Lovely

Les mains fermement agrippées à son téléphone portable, Greg ne pouvait s'empêcher de trembler. Son cœur battait si fort dans sa poitrine que sa respiration en était difficile. Il ne réalisait pas encore qu'il avait dénoncé sa mère. Lui, qui depuis tant d'années, s'efforçait de cacher sa violence à son égard. Il n'osait lever les yeux de peur de rencontrer son regard. Il se dégoûtait ! Il avait fini par parler pour protéger son père mais il s'en voulait.

Benoît Delobel était un grand chef, un maître dans son domaine. Il s'était fait un nom dans la cuisine gastronomique en adaptant des spécialités du monde aux fondamentaux de la cuisine française. Une sorte d'Indiana Jones de la gastronomie ! Delphine Delobel était sa chargée de communication et c'était elle qui élevait seule leur fils unique durant les semaines où il partait en quête d'une nouvelle idée à ajouter à sa carte. Delphine souffrait de bouffées de colère. Elle entrait dans des rages folles lorsque son fils l'énervait et à ces moments-là, elle ne se contrôlait plus. Alors, elle le frappait avec tout ce qui lui tombait sous la main, telle une ceinture en cuire.

Greg l'avait toujours cachée par amour mais aussi parce qu'il n'avait connu que la violence et s'était construit ainsi en se convainquant que ce qu'il subissait était normal et qu'il l'avait provoqué. Tout au fond de lui, Greg était conscient qu'il se mentait mais il n'avait jamais eu la force, ni le courage de l'affronter. Le jeune homme se sentait perdu. Aujourd'hui, il ne savait plus qui, il était, ni même ce qu'il voulait ? Mais en vérité l'avait-il su un jour ? Une larme perla sur la joue du jeune homme, sa respiration était saccadée et son cœur continuait de marteler sa poitrine. Il tendit son portable au Gendarme à sa gauche puis tourna les talons sans un regard vers ses parents. Il dévala l'escalier de pierre et sortit dans les jardins de l'institut. Un vent frais caressera son visage mais cela ne suffit pas à le calmer. Il posa ses mains sur ses genoux tentant de reprendre sa respiration, tel un coureur l'aurait fait mais rien ne semblait l'apaiser.

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Eliott, appuyé contre le mur du bâtiment où se trouvait le bureau de la Cheffe Guinot, patientait les bras croisés sur sa poitrine. Il attendait que Greg en ressorte. Il savait quelle épreuve il vivait et il voulait être là pour lui. Eliott n'avait pu se résoudre jusque-là à l'abandonner, ce n'était pas maintenant qu'il allait commencer. Greg sortit du bâtiment en le frôlant, s'en se rendre-compte, un seul instant de sa présence. Eliott attendit patiemment. Il le laissa reprendre ses esprits avant de s'avancer dans sa direction. Les jambes de Greg se mirent à trembler. Eliott sentit qu'il n'allait pas tarder à s'effondrer et qu'il devait agir au plus vite. Il enlaça le jeune homme et le serra fort contre sa poitrine. Aussitôt, Greg se détendit à son contact, ce qui fit sourire Eliott. Il aimait lui faire ce genre d'effet, comme s'il était le seul à pouvoir l'apaiser. Greg se retourna subitement et se blottit contre lui, enfouissant son visage dans son coup. Il entoura Eliott de ses bras et le serra encore plus fort contre lui. Aucun mot n'aurait pu soulager sa souffrance, alors Eliott resta muet, il se contenta simplement de le bercer contre lui, l'embrassant tendrement dans le coup et de passer la main dans ses cheveux. Petit à petit, Greg se détendit. Ses larmes se tarirent et il s'écarta du jeune homme. Il plongea son regard dans celui d'Eliott qui lui sourit. Greg était finalement près, près à s'assumer, près à assumer ses sentiments. Il avança ses lèvres vers la bouche d'Eliott qui le laissa prendre enfin les devants. Leurs lèvres s'effleurèrent avec douceur, telle une caresse délicate. Ils s'écartèrent l'un de l'autre. Une pointe de déception envahit Eliott, finalement non, Greg n'était pas près. Il lui sourit et caressa son visage avec douceur. Il devrait encore être patient.

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La déception, c'est ce que Greg lut dans les yeux d'Eliott quand il s'était éloigné du jeune homme. S'il y avait bien quelqu'un qu'il ne voulait pas décevoir c'était bien Eliott ! Lui qui avait toujours été présent dans les bons comme dans les mauvais moments, lui qui était revenu même lorsqu'il se comportait comme le dernier des connards ! Sa main caressa sa joue. Greg ferma les yeux à son contact. Eliott déposa un baisé sur son front pour le rassurer, c'était sa manière de lui dire qu'il serait patient mais un nouveau sentiment monta des entrailles de Greg. Il ouvrit les yeux sur Eliott qui lui souriait avec douceur. Comment ne l'avait-il pas remarqué avant ? Il l'aimait ! Il aimait cet homme et il n'en avait finalement rien à faire de ce que les autres penseraient en les voyant ! Il prit le visage d'Eliott en coupe et fondit sur ses lèvres. Il ne voulait plus attendre, il ne voulait plus se cacher ! Trop longtemps, il avait nié l'évidence. Aujourd'hui, il pouvait être lui et il ne pouvait l'être complètement qu'avec Eliott à ses côtés. Il était son roc, son partenaire ! Pour lui, il voulait être la meilleur version de lui-même. Sa langue écarta brutalement les lèvres d'Eliott et vint caresser celle du jeune homme. Eliott y répondit avec la même ferveur, enroulant ses bras autour de son coup et collant encore d'avantage son corps contre le sien. Une main de Greg se détacha du visage d'Eliott pour aller enrouler sa taille et caresser le bas de son dos. Leurs corps, tout entier, vibraient. Ils s'étaient déjà embrassés mais c'était des baisés volés, cachés à l'abris des regards et des jugements. Cette fois était différente, ils s'embrassaient à la vue de tous, sans se soucier des commérages. Manquant d'air, leurs lèvres se quittèrent gonflées et rouges de leur baisé passionné. Front contre front, ils se souriaient heureux.