DEATH DANCE

Hotel California (1)

― 4 HEURES AUPARAVANT ―

― Votre équipe vous attend, capitaine.

Elio soupira.

― C'est pas la porte à côté la Californie vous savez...

― On vous a préparé un Transfert à la sortie du campus.

― C'est pas de ça que... enfin bref.

― Vous avez quinze minutes, conclut le commandant.

― De rien, fit Elio sur ton amer en raccrochant.

Il fourra son téléphone dans sa poche et revint vers la chambre en passant sa tête par l'embrasure de la porte.

― Désolé je dois y aller, j'en aurais pour un petit bout de temps, lança-t-il à Luna.

― Ok, dit-elle sans détourner les yeux de l'écran télé.

Elio attrapa un manteau et sortit rapidement dans le couloir. 

Après avoir descendu les trois étages du bâtiment où se situait sa chambre, il arriva dans la cour du campus.
Le soleil commençait déjà à se coucher et ses derniers rayons orangés se reflétaient dans les nombreuses vitres du bâtiment principal de Lekson. La cour était quasiment déserte et le cadre avait quelque chose d'assez envoûtant. 
L'université avait été construite une soixantaine d'années auparavant, en hommage à Charles J. Lekson, ancien ministre de la défense et éminent membre de l'Ordre, qui avait notamment aidé à mettre fin à la Grande Guerre contre les Shyrs. Son appartenance à l'Ordre n'avait évidemment été dévoilée que bien longtemps après sa mort.
C'était en partie grâce à cette ancienneté toute relative que les bâtiments avaient un charme traditionnel qui donnait une impression de fiabilité et de sécurité. Un sentiment de sérénité émanait de ces murs, et marcher dans la cour au milieu des arbres et de la pelouse ne faisait que renforcer cette sensation.
Il traversa les parterres de fleurs colorés séparés par d'étroits chemins pavés, passa à côté de la fontaine en granit blanc et se dirigea vers le large portail à l'entrée de l'université.

Une fois sorti, il s'aventura dans un quartier sombre de la métropole et s'enfonça dans un dédale de ruelles étriquées où la lumière était bloquée par les immeubles environnants. Le bruit de ses pas sur le ciment humide résonnait entre les murs noircis des bâtiments qui l'encadraient, et l'écho de ces derniers semblait le poursuivre dans les méandres obscurs de la vieille ville. Il arriva finalement à un cul-de-sac et se demanda comment il se faisait que le commandement choisisse toujours des endroits aussi glauques pour les Transferts. Probablement qu'une banderole entourée de guirlandes lumineuses multicolores en centre-ville avec marqué en rose "C'est par là la baston" coûtait trop cher et manquait légèrement de discrétion. M'enfin c'était pas une raison pour faire ça dans des coupe-gorges pareils.

Devant lui, un homme en costume d'une trentaine d'années l'attendait avec un grand sac dans les mains. 

À sa vue, ce dernier se figea immédiatement dans un salut militaire crispé.

― Bonsoir capitaine.

― Bonsoir Benny.

Il lui tendit le sac d'un air solennel.
Elio l'ouvrit et en sortit une longue veste gris foncé équipée d'une large capuche sur le bout de laquelle se trouvait une petite pièce métallique. 
Il retira son blouson et le rangea dans le sac avant d'enfiler la nouvelle tenue qu'on lui donnait.

L'homme s'écarta et tendit la main en direction du mur comme pour lui montrer la direction.
Elio continua d'avancer et, une fois arrivé au bout du cul-de-sac, sortit un petit anneau en argent de sa poche qu'il présenta devant les briques sombres.