On m'avait promis une vie chargée de fastes et de couleurs. On m'avait dépeint un sourire que je devais porter chaque jour de ma vie, chaque seconde.
Les œuvres de ce monde reflétaient des fins heureuses, semées d'embûches. Parsemées de fils conducteurs menant à un but, visant un astre désigné pour être le bonheur suprême.
J'ai lu mille et uns ouvrages relatifs à cette existence, j'ai observé chaque comportement, décelé le faux, imprimé le vrai.
Les obstacles m'accablaient de leur hauteur, les épreuves me hurlaient de sauter plus haut.
Les gens autour de moi me paraissaient, tels des fantômes, oublier un plus à chaque minute ma présence.
Mes appels à l'aide faisaient écho au silence assourdissant de ce monde, pourtant si bruyant.
Mes larmes m'étaient inconnues et ce sourire que les mannequins de peinture et de plastique m'imposaient se fanait. Arraché à ma solitude immense, que je tentais de soigner à travers ces artifices semblables à de la poussière de lune, n'étant rien de réel, rien de précieux, après tout.
Je marchais dans cet univers que je connaissais trop bien, et qui me fatiguait de ses mensonges incessants.
Je n'étais qu'un enfant, et j'étais seul depuis si longtemps.
Des voiles noirs avaient obstrué ma vision depuis bien des années, déjà. J'avais beau me battre de toutes mes forces, mon épuisement me paraissait trop lourd à porter pour continuer.
Alors que mon chemin me menait continuellement à cette ligne droite infranchissable, je décidais de lever les yeux.
Je ne l'avais jamais fait, étrangement. Peut-être étais-je aveuglé par ma douleur ? Peut-être que l'inatteignable m'avait toujours cloué au sol, inconsciemment...
Devant moi s'étalait une étendue d'un milliard de couleurs différentes. J'étais ébahi.
A travers cette multitude de reflets brillants, je pouvais observer des créatures m'étant semblable, mais pourtant pourvues d'ailes dorées, comme tissées de milliers de fils d'or.
L'une de ces jeunes filles baissa les yeux, à cet instant.
Son regard rencontra le mien, et tout autour de moi sembla se dissiper.
Je la connaissais, je le savais. Et sans aucune réaction, la regarda tomber. Je ne réalisais que quelques secondes plus tard qu'elle était tombée dans mes bras.
A cet instant, ma solitude et mon malheur étaient encore présents, mais ma haine s'en était allée, je ne sais où.
Je m'apaisais à son contact, et je ne pensais pas cela possible il y a encore quelques heures.Sa souffrance passée se reflétait dans ses yeux bruns. Elle ne semblait afficher aucune émotion claire, son incompréhension faisait écho à ma surprise.
En la posant délicatement au sol, je priais.
Je priais quelque chose ou quelqu'un, à qui, ou en quoi je ne croyais pas.
Au fond de moi, je souhaitais la voir rester là jusqu'à ce que le ciel se transforme en un océan aussi profond que mon amour pour elle.
Je ne pu qu'esquisser un sourire en analysant chaque détail de son visage.
Et tout s'éclaira, à cet instant. Je compris pourquoi je devais viser si haut, vers un ciel impénétrable.
Le destin me laissait découvrir les abysses de ce monde, pour m'envoyer un ange du plus haut point du monde.
Je la connaissais, enfin je le pensais. Et ce, car je découvris alors que nous nous étions tous deux perdus. Seulement, à des milliers de kilomètres l'un de l'autre.
Sans la lâcher des yeux, je pouvais observer les changements alentours.
Plus rien n'avait de sens, mais pourquoi était-ce si normal ?
Les oiseaux plongeaient dans une mer enflammée. La rosée des matins endormis prenait la place de la pluie asséchée.
Et, pour une fois, l'étrangeté du monde m'indifférait.
Elle était tout ce dont j'avais besoin.
Et je le savais.
C'était elle.
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Tombée Du Ciel
ПоэзияJuste l'histoire d'une rencontre poétique en deux parties. A chacun la liberté de visualiser cette histoire. J'ai toujours aimé laisser divaguer mes pensées à l'écrit, cette histoire en est la preuve.