Dumbledore

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- Eh bien, que faîtes-vous là ? répéta le vieil homme, sans ciller.

Leena resta resta figée sur place, incapable d'émettre le moindre son. Elle formula quelques sons inintelligibles avant de pouvoir articuler des mots compréhensibles :

- E-euh... bafouilla-t-elle. Rien, rien du tout...

Elle marqua alors une pause avant de reprendre, intriguée :

- Vous me connaissez ?

- Jusqu'à preuve du contraire, dit le magicien, je suis le directeur de cette école. En conséquence, il est bien normal que je sache qui en franchit les portes, vous ne croyez pas ?

Leena ne répondit pas et se contenta de fixer le vieillard de ses yeux écarquillés.

- Ce qui me paraît moins normal en revanche, c'est que je ne sois tenu au courant que maintenant de votre aptitude à parler Fourchelang.

Leena se souvint alors de ce qu'elle avait dit à Hagrid le plus naturellement du monde dans la matinée, sans se douter que le garde-chasse irait directement en parler à Dumbledore en personne.

- Mais je pense qu'il serait préférable que nous poursuivions cette discussion dans mon bureau, ajouta-t-il doucement après avoir jeté un rapide coup d'œil par-dessus l'épaule de Leena, en direction de Harry et du professeur Lupin.

Ces derniers poursuivaient d'ailleurs leur dialogue sans avoir remarqué le moins du monde la présence de Leena ou du professeur Dumbledore au loin. Le duo se mit alors en marche en direction du bureau en question. Le bureau de Dumbledore se situait dans une tour dont l'entrée se dissimulait derrière une statue de gargouille, au deuxième étage du château. Une fois arrivés devant la gargouille, Dumbledore s'exprima d'une voix forte qui fit sursauter Leena :

- NIDS DE CAFARD !

La gargouille s'écarta alors, et le mur qui se situait derrière se sépara en deux, révélant des escaliers de pierre en colimaçon qui montaient comme un escalator. Leena se souvint que, dans les livres, le mot de passe avait toujours été le nom d'une sucrerie. Et bien que cela l'ait toujours amusée, elle n'était pour le moment pas d'humeur à plaisanter et baignait dans un mélange de frayeur et d'émerveillement. Après tout, cette situation avait tout pour être kafkaïenne ; elle se trouvait à quelques centimètres d'Albus Perceval Wilfric Brian Dumbledore, elle avait des pouvoirs magiques, et était visiblement une élève à Poudlard. Elle voyait ces escaliers qui bougeaient tout seuls, repensa aux personnages qu'elle avait croisés, ainsi qu'à tout le reste et se résigna finalement à penser que tout cela n'était qu'une délicieuse hallucination.

Une fois passés les portes, Dumbledore et elle se trouvèrent sur les escaliers de pierre en colimaçon qui montaient lentement, tandis que l'entrée à la gargouille se fermait derrière eux. Les escaliers débouchèrent sur une porte de chêne soigneusement polie avec un marteau d'airain en forme de griffon. La porte s'ouvrit sur une large pièce circulaire comportant plusieurs fenêtres, dont l'une faisait face à l'est avec une vue sur une partie des montagnes entourant le château. Les fenêtres offraient aussi une vue sur le terrain de Quidditch. Le bureau contenait plusieurs tables à pieds fins supportant divers curieux instruments d'argent qui semblaient bourdonner et émettre de petites volutes de fumée. Les murs du bureau étaient, quant à eux, recouverts des portraits des directeurs et directrices précédents, tandis que le mur situé immédiatement derrière le bureau du directeur comportait une étagère sur laquelle était rangé le Choixpeau magique. L'épée de Gryffondor était conservée dans une vitrine à côté. Un autre mur du bureau offrait quant à lui une cheminée qui pouvait être connectée au Réseau de la Poudre de Cheminette si nécessaire. Le bureau du directeur était un énorme meuble aux pieds en forme de serres qui semblait aller de pair avec la salle. La surface était totalement polie, bien que couverte d'une couche impressionnante de paperasse. Le magicien invita Leena à s'asseoir. Derrière la porte, elle avait pu apercevoir le célèbre phénix d'Albus Dumbledore, Fumseck. Il avait la taille d'un cygne, de couleur rouge et se tenait sur un perchoir doré. Une fois assise devant le directeur, elle put contempler plus en détail les alentours de la pièce et son regard s'attarda un instant sur la fenêtre qui donnait sur le terrain de Quidditch. Elle ne savait pas combien de temps il lui restait à pouvoir profiter de ce monde, mais maintenant qu'elle y était, elle souhaitait plus que tout voler sur un balai.

- Mon bureau vous plaît à ce que je vois, dit le magicien.

- Oui, c'est vraiment... magique.

Dumbledore se mit à la scruter par-dessus ses lunettes en demi-lune avant de reprendre de sa voix calme :

- Maintenant, mademoiselle Gray, parlez-moi un peu de ce que vous avez dit à notre pauvre Hagrid.

- Oh, ça... commença Leena, confuse. A vrai dire, je ne sais pas ce qui m'a pris. Je ne pensais pas que cela l'effraierait autant.

- Qu'il ait eu peur, cela n'est pas le problème. C'est pour le moins compréhensible.

- A cause de Vol... enfin, je veux dire, à cause de Vous-Savez-Qui ?

- Entre autres choses, dit le magicien. S'il s'agit là d'une plaisanterie, il va sans dire qu'elle est de très mauvais goût. Mais j'aimerais surtout savoir pourquoi vous ne l'avez jamais mentionné auparavant ? 

Leena marqua une pause et se mit à réfléchir à une excuse tout en triturant ses doigts avec anxiété. Elle s'entendit alors murmurer "Je viens juste d'arriver...". 

- Oui ? répondit Dumbledore, qui n'entendit pas clairement sa réponse.

- J'avais peur d'en parler, dit-elle finalement. Après tout, Vous-Savez-Qui parle Fourchelang.

- Mademoiselle Gray, reprit le magicien, je comprends votre crainte, mais à l'avenir il serait plus judicieux que vous me fassiez part de ce genre de choses. Il en va de votre sécurité et de celle de vos camarades.

Le magicien marqua alors une pause avant de se lever de son fauteuil pour aller s'asseoir sur le rebord de son bureau, plus près d'elle :

- Je ferai en sorte que ce sujet ne s'ébruite pas, cela va de soi.

Leena se sentit soulagée de voir que Dumbledore ne se doutait de rien d'autre à son sujet et avait maintenant seulement envie de sortir de son bureau pour se remettre les idées en place. Elle réalisa dans le même temps qu'il lui serait préférable de ne plus aller inventer des bêtises pareilles tant qu'elle était dans ce monde.

- Très bien, je ne vous retiens pas plus, dit le magicien.

Soulagée, Leena s'apprêta à repartir lorsqu'elle fut interpellée à nouveau :

- Mais dîtes-moi, pourquoi n'êtes-vous pas à Pré-au-Lard à l'heure qu'il est ?

- Mon autorisation de sortie n'est pas signée, monsieur, répondit Leena.

- Quel dommage ! Vous et M. Potter n'avez pas eu de chance, j'imagine.

Non, en effet, songea Leena avec une pointe d'amusement.

- Bien, vous pouvez y aller, reprit le magicien.

Sur ces mots, Leena sortit enfin du bureau.

Une Potterhead à Poudlard [PARTIE 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant