He's back

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Phil Collins- Another day in Paradise

Stromae feat maitre gims et Orelsan - AVF Cover by Arcadian

Point de vue de Charlie:

Rare étaient les jours où je rentrais chez moi directement après les cours. D'habitude, je faisais un long détour par la bibliothèque du coin. C'était mon endroit secret. C'était mon moment de délivrance. Pas de parents. Pas d'élèves. Pas de professeurs. Juste le silence parfois brisé par le froissement des pages contre les doigts des lecteurs. On entendait aussi, lorsque l'on était assez proche, le cliquetis des touches d'ordinateurs utilisées pour des recherches.

Généralement, je m'asseyais loin de ceux-ci. Préférant le silence complet. Ainsi, je pouvais me plonger dans ma lecture, et rien ne venait perturber ce moment, qui était le plus délicieux de tous.

Pourtant, après cette journée, je n'avais qu'une envie. Je voulais rentrer chez moi,  m'enrouler dans mes couettes et hiberner pendant les dix prochaines années.  De plus, je savais qu'à présent, en allant à la bibliothèque, je risquais très certainement de croiser des visages que je ne voulais pas voir. Un en particulier. J'étais donc rentré directement chez moi, discrètement, pour me faire oublier de mes paternels.

Fort heureusement pour moi, lorsque j'arrivais devant la façade de ma maison, je constatais que celle-ci était vide. Pas de voiture dehors, pas besoin de jouer le mort. J'étais soulagé. Je mangeais en vitesse et m'enfermais dans ma chambre, tentant de me faire oublier jusqu'au jour suivant, et si possible, jusqu'au siècle suivant.

La semaine qui suivit s'était déroulée sans la moindre embûche. Ou du moins, en dehors de la maison. Le jour suivant ma rencontre avec Abby et Tyler, en montant dans le bus, j'avais décidé de garder ma place habituelle, avec bien sûr, la boule au ventre. A la fois stressé que Tyler s'assoit à côté de moi, et qu'il ne le fasse pas. Je ne savais pas d'où me venait cette pensée et je m'étais pincé bien fort pour oublier tout cela. Je n'avais pas le droit de penser de la sorte. Pourtant je ne l'avais pas croisé pendant toute la semaine tout comme je n'avais pas recroisé Lauren. Ma petite vie paisible et tranquille était de retour. La routine, en fait.

C'est pourquoi, aujourd'hui, en quittant la maison, je marchais tranquillement. Un gros pull pour cacher des vilaines blessures récentes, je me dirigeais vers l'endroit qui me permettait de souffler un moment: Le lycée. Aujourd'hui j'avais voulu y aller à pied, et j'étais arrivé, étrangement en avance. Soit j'étais parti plus tôt que d'habitude, soit je marchais plus vite que le bus. Des deux hypothèse, la première était la plus plausible. J'avais branché les écouteurs à mon téléphone et faisait défiler des musiques de mon artiste préféré. Saez. La musique qui défilait fut d'ailleurs "Regarder les filles pleurer" de cet artiste que je comparais souvent dans mon journal intime à un génie; Un poète.

Ce n'était pas les chansons les plus joyeuses, mais elles reflétaient beaucoup l'état d'esprit dans lequel je me trouvais. J'étais seul et triste, et seules ses chansons pouvaient me remonter le morale, ou m'enfoncer un peu plus dans cet état de tristesse infini qui m'habitait. Même mes parents n'imaginaient pas à quel point j'étais dévasté de l'intérieur. Peut-être que c'était parce qu'ils étaient les fautifs. Ils ne voulaient juste pas ouvrir les yeux. Il y avaient clairement un problème. Je me rappelais encore ses regards qu'ils m'avaient jeté la veille au soir après m'avoir laissé en boule aux pieds de mon lit. C'était des regards de dégoût mélangés à la haine. Je me rappelais si bien du bruit de la ceinture qui cognait contre mon ventre et qui m'arrachait des cris de douleur alors que ce simple souvenir me donnait des nausées. De toutes les corrections que j'avais pu recevoir de leur part la ceinture fut vraiment la pire. La douleur atroce, comme si quelque chose vous mordait la peau sans jamais vouloir vous quitter. Et la honte surtout, qui vous collait à la peau, pour avoir peur de fuir, de vous rebeller. La honte d'être un lâche, de penser que tout ce qui vous arrive, vous le méritez.

Who is he?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant