Prologue

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À la veille d'halloween, chacun était aux préparatifs : allant des costumes improvisés au réapprovisionnement en bonbon bientôt disparus.  Gein Mun Lahvu ne dérogeait pas à la règle et était peut-être même le plus excité à l'approche de la fête des monstres.  Sa vie avait été un enfer : son nom peu commun lui avait valu d'être la risée des autres enfants.  Mais voilà que l'anonymat que lui procure son costume lui permettait de profiter des événements tout en se protégeant des moqueries incessantes.  C'était son père qui l'avait nommé ainsi, fan de jeux de rôles, il l'avait pioché dans une langue fictive et cela signifiait "Armée d'un seul homme".  Son vœu d'un grand avenir pour son enfant n'avait eu que l'effet inverse, il était rejeté de partout.

Mais l'heure n'était pas aux mauvais souvenirs, l'adolescent s'appliquait à la sculpture de ses Jack-O'-Lantern quand quelque chose vint heurter sa fenêtre.  Il ne fut qu'à moitié surpris de découvrir son seul ami entrain d'armer le prochain projectile. "Arrêtes ça, tu veux? Il y a une sonnette à l'entrée !
— Rabat-joie, répondit son ami. C'est plus drôle comme ça.
— Si tu dis, s'énerva Gein.  Sinon, tu es venu pourquoi ? Je suis encore pris dans les préparations de demain.
— Je vais au Deguiz'Maboule pour me prendre une tenue de zombi. Tu veux venir ?
— Hm...hésita-t-il. Je t'y rejoins dès que j'ai fini.
— Ok, à plus tard, Gen !
— À plus tard, Math.

Matheus était aussi fans de la fiction que le père de Gein et cela avait de lui le seul à accepter et apprécier le nom étrange de son ami.  Ils avaient ainsi été inséparables depuis toujours.  Leur rencontre fortuite avait eu lieu quand ils étaient encore tout petits, lorsque Gein s'était battu contre Steve, la brute du quartier pour défendre Math qui se faisait persécuter.

Le jeune homme avait fini de charcuter sa citrouille et s'était lancé sur la rue qui menait au centre-ville.  Il songeait à son enfance quand une douleur vive vint l'arracher de ses pensées.  Une fois que son mal fut assez dissiper pour qu'il puisse le supporter, il se retourna.  "Voilà justement celui que j'aurais aimé oublier, se dit-il".  Son ennemi de longue date jonglait avec des cailloux, un sourire diabolique aux lèvres : "Alors, le héro, l'interpella Steve.  On a toujours pas abandonné ces gamineries ? En quoi tu comptes te déguiser cette année ? En princesse ?
— Non, rétorqua Gein, en Lich, comme ça, je pourrais commander à mon armer de monstres de te hanter.
— Ha, ha, tu te crois drôle, petit..."
Il n'eut pas le temps de finir sa menace que celle-ci fut coupée par les propres cris de la brute.  Un chien affreux l'avait agrippé par la cheville et le tirait dans la ruelle d'à côté, laissant Gein sous le choc.

L'adolescent se répétait que ce n'était pas de sa faute. Il ne suffisait pas de le souhaiter pour qu'un monstre apparaisse de nulle par pour emporter ses ennemis. Un monstre ? Effectivement, il était plus troublé par ce qui avait emporté Steve que par la scène en elle-même.  Ce chien n'avait rien de normal : son corps était dépourvu de poil, sa peau était laiteuse semblait recouverte d'écailles et ses yeux étaient imbibés de sang mais le pire restait ses crocs acérés qui faisaient office de gueule, la bête n'avait pas de babine.

Quand il eut reprit ses esprits, Gein se rendit compte qu'il n'entendait plus rien ni en provenance de la ruelle ni même de partout ailleurs, en fait.  En cherchant du regard, il se rendit compte que les rues étaient désertes alors même qu'il était à côté du centre-ville.  Cela l'inquiétait davantage, il fallait qu'il rejoigne son ami en vitesse et qu'ils se fassent discrets, une bête rodait dans les parages.

La boutique de déguisement se trouvait à l'autre bout de l'axe principal coupant la ville et le jeune dévalait ce dernier.  Au fur et à mesure que les bâtiments défilaient, la peur que ressentait Gein croissait petit à petit.  La ville semblait morte, comme si toute sa population avait disparu d'un coup. Mais c'est en arrivant à la boutique qu'il crut que son cœur s'arrêterait.  Là où il pensait retrouver Math, il ne reste que les ruines de ce qui était la devanture de Deguiz'Maboule.

S'étant refusé l'idée qu'il fusse arrivé quelque chose à son seul ami, il se glissa dans les décombres pour pénétré dans une boutique en tout aussi piteux état.  L'adolescent fouillait à gauche et à droite, appelait désespérément Math quand on vint lui bâillonner la bouche et le tirer sous un tas de vêtements.  "Mais t'es bête, ou quoi ? chuchota Matheus.
— Et toi, t'es fou ? rétorqua Gein.  J'ai cru qu'un de ces chien-monstre m'avait attrapé !
— Je ne sais pas de quoi tu parles mais tais-toi! s'énerva le garçon apeuré qui ne chuchotait plus vraiment. Tu va nous faire repérer..."
À ces mots, un rugissement guttural résonna depuis le fond de la boutique.  Une créature presque aussi haute que le plafond fonçait sur les garçons.  Elle était hideuse, sa gueule occupait presque la totalité de son visage mais ça n'empêcha pas à Gein de remarquer ses quatre minuscules yeux bleus, elle avait tout autant de bras et une peau jaune, craquelée comme si elle était de roche. "Cours! Cours, cria Math en tirant son ami par le bras"

Le duo s'était lancé dans le centre-ville, enchaînant les pas aussi vite que leurs jambes leurs permettaient.  Un fracas se fit entendre derrière eux mais ils surent qu'il valait mieux ne pas se retourner et courir.  Gein accéléra d'autant plus lorsqu'il reconnu le chien qui avait emporté Steve mais cette fois, il était accompagné de sa meute.  Ils avaient conscience des différences de vitesse entre la horde de crocs et eux.  Elle leur tomberait assez vite dessus pour leur déchiqueter la chair et ronger les os.

Les jeunes adolescents furent soufflés sur plusieurs sans comprendre ce qui leur arrivait.  Gein avait le corps engourdi par la douleur, la tête qui tournait, et il n'entendait rien d'autre qu'un acouphène.  Il peina à se relever, et il ne put croire ses yeux, une mer de flamme s'étalait devant lui, là où étaient le colosse et ses molosses.  C'était l'occasion les distancer mais Math gisait encore inconscient.

Plus loin, un autre flash suivit du bruit d'une détonation.  Cette fois, Gein comprit ce qu'il se passait : une escadrille arrosait la ville d'ogives explosives.  Les mauvaises nouvelles n'étaient pas finies, le regard de Gein fut attiré par autre chose plus alarmante encore.  Les différents téléviseurs d'un vendeur d'appareils électroniques affichaient tous un appel d'urgence : les États-Unis d'Amérique, la France, l'Inde...ces pays étaient aussi pris d'assaut par des monstres et il déduit qu'il en était ainsi partout ailleurs.  "C'est la fin du monde...se dit-il."

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 29, 2021 ⏰

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