Just Friends.

At this point ... love me or leave me.

Je l'aperçois grâce à sa silhouette longiligne qui se faufile à travers la foule, quoiqu'il faudrait être aveugle pour le rater, il dépasse tous les autres passants d'une bonne tête, il les frôle, en bouscule quelques-uns sans faire exprès, se retourne vite fait en souriant pour s'excuser. Ses cheveux marron coupés courts mettent beaucoup trop en valeur ses oreilles déjà décollés habituellement, ce qui le fait ressembler à une créature féerique, un elfe, cette impression est renforcée par sa beauté, ce charme, cette aura qu'il dégage et qui mettent en doute le fait qu'il ne soit qu'un simple humain. Il porte un petit chapeau bleu orné d'une plume marron aujourd'hui, ainsi que des lunettes de vue. Il est habillé d'un simple jean, d'un polo blanc et d'une veste noire. Des vêtements simples, mais qui ont l'air tellement raffinés et chers sur lui et qui lui vont à ravir. Son sac se balance joyeusement à son côté, retenu par une lanière sur son épaule. Il m'aperçoit sur le banc et s'approche de moi toujours en souriant.

- Tu m'as attendu longtemps? Je devais arriver plus tôt, mais j'ai été retenu par le prof de littérature ...

Sa voix profonde et envoutante me fait totalement perdre pied avec la réalité. J'aime cette voix, je ne peux pas m'en lasser, qu'elle me raconte des choses joyeuses, tristes, banales, qu'elle dise des insultes, ou des choses plutôt crues. Le son de sa voix est, avec son rire, une des choses que je préfère par dessus tout dans ce monde.

- Comment s'est passé ta journée? me demande t-il en se posant à côté de moi.

Il sors une cigarette, l'allume, avant de la porter à ses lèvres.

Ma journée, je l'ai passée à penser à lui. Depuis le premier message qu'il m'a envoyé, à huit heures dix huit pour être précis, un message court bref, direct comme j'en ai l'habitude avec lui.

"J'ai du temps aujourd'hui, ça te dit qu'on se voie après mes cours? Dix-sept heures quarante-cinq? Je te retrouve près du parc comme toujours à toute!"

Bien sûr que j'avais des choses de prévu, ce devoir de psychopathologie clinique que je dois rendre dans deux jours et que je n'ai toujours pas commencé, ou encore cet oral d'approche clinique du développement de l'enfant et de l'adolescent, que je dois passer la semaine prochaine, et pour une fois, je m'étais dis que j'allais réviser bien avant, histoire d'être prêt le jour J. Mais après son message, j'ai tout plaqué pour le retrouver. Comme je l'ai toujours fait à chaque fois qu'il a besoin de moi.

Je lui raconte des bêtises, combien le cours de psychologie était ennuyant, les blagues nulles qu'a essayé de faire notre prof, ou les choses bizarres qu'a encore fait Krystal, une petite rousse gothique qui s'assoie à côté de moi en cours et qui, au fil du temps est devenue une amie proche. Je passe sous silence tous les moments où j'ai pensé à lui, bien évidement.

Il passe sa main d'un air désinvolte dans mes cheveux, il n'a pas idée de ce que ce simple geste peut déclencher en moi.

- On y va? me dit-il une fois sa cigarette terminée.

Il se lève, réajuste ses vêtements, glisse ses lunettes de soleil sur son nez, je fais de même.

Direction son appartement.

La différence de taille entre nous, est énorme lorsqu'on se retrouve côte à côte. Je marche le plus près de lui possible. Je ne peux pas m'éloigner, si je m'éloigne trop, il me rattrapera par le bras et me ramènera vers lui. Il est comme un aimant, je ne peux pas rester loin de lui longtemps. Lorsqu'une foule de gens sortira du bus ou du métro, il glissera ses mains sur mes épaules et me fera passer avant lui, histoire que je ne m'éloigne pas et pour me protéger, ses mains remonteront alors sur ma nuque, il s'y amusera à y tracer des cercles, rien que pour tester combien de temps je peux encore lui résister. Nos mains se toucheront sur la barre du métro et celle du bus, et je n'aurais qu'une hâte, celle d'arriver à son appartement, où ses mains pourront se balader et s'amuser ensuite avec le reste de mon corps.