Atelephobia

LIE

"Il n'a jamais été comme tous les enfants de son âge et il ne le sera jamais"

Jimin a toujours su qu'il était différent des autres. Au début, les maîtresses n'ont pas vraiment fait attention à ce petit garçon joufflu, un peu en retrait, toujours assis sur le petit banc en bois de la cour de l'école. Surement la timidité au contact d'un nouvel environnement. Mais après plusieurs mois, elles n'ont vu aucune amélioration. Il était toujours seul sur son banc, quelques camarades ont pourtant fait un pas vers lui mais sans succès. Inquiètes, elles ont fait part de la situation aux parents de Jimin qui avec des regards inquiets ont eu la confirmation de leurs craintes.

Ce fut la mère de Jimin qui remarqua le comportement étrange de Jimin. A la sortie de l'école, il était toujours en retrait, ne disait pas un mot sur le chemin du retour. Elle avait l'impression qu'il était absent, qu'il était dans son monde mais une fois à l'intérieur de leur maison il redevenait un petit garçon joyeux, rigolant devant les farces de son papa et de sa maman. Mais dès que l'école était mentionnée, son visage n'avait plus d'émotion, la carapace était revenue. Alertée par ce comportement, elle en avait fait part à son époux, qui par la suite avait été attentif aux réactions de son fils et avait vu la même chose.

Après la révélation des maîtresses, ils ont pris rendez-vous avec un pédopsychiatre pour essayer de comprendre le comportement de Jimin. Mais celui-ci n'a pas réussi à poser un diagnostic complet sur le petit garçon, expliquant simplement aux parents que cela n'allait pas durer. C'était simplement un problème de concentration, rien de plus. En raccompagnant les parents, il leur avait conseillé d'être ferme avec le petit garçon lorsque les premières leçons de l'école feront leurs apparitions.

L'apprentissage de l'écriture et de la lecture pour Jimin fut un vrai calvaire, étant toujours dans sa bulle à l'école, détaché de tout, cela l'empêche de suivre correctement le savoir que ses maîtresses essayent de lui transmettre. Pourtant elles sont calme avec lui, le garde sur les temps de récréation pour qu'il fasse plus attention mais rien n'y fait. Il n'y arrive pas. Le soir, il passe aussi des heures devant son petit cahier d'écriture avec son papa, mais là aussi rien ne marche. Alors son papa s'énerve, cris et Jimin pleure en traçant les lettres maladroitement sur sa feuille lignée ou ce mélange l'encre et ses larmes. Cette situation durera jusqu'au CE2, les parents de Jimin ayant tout essayé: un professeur particulier, des cours dans un institut privée le soir, une aide pendant les cours. Le constat était toujours le même, il n'y avait rien à faire. Les larmes étaient toujours présentes sur le visage de Jimin.

Au collège, Jimin était toujours sans amis mais il avait trouvé refuge dans les livres. Il lisait partout, le matin avant de partir, dans son bus scolaire, lors des pauses et même à la cantine dans un coin. Lire pour lui était un échappatoire, il voulait oublier le regard triste de sa maman et celui déçu de son père sur lui. Il savait qu'il n'était pas l'enfant intelligent, plein de vie qu'ils voulaient qu'il soit mais il n'y pouvait rien il était comme cela. Il s'était fait la promesse de ne rien laisser paraître devant les autres. Pourtant sa carapace avait des failles.

Assis devant sa glace, le jeune homme s'observe de part et d'autre. Ses beaux yeux cachés par les lunettes qu'il porte sont remplis de larmes. Son coeur lui faisait terriblement mal. Il avait pourtant l'habitude de toutes les remarques, et avec le temps il avait construit une carapace. Mais ce soir elle n'était plus là. Il était seul face à sa douleur. Il n'en pouvait plus. Il ravala un sanglot tout en ramenant ses jambes contre sa poitrine. Il passa la manche de son pull contre ses yeux, effaçant les traces de sa douleur. Pourtant en regardant de nouveau son reflet de nouvelle larmes firent leur apparition. Soudain un bruit se fit de l'autre côté de la porte, puis celle-ci s'ouvrit doucement. Sa mère le regarda alors sans émotion quelques instants puis annonça que le repas était prêt. Avec un mouvement de menton il lui fit comprendre qu'il allait descendre alors elle le laissa.

Le repas se fit dans le bruit des couverts et de la discussion entre les parents du jeune homme. Au moment du dessert, il prétexta un mal de tête et s'éclipsa car il savait que personne n'allait le retenir à quoi bon. Il s'échoua sur son lit avec un livre entre les mains. Il glissa ses doigts sur la couverture toute abîmée, ses camarades avaient encore une fois réussi leurs coups. Il lâcha un soupir qu'il regretta rapidement au vu de la douleur. Il remonta son t-shirt et constata un hématome violacé de la taille d'une balle de ping-pong. Min Yoongi ne l'avait pas loupé cette fois encore, à cette pensée une petite larme glissa du coin de son œil. Cette situation avait commencé à sa rentrée de Seconde, il avait été pris pour cible par une petite bande de voyous avec à sa tête un certain Min Yoongi. Au début il n'avait pas fait attention aux murmures et aux remarques mais ce fut lorsqu'il reçut le premier coup que sa vie prit une autre tournure.

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- "Le bigleux vient ici!".

Son livre fortement contre sa poitrine, il continua son chemin. Mais une main ferme sur son épaule le retourna brusquement. Il croisa le regard d'acier de son bourreau.

- "Oi ! Tu es sourd en plus d'être bigleux! Tu écoutes quand je te parle gamin. "

Min Yoongi enfonça alors ses doigts dans l'épaule du pauvre garçon qui gémit de douleurs.

- "Laisse moi tranquille s'il te plait.." La voix de Jimin se fit entendre doucement entre deux plaintes de douleurs.

- "Ce n'est pas dans mes plans car j'ai besoin de toi gamin"

Le plus vieux guida Jimin sans aucune délicatesse vers une salle de classe vide et ferma la porte à clef derrière lui. Une fois tous les deux, Yoongi s'approcha rapidement de Jimine et prit son visage entre ses doigts. Il lui caressa doucement la pommette et déposa un baiser sur le bout de son nez.

- "Je suis désolé Jimin, tiens encore un peu et après tout cela est fini."

- "Combien de temps encore.. je n'en peux plus. Cela fait si mal ce que tu m'as fait hier". Le plus petit glissa son nez dans le cou de son aîné et ferma les yeux.

- "Je sais et je me déteste de te faire subir cela mais bientôt tout va prendre fin. Je te le promet mon amour".

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