Chaque parcelle de mon être me crie que je suis en danger. Chacun de mes poils s'est hérissé, clamant haut et fort que je ne suis pas en sécurité. J'ignore où je suis. J'ignore ce que je fais là. Tout ce que je sais, c'est que je dois sortir de cet endroit.
Alors j'ouvre les yeux, difficilement. Le sang colle à mes paupières. Je prends une profonde inspiration avant de scruter les alentours d'un oeil farouche.
Je suis dans une cellule, il n'y a pas de doute là-dessus. Dans la pièce, il n'y a qu'un banc équipé d'une couchette. Je me trouve par terre, les mains menottées dans mon dos. Le froid du métal me fait frissonner. Je suis comme gelée de l'intérieur, et pour cause : je suis pieds nus sur un sol carrelé, tâché par endroits de je ne sais quelle substance. Ça ressemble à de la terre, ou bien c'est du sang.
Devant moi, une large vitre sert de porte à ma prison. En l'évaluant du regard, j'admets la possibilité qu'elle soit renforcée, voire qu'elle possède un champ magnétique capable de me repousser si je tente quoi que ce soit. Il n'y a aucune autre échappatoire, à part un vieux conduit d'aération au-dessus de ma tête. Mais à en juger par la hauteur du plafond, je serais bien incapable de l'atteindre. Et puis de toute manière, qu'est-ce que je peux faire avec les mains liées ?
Une colère sourde gronde en moi. Je ne sais pas d'où elle vient, mais elle est là, bien prégnante. Comme si elle m'avait toujours habitée, et que le fait d'être enfermée l'avait réveillée.
Quand j'essaye de me rappeler comment j'ai atterri ici, seul le néant me répond. Impossible de me souvenir du moindre détail. Comment ai-je pu oublier toute mon existence ? Comment est-ce possible ? Un mal de crâne me prend de court et m'assaille férocement, si bien que je finis par grimacer de douleur.
Mes efforts s'arrêtent là. Je comprends que je suis dans une très mauvaise situation, et que ma tête ne pourra pas m'aider à m'extirper de là. Je ne peux faire confiance qu'à mon instinct, cette petite voix qui me chuchote à l'oreille les étapes de mon évasion.
Je commence par passer mes mains sous mes jambes pour les ramener devant moi. Après quelques minutes, j'y parviens enfin et pousse un soupir de soulagement. Mais ce n'était que la première étape. Le chemin est encore long pour quitter cette cellule. Maintenant que je peux voir les menottes, j'entreprends de jouer avec mes poignets pour les dégager de là. Je m'acharne tellement que des entailles se forment à la base de mes mains, mais je suis enfin libre.
Sans prendre le temps de masser mes articulations douloureuses, je me redresse rapidement, à l'affût. Je n'entends rien, mais je ne sais pas si c'est bon signe ou pas. Ma cellule peut tout à fait être insonorisée, et même si je ne distingue personne dans la grande salle derrière la vitre, quelqu'un pourrait arriver rapidement.
Prudemment, je m'approche de l'unique sortie et tends le bras pour tâter le vide devant moi. Mes doigts ne rencontrent aucune résistance. Enfin, jusqu'à ce que je me prenne une grosse décharge électrique dans la main droite. Je recule aussitôt et plaque ma main contre ma poitrine, terrassée par la douleur. Bon sang, ça fait un mal de chien !
– Ça fait mal, hein ?
Je lève la tête et dévisage l'homme qui vient d'apparaître de l'autre côté de la vitre. Il me fixe d'un air moqueur, un sourire au coin des lèvres, les bras croisés sur sa poitrine où un étrange triangle bleu projette de la lumière. Je fronce les sourcils, méfiante. Pour qui se prend-il ?
– Eh ben, heureusement que Banner a installé cette protection supplémentaire spécialement pour toi. Tu veux déjà nous quitter, alors que tu viens à peine d'arriver ?
Son sourire narquois ne le quitte pas. J'ai envie de le lui faire ravaler, de lui démolir le visage pour qu'il retire ses propos. Mon envie de violence est décuplée, et je résiste à l'envie de frapper la vitre à coups de poing. Sans la présence de ce champ électrique, je n'aurais pas hésité une seule seconde.
