Le premier regard est toujours important.

312 17 11
                                    


Cela faisait déjà deux mois que nous avions repris les cours dans mon lycée. Les grandes vacances s'étaient terminées à notre plus grand regret et septembre était arrivé. Le premier jour, nous avions foncé voir le tableau d'affichage bousculant au passage deux ou trois élèves. Comme par hasard, nous n'étions pas dans la même classe pour notre dernière année, la terminale.

Nous avions eu du mal à passer une bonne journée. Il était toujours difficile de commencer une année lorsqu'il fallait tout recommencer à zéro. Cela demandait un effort de retisser des liens et faire de nouvelles rencontres alors que l'envie n'était pas forcément là. De toute façon nous nous étions fait la promesse de ne pas nous quitter et de passer toutes les récréations et tous les midis ensemble. Chose que nous avions réussi à faire même si Abby s'était fait tout un groupe de copines dans sa classe et que j'avais réussi à me rapprocher de deux ou trois filles dans la mienne. Finalement au bout de deux mois d'école, ce n'était plus vraiment un supplice de retourner en cours, juste la routine habituelle que nous vivions depuis notre naissance. Une routine lassante.

Aujourd'hui, nous étions en novembre, et le temps s'était bien rafraîchi puisque ça faisait déjà quelques jours que ma mère avait rallumé la cheminée. Je m'habillai  en conséquence, un jeans slim noir et un pull bien chaud de couleur blanche, en dessous j'avais enfilé une chemise et je fis ressortir le col par-dessus mon pull au niveau du cou. J'envoyai un texto à ma meilleure amie en disant que j'étais prête et que je serais devant chez elle dans environ une vingtaine de minute puisque j'avais fini de me préparer. J'avais déjeuné un thé vert et des tartines au beurre et je m'étais lavé les dents après avoir pris ma douche. J'enfilai ensuite ma grosse doudoune bleue et je passai la porte d'entrée.


"A ce soir passe une bonne journée je t'aime."

Je criais presque cette phrase pour que ma mère qui se trouvait à l'étage puisse l'entendre, sans attendre de réponse de sa part, je refermai la porte derrière moi. Je sentais déjà ma peau me picoter à cause du froid. C'est dans ses moment que je souhaitais devenir scientifique pour pouvoir inventer un radiateur électrique de poche que nous pourrions emporter avec nous, mais mes résultats n'étant pas vraiment brillants, ce n'était qu'un rêve.

Je pris donc le chemin de mon lycée, chemin que je connaissais par coeur au fil des années. Une fois arrivée devant chez ma meilleure amie j'attendis qu'elle sorte de son immense maison. Après qu'elle m'ait rejoint, nous avions pris le chemin de l'école puisque nous avions l'habitude de le faire ensemble, c'est même comme ça que nous nous étions rencontrées lorsque nous étions au collège. Elle vint à ma rencontre et me claqua deux bises sonores sur les joues en me demandant si j'allais bien, phrase qui sonnait plus comme une habitude que comme une réelle inquiétude puisqu'elle me posait la question tous les matins.

On se remit à marcher, en commençant à parler de tout et n'importe quoi,  venant d'Abby les principaux sujets de conversation étaient les garçons, et quand je dis garçons c'était surtout les membres de l'équipe de football. Qu'est-ce qu'ils avaient de plus que les autres? Pour moi ce n'était que des monsieurs muscles sans cervelles mais je mentirais si je disais que je ne les trouvais pas beaux.

Ses autres sujets de conversations étaient le maquillage les fringues et l'argent mais je l'aimais quand même. Une fois arrivées au lycée nous nous dirigions vers nos casiers.  Nous déposions nos affaires de l'après-midi dans ceux-ci. Après ça, la sonnerie retentit, nous avions marché tellement lentement qu'il était déjà l'heure d'aller en cours. Nous nous dirigions alors dans nos salles de classe et les cours du matin passèrent, ils étaient interminables.

A la récré je ne pus même pas voir ma meilleure amie parce que sa classe passait le bac blanc de sport, je soupirais alors impatiente de la revoir le midi. A l'heure de la sonnerie de 12 heures presque en courant, je quittais le cours de monsieur Storm, professeur de mathématiques célibataire de cinquante ans pas du tout aigri, me dépêchant de retrouver ma meilleure amie devant la cafétéria. Nous allions nous servir et nous asseoir à la table dans le fond, celle où nous avions l'habitude d'aller puisqu'elle n'était jamais occupé au début, maintenant presque tout le monde s'asseyait à une table précise comme si un plan avait été dessiné. Nous étions en train de manger, de parler et de rire quand mon regard croisa celui d'un brun aux yeux bleus, je restais figée sur place, je n'avais jamais vu un regard aussi beau. Je relevais alors la tête vers Abby lui coupant presque la parole.

"Est-ce que tu le connais?" Demandais-je à ma meilleure amie en le montrant d'un léger signe de tête.

"Pourquoi est-ce que je m'intéresserais à lui, ce n'est qu'petit intello qui est assis presque toute la journée à la bibliothèque en dehors des cours." Me répondit-elle en regardant le jeune homme que je lui montrais.

Et pourtant, il avait beau être qualifié d'intello, ça n'enlevait rien au charme indescriptible de ses beaux yeux bleus.

"Ah oui j'oubliais il faut qu'il fasse partie de l'équipe de foot pour être important à tes yeux." Dis-je avec humour.

"Tu as tout compris ma chérie."

Elle se mit à rire, et je la rejoignis dans son fou rire. La chose qui était bien avec elle c'est que quoi que je dise elle ne se vexait jamais ou du moins elle ne le montrait pas. Tandis que moi, Lauren Kincaid j'avais du mal à comprendre l'humour de certaines personnes. Je me remis à manger, non sans lancer des regards incessants mais incontrôlés au jeune brun qui se trouvait seul à sa table, un livre dans les mains mais que ça n'avait pas l'air de déranger. Il avait l'air dans un autre monde, à l'intérieur d'une bulle impénétrable.

Who is he?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant