S A V O N

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Mes dix-sept bougies, je les avais soufflées il y avait un bout de temps, déjà. J'avais l'impression d'avoir dix-sept ans depuis toujours.

Lorsque j'étais petit, je pensais que je ferais énormément de choses, à dix-sept ; j'aurais tellement d'amis que chaque soir je me demanderais qui appeler, je passerais mes journées dehors à faire du skate, j'irais à des soirées, j'aurais quelqu'un. Je voulais rire, pleurer, crier, me sentir comme dans un film.

Je n'étais pas si loin du compte, en y repensant : à dix-sept ans, je savais faire du skate, je restais souvent dehors dès que j'avais du temps libre, j'allais parfois à des soirées si l'envie me prenait. Je n'avais pas nécessairement beaucoup d'amis, mais assez pour m'en sentir satisfait.

L'été touchait à sa fin, les températures se calmaient, tout le monde se préparait au retour des études. Je préférais rester dans l'ignorance, à sacrifier mes journées comme au premier jour des vacances. Je ne voulais pas perdre mes derniers instants de liberté la tête plongée dans mes cahiers. Des priorités m'attendaient.

Principalement, à côté de cela, il y avait Park Sunghoon.

Un humain classique. Enfin, pour les autres. Personnellement, je l'aimais bien.

Plus que bien. Beaucoup plus que bien.


C'était un humain classique aussi, lorsque je l'avais rencontré dans la mercerie à laquelle Sunoo avait l'habitude d'aller. Il m'en disait toujours du bien ; « Oh, tu sais, il n'y a que des bonnes choses là-bas ! Les couleurs pastel sont trop mignonnes. En plus, le fils du vendeur est un peu craquant. Si ce n'était pas pour son joli minois, je n'irais pas aussi souvent. ». Sunoo n'était pas du genre à apprécier beaucoup de choses, donc je le croyais. Nous nous connaissons depuis assez longtemps pour cela.


Quelque chose de... plaisant se dégageait de lui. Je n'arrivais pas à mettre le doigt sur ce qui m'intéressait tant chez lui, si c'était sa beauté de son visage ou la douceur de sa voix, l'attention qu'il portait souvent à des petits détails – et qui le rendait souvent aux petits soins –, ou cette manière étrange qu'il avait de rendre n'importe qui à l'aise, mais j'étais toujours captivé par sa présence.


J'avais failli renverser une étagère, mais cela ne l'avait pas empêché de me trouver... adorable ? C'était ce qu'il avait dit, adorable. Au comptoir, nous avions conversé. Il m'avait parlé de Sunoo, qu'il semblait étrangement connaître aussi bien que moi, et nous avions dérivé. J'étais resté avec lui assez longtemps pour que celui-ci m'appelle d'ailleurs : il était agacé de m'attendre, mais ravi d'apprendre que je passais du temps avec quelqu'un d'autre pour lui.

Le lendemain, il m'avait envoyé chercher quelque chose d'autre. Il m'avait fallu plusieurs semaines pour comprendre la supercherie, mais j'étais déjà attaché à ce fameux fils du vendeur. Un jour, il n'eut plus besoin d'acheter des boutons, et je n'eus plus besoin de discuter avec Sunghoon derrière la caisse. À la place, nous nous retrouvions autour d'une table ou sur le banc d'un parc.

Étrangement, j'avais fini par passer plus de temps avec lui que mon ami d'enfance. Je lui avais demandé plusieurs fois s'il s'en sentait vexé, mais il avait toujours nié : après tout, il avait aussi d'autres personnes à retrouver.

Je n'avais fait que ce je savais faire, durant l'été : du skate, des soirées, des sorties. Avec Sunghoon, cette fois, sauf les soirées. Il m'avait avoué qu'il n'appréciait pas tellement le concept ; nous en fîmes à deux. Je profitais tout autant.


Les feuilles commencèrent à tomber, et l'idée de devoir me séparer s'immisça sournoisement dans ma tête.

→ soap ;; jakehoon osOù les histoires vivent. Découvrez maintenant