-1-

1.9K 83 146
                                    

Entre les quatre murs de ma chambre, mon fichu réveil, posé sur la table de chevet, s'active violemment depuis mon iPhone.

Le genre de sonnerie qui sonne en continu. Tellement fort et aiguë, à vous tuer les tympans. Là, au moins, c'est radical.

Je peine lourdement à ouvrir les yeux et appui sur l'écran de mon téléphone portable pour arrêter le mode répétition.

Si seulement je pouvais rester dans mon lit encore un peu ! Mais une journée studieuse m'attend. Je ne me suis même pas présenté ! Je suis Stella Scar, j'ai dix-huit ans, et je suis scolarisé au Lycée Saint-Venant à Paris. Je suis en terminale, et c'est le dernier trimestre.

Le rideau occultant de la fenêtre me fait penser qu'il fait encore nuit. Je me motive royalement en étirant mes bras vers le ciel, et je bascule vers l'avant.

J'enfile mes pieds nus en guise de pantoufle.

Je passe devant mon bureau et m'arrête un instant devant les photos accrochées sur le mur, par des fils et des épingles. Il y a les personnes chères à mon cœur.

Maman, Papa et mon meilleur ami.

La liste est si courte, mais c'est tout ce qu'il me faut pour me faire sourire.

Je prends un gant de toilette et l'humidifie afin de me réveiller les yeux, qui sont faiblement entrouverts.

Je grimace devant le miroir, exaspérée. Ma longue tignasse ne veut pas coopérer.
J'aime beaucoup mes longs cheveux bruns naturellement ondulés au pourtour doré, mais, faire un chignon pour dormir n'est pas une bonne idée ! Plus jamais ça... Plus jamais, répété-je en boucle.

Je me dirige vers mon dressing, camouflé par un double-rideau et m'habille de mon jean préféré et d'un t-shirt basic tout blanc. Brusquement, j'entends mon père me demander. Je le rejoins immédiatement dans le salon.

— Mon étoile ! Viens voir ! Dit-il amusé.

— Qu'est-ce qui te fait autant sourire ?

— Tu étais trop mignonne à cet âge, regardes.

Mon étoile... Ça fait un peu too much, non ?

Mais il m'a toujours surnommé comme ça. Traduction de Stella = étoile.

Un jour, quand j'avais sept ans, il m'a expliqué que j'étais sa petite étoile, le jour où il a perdu maman. Tout s'est anéanti en lui ce jour-là, il était brisé.

J'étais tout ce qu'il lui restait. Le plus merveilleux des cadeaux.

Je devais m'appeler Tessa, mais il a aussitôt modifié mon prénom en la mémoire de maman, notre étoile.

C'est bien pour lui faire plaisir, je jette un œil furtif en fronçant les sourcils.

Il montre une photo de moi enfant, je dois avoir cinq ans, j'avoue plutôt belle la fillette. Petite robe en dentelle à la pointe de la mode.

— On dirait une fille adoptée, dis-je ironiquement.

— Oh, regarde celle-là ! C'est la meilleure de toute, glousse t'il en rigolant franchement.

Il pointe son doigt sur une photo de moi à huit ans, en train de faire une grosse bulle de chewing-gum, qui est prête à éclater.

Mon père a toujours adoré me prendre en photo. Toute occasion était la bonne. Une photo de plus dans sa collection privée. J'étais devenue sa muse, littéralement.

Il m'embrasse sur le front, et referme l'album. J'ai un sourire aux lèvres en voyant la première page. C'est un portrait de moi petite, imprimée en noir et blanc, avec l'inscription « mon étoile » en guise de titre, écrit en italique et en gras.

StellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant