Le poids des secrets

OS

Lorsque Chat Noir avait appris, par un pur hasard et une inattention de la part de Nathalie, que son père était Papillon, il était passé par un grand nombre de sentiments. D'abord, la surprise l'avait envahi, l'empêchant de bouger pendant quelques longues secondes. Ensuite était venu un violent sentiment de trahison et de tristesse. Lui qui se sentait plus seul que jamais avait fait face à cette nouvelle avec beaucoup de difficulté. Savoir que son seul parent encore en vie était en fait l'ennemi qu'il tentait de combattre depuis deux ans n'était pas chose facile à avaler. Puis, la détresse avait disparu pour laisser place à une colère sourde. Il avait senti un bourdonnement fourmilier dans sa tête et son corps s'était mis à trembler sous la tension. Heureusement, il était enfermé dans sa chambre à ce moment-là et personne ne venait le déranger durant le peu de temps libre qu'il avait. Ainsi, il pu à loisir balancer à travers la pièce tous les objets à portée de main, du simple oreiller qui ornait son lit, à sa console de jeu qui était venue s'encastrer dans un mur avec fracas. Si quelqu'un dans la maison l'avait entendu, personne ne vint à sa rencontre pour s'enquérir de son état. Il n'en fut pas le moins du monde étonné.

Il s'était ensuite échappé par une fenêtre sous la forme de son alter-égo afin d'aller déverser sa colère en courant à en perdre haleine sur les toits de la Ville Lumière. Il était tard et il y avait peu de risque qu'un passant ne le surprenne dans sa crise de nerfs. Il s'était défoulé un long moment, jusqu'à ne plus avoir de souffle et sentir son corps faiblir et ses jambes avoir du mal à le porter. Il s'était alors laissé tomber sur le toit le plus proche, le souffle court et la respiration haletante. Des larmes auxquelles il n'avait pas porté attention jusqu'à maintenant coulaient en abondance sur ses joues et il sentait de désagréables haut-le-cœur le tordre de douleur. Il sentit alors le peu de force qui lui restait l'abandonner et il perdit connaissance, glissant le long du toit pour venir s'écraser sur un balcon dans un grand bruit sourd. Une lumière s'éclaira à ce son et une jeune fille s'empressa de sortir par la trappe qui menait au balcon pour voir ce qui faisait tant de bruit. Elle retint un cri de frayeur en voyant la forme recroquevillée sur son balcon, secouée de sanglots alors même qu'elle semblait inerte. Elle approcha à pas de loup et s'accroupit avec douceur près du jeune héros.

-  Chat Noir ? murmura-t-elle en le secouant doucement.

Il ne bougea pas malgré le fait qu'elle réitère son geste avec un peu plus de force. Elle poussa alors un soupir tremblotant. Voir son partenaire dans un tel état l'inquiétait énormément, lui qui était toujours si fier et chahutant –sans mauvais jeu de mot- qu'avait-il pu arriver pour qu'il soit dans un tel état ? Elle lui caressa la joue avec tendresse avant d'écarter une mèche de cheveux qui lui cachait les yeux. C'est alors qu'elle vit ses larmes et elle sentit son cœur se serrer.

-  Oh, Chaton...

Le héros ne cessait de geindre et de trembler, alors, pour qu'il n'attrape pas froid en cette nuit de novembre, la jeune fille alla chercher une couverture qu'elle déposa sur son corps. Elle souleva ensuite tout doucement sa tête pour la déposer sur ses genoux, tout en continuant de lui caresser les cheveux, le regard rempli d'inquiétude. Au bout de plusieurs minutes qui parurent durer une éternité, Chat Noir commença à reprendre connaissance et papillonna des yeux. Il mit quelques secondes à comprendre où il se trouvait et chercha un point d'ancrage du regard. Il finit par tomber sur le visage inquiet de sa camarade de classe au-dessus de lui.

- Ma... Marinette ? murmura-t-il d'une voix rendue rauque par les pleurs.

- Je suis là, Chat, tout va bien...

Elle tenta de le rassurer en voyant qu'il commençait à paniquer, les yeux grands ouverts, semblant se souvenir de ce qui l'avait mené sur ce toit. Il se redressa brusquement, avec maladresse, et trébucha en voulant se remettre debout. Marinette s'empressa de se lever à son tour pour l'aider. Elle retint sa main plusieurs secondes tout en le dévisageant. Il ne put soutenir son regard et s'écarta d'elle, les yeux rivés au loin alors qu'il se remettait à trembler, d'émotion cette fois-ci. La jeune fille se positionna à ses côtés, nerveuse. Pourtant, elle ne dit rien, elle voyait bien qu'il ne souhaitait pas parler et avait besoin de se remettre de ses émotions. Elle finit par décider de lui laisser de l'espace et de l'intimité en rentrant s'installer dans sa chambre mais, voyant son geste du coin de l'œil, Chat Noir s'empressa de la retenir d'une main tremblante.