-Des fois, la nuit, j'entend des claquements, des choses qui toquent aux portes et aux fenêtres. C'est peut-être l'arbre en face de la maison, c'est peut-être le chat. Mais si je pouvais me rassurer de la présence de quelque chose de non-humain, le contraire serait il ma phobie ? Je n'ai plus peur des monstres, grâce à toi. Je monologue seule en parlant à un coin sombre. Il ne répond pas, mais s'il est muet cela veut dire qu'il écoute mes paroