Fanfictions MCU - Français

Le Soldat | partie 1

L'appartement était plongé dans le noir, brouillé d'un épais silence tandis que la pluie, dehors, battait les fenêtres ouest avec une telle force qu'on aurait pu penser qu'elle voulait pleuvoir à l'intérieur. Un cliquetis retentit dans le 3 pièces et deux personnes entrèrent en trombe, trempés jusqu'aux os, le visage meurtris de plaies et d'hématomes.

« R.A.S. »

Après avoir vérifié chaque recoin de l'appartement avec précaution, la jeune femme, habillée d'une épaisse combinaison noire, referma la porte à clé, en prenant soin de boucler chaque verrou pour ne laisser aucune chance à de potentiels ennemis.

Elle fit glisser une vieille commode devant la porte et baissa les stores des fenêtres pour être sûre de ne pas être remarqué, puis elle alluma seulement une petite lampe de chevet, près d'un fauteuil dont les ressorts de l'assise ressortaient. Jetant enfin un coup d'œil à la pièce faiblement éclairée, elle se rendit compte du désordre qui régnait, plus chaotique qu'elle ne l'avait pensé.

« On a vécu pire. »

« On a vécu mieux. »

Il n'avait pas tort. Ils avaient vécu pire. Cette journée entière pouvait même être considérée comme pire que de passer la nuit dans un appartement en ruines sentant la moisissure.

« Au moins personne ne devrait nous trouver ici. »

« C'est ce que tu penses. »

« Qui irait chercher des agents du SHIELD dans une vieille planque d'HYDRA ? » plaisanta la jeune femme en jetant un coup d'œil sur la rue, entre les lattes des stores.

L'homme s'était assis sur l'accoudoir d'un très vieux canapé, si vieux qu'il n'y avait, à la place de l'assise et du dossier, plus de tissu. Rien que de la mousse qui avait verdit avec le temps et l'humidité. Il posa ses affaires sur le sol, se déchargeant des armes qu'il portait à sa ceinture. La jeune femme préféra les garder à portée de main, sur elle.

Cette journée n'avait fait qu'empirer au fil des heures, et voilà qu'ils se retrouvaient tous les deux, séparés du reste de l'équipe car Monsieur n'avait pas été capable de réfréner ses pulsions vengeresses. Mais elle le comprenait, plus que quiconque, et elle avait réagi de la même manière lorsqu'elle avait été à sa place.

« La prochaine fois, rappelle-moi de ne pas te venir en aide. »

« Je gérais parfaitement la situation. »

« C'est ce qu'ils disent tous, jusqu'au moment où ils se font exploser la gueule. Tu pourrais au moins me remercier, Monsieur Grincheux. »

L'homme grogna et la jeune femme rit doucement pour se moquer. Elle entendit un froissement de tissu et, en se retournant, vit que l'homme avait enlevé sa veste en cuir sombre. Elle appuya son dos contre le côté d'une bibliothèque vide et l'observa attentivement. Dans le mince filet de lumière qui émanait d'une ampoule presque cuite, des reflets métalliques vinrent titiller les vieux murs gris moisis. Un bras de métal gris, chromé, brillant comme une épée qui vient d'être forgée, aussi résistant que le bouclier de Steve et pourtant, il avait réussi à se faire une belle entaille qui altérait ses mouvements. L'homme se démenait à remettre quelques plaques en place mais, à une seule main, tout devient plus complexe. La jeune femme ne put s'empêcher d'avoir un pincement au cœur à chaque fois qu'elle découvrait ce bras métallique, symbole d'une mort déjouée contre son gré, d'une vie volée, d'un esprit persécuté. Il était là, bien vivant, fait de chair, d'os et de métal, s'occupant de son bras comme s'il avait toujours été là depuis la naissance, comme s'il avait toujours fait partie intégrante de son être. La jeune femme prit une grande inspiration et chassa toutes ces pensées inutiles. Nul besoin de bouleverser le passé quand il est déjà présent.