Sous mon regard incompréhensif, l'homme commence à partir en marmonnant quelque chose que je ne peux entendre. Je me précipite vers la vitre, mais je suis vite stoppée par une nouvelle décharge, plus puissante encore que la première. En serrant les dents, je m'écarte et ose enfin ouvrir la bouche :
– Qu'est-ce que je fais ici ? Et c'est quoi cet endroit ? Et puis vous êtes qui, d'abord ? Pourquoi est-ce que je suis dans une cellule ?
L'homme revient illico presto. Il hausse un sourcil en me dévisageant à son tour.
– Tu n'en as aucune idée ?
– Puisque je vous dis que non ! J'en sais rien, moi, je me souviens plus !Son air moqueur devient plus sérieux, d'un coup, et je recule d'un pas par prudence, malgré la vitre qui nous sépare.
– Tu ne te rappelles vraiment rien ?
Je lève les yeux au ciel en grognant. Il semble comprendre que c'était ce que je venais de lui dire, et juge préférable de ne pas insister. Ça me convient très bien.
Je n'arrive pas à croire que j'ai perdu la mémoire. J'ai beau essayer, rien ne me revient. Et plus je force, plus ma migraine s'intensifie. C'est quoi ce bordel ?
– Rogers ? On a un problème !
L'homme semble interpeller quelqu'un grâce à une oreillette, et la personne arrive rapidement. Il a la carrure d'un soldat, avec son uniforme bleu bariolé de blanc et de rouge. Son air déconfit quand l'homme au triange bleu sur la poitrine lui explique la situation me laisse perplexe. Pourquoi réagit-il comme ça, comme s'il s'inquiétait pour moi ? Est-ce que je le connais ? Qu'est-ce que je suis, pour eux ? Une menace ?
Frustrée, je me mets à faire les cent pas dans ma cellule. Je ne m'arrête pas de marcher, les poings serrés. Je me sens sur le point d'exploser, sans vraiment connaître la raison de mon comportement. Cette fureur qui pulse en moi, tel un brasier, semble prête à me consumer de l'intérieur. Tout un tas d'émotions se bousculent en moi : la peur, l'incompréhension, le doute, la colère, l'impuissance, ce besoin vital de violence. Pour le satisfaire, je finis par cogner dans un mur, sans m'arrêter. Je fixe cette peinture blanche qui commence doucement à s'écailler à mesure que mes doigts viennent la frapper.
Je suis comme en transe. Je ne sais pas trop ce que je fais, mais c'est comme si j'en avais besoin. Alors je laisse ma colère éclater et pousse un cri de rage sans cesser mon manège.
J'entends à peine le coulissement de la porte qui s'ouvre, ni les pas qui se rapprochent de moi. Mes yeux sont rivés sur le mur, sur le sang qui le tache peu à peu, sur mes phalanges qui craquent sous la puissance de mes coups. Je ne vois rien d'autre. Tout le reste a disparu autour de moi.
Ce n'est que lorsque je sens quelque chose dans mon cou que je prends conscience de ce qui se passe. Mais je n'ai pas le temps de réagir. L'aiguille, fichée dans ma peau, m'inject un produit qui me fait vaciller. Je m'écroule à genoux, la tête entre les mains. Puis je tombe sur le côté.
Mes paupières se ferment par intermittence. Tout ce que j'ai le temps de voir, c'est ce groupe de personnes qui me fixe avec curiosité, comme si j'étais une bête de foire. Ces cinq hommes et cette femme qui me dévisagent, tandis que je sombre dans l'inconscience.
Avant de partir totalement, une seule chose me vient en tête : je me souviens d'eux. Je sais qui ils sont.
Et tu dois les tuer…
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Mémoire fracturée
FanfictionJe ne sais pas où je suis. Je ne sais pas qui je suis. Je ne sais pas comment j'en suis arrivée là. Tout ce que je sais, c'est que ma mémoire me fait défaut. Il faut que je retrouve mes souvenirs. Quoi qu'il m'en coûte. ✨ Cette histoire est une fanf...