CHAPITRE 5

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- Asseyez-vous, Monsieur Moreau, dit Sophie en désignant le canapé en face de la chaise derrière laquelle elle se tient. 

Je dirais qu'il est âgé d'une cinquantaine d'année et cherche à impressionner par sa tenue : costume, cheveux courts et soignés, lunettes sans montures et chaussure onéreuses qui brillent comme un sous neuf. 

L'homme déboutonne sa veste, s'installe confortablement sur le canapé, les jambes croisées et une main sur le genou. Il dégage une certaine suffisance, il doit se prendre pour le roi du monde. 

- Que me vaut ce plaisir, ma chère* Sophie ?

En entendant cette marque d'affection, je fais la grimace. Sophie ne nous a jamais dit qu'elle étais proche du responsable des ressources humaines et elle ne semblait pas attristée par ce que nous avons découvert. Elle était surtout en colère, furieuse même. Elle plisse les yeux et pose les mains sur le dossier de la chaise. Elle reste debout, en position de force, tandis que lui est assis. Bien joué.

En attendant l'arrivé de Moreau, Royce et moi l'avons conseillé sur la gestion d'une situation impliquant un cadre supérieur. Nous lui avons exposé les différentes possibilités qui s'offrent à elle, passant en revue les réactions possibles, ses choix et leur impact sur le groupe. Nous avons également vérifié la politique de l'entreprise et débattu des meilleurs façon de traiter quelqu'un d'aussi ordurier que Moreau. Jusqu'a ce quelle nous annonce, le dos droit et menton relevé, qu'elle se sentait prête. 

Du canapé ou je suis assis, de l'autre côté de la pièce je me rend compte qu'elle est vraiment. 

- Je ne suis pas votre chérie* Sophie. Je suis Madame Rolland et rien d'autre. 

L'homme, irrité, se redresse. 

- Si je suis allé trop loin, je vous pris d'accepter mes excuses. 

- Effectivement, vous êtes allé trop loin. 

Son ton est neutre. Je voudrai la soutenir, mais je reste silencieux.

- Veuillez m'excuser, dit-il, la mâchoire serrée, comme si prononcer ces mots lui faisait mal.

Elle hoche brusquement la tête. 

- Je vous ai fait venir aujourd'hui, parce que j'ai constaté qu'un des employée a fait l'objet non pas d'une mais sept plaintes différentes pour harcèlement sexuel. 

Il fronce les sourcils. 

- Impossible, il aurait été licencié au bout de trois avertissement. 

Sophie fait la moue et se dirige vers son bureau pour récupérer le dossier Girard qu'elle tend à Moreau. 

Les lèvres de ce dernier tremblent, comme pour signifier que le fait d'être contredit l'agace. 

- C'est le fils de l'investisseur le plus respecté. Je pensais que votre père, et maintenant vous préfériez protéger Monsieur Girard, du fait de sa position dans l'entreprise.

Sophie se met à rire en penchant la tête en arrière. 

Le visage de Moreau prend une teinte rouge betterave et sa bouche se tord de façon disgracieuse.

- Cela vous fait rire ?

Sophie baise la tête. C'est une femme pleine de fougue et soucieuse de justice qui se dresse désormais devant nous. 

- Sept plaintes. Sept.

- Il a été dénoncé à chaque fois par des femmes différentes et j'ai pris la liberté d'accorder de l'importance à ce point. Aucune n'a renouveler sa plainte, hormis Mademoiselle Benoit. Evidemment, Monsieur Girard n'a pas les yeux dans sa poche et il a un penchant pour la grossièreté. Est-il pour autant passible d'une punition ? demande-t-il d'un ton amusé. 

INTERNATIONAL GUY   #1 PARISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant