Aujourd'hui j'ai envie de me défouler sur la copine de mon ex. Cette vipère me l'a volé, elle peut voir mes enfants tous les jours, à toutes les heures, sans contrainte. Elle peut plus voir mes propres enfants que moi, leur propre mère ! Non, mais ! C'est de la folie ! Et moi, pendant que j'écris dans ce foutu cahier, elle doit sûrement leur faire du lavage de cerveau avec tout le pognon qu'elle a. Elle leur fait sûrement oublier d'où ils viennent, qui est leur vraie mère. Le plus jeune, Téo, je suis certaine qu'il ne se souvient même pas de moi, qu'il ne se souvient même pas de mon odeur maternel, que c'est dans mon ventre qu'il a fait sommeil pendant neuf mois, que c'est de moi dont il est apparu dans ce monde pourri, que c'est de mon sein qu'il a bu le lait de vie, que c'est de moi qu'il tient ses yeux verts et ses cheveux bouclés, que c'est son père et moi qui l'a conçu lors d'une nuit de fête, entre les herbes des champs derrière la grange de tante Lyse, que c'est moi sa vraie mère biologique, que c'est de mon sang dont coule ses veines.
La dernière fois que je l'ai vu, il a commencé à pleurer dans mes bras, alors Adrien le reprit aussitôt. « Ça fait longtemps, Laura, qu'il ne t'a pas vu, c'est normal », essaya de me rassurer mon ex-petit ami. Une boule dans la gorge s'était installée soudainement et je n'avais plus le courage de dire quoi que ce soit. Il s'arrêta de pleurer aussitôt dans les bras de son père. C'est là que j'ai réalisé que je n'étais plus sa mère à ses yeux. Cette dingue l'était à présent. Nous étions dehors et je m'étais éloignée de quelques mètres pour aller fumer. Les nerfs étaient tellement en feu, que je crois que j'aurais sauté en plein visage sur cette voleuse d'enfants.
Alors que je soufflais des nuages de fumée, Eva se tenait près moi en ne disant rien. Comme à son habitude, elle se tenait en silence, contre moi. Lorsque j'eu fini de fumer ma clope, je me pencha vers elle et lui caressa la joue. « Tu sais que tu me manques, mon poussin ? ». Elle me fait oui de la tête. Et je l'ai serré fort dans mes bras. Aussi fort que je le pouvais. Elle fit pareil. Je ne pus m'empêcher de sourire. « Tu me manques, maman », me souffla-t-elle dans l'oreille. Nous restons longtemps comme ça, jusqu'à ce qu'Adrian m'annonce qu'il était temps pour eux de partir, que le temps s'était écoulé. Et j'ai vu cette vipère prendre mes deux enfants, au bras de mon ex petit-ami. Et ça été la dernière fois que je les ai revu depuis que j'ai retouché à un verre d'alcool.
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Le cahier des humeurs
Short StoryLaura est une ivrogne, jeune maman de trois enfants dont la DPG lui a enlevé la garde. Un jour, sa psychologue lui propose de mettre sur papier ses humeurs et tout ce qu'il lui passe par la tête, dans l'espoir que cela l'aidera. Même si l'idée lui p...