes étranges, il en connait un sacré rayon !
Le reste de la journée, je préfère garder les yeux au maximum rivés au sol. Les autres me dévisagent je le sens, mais on ne sait jamais.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 08, 2021 ⏰

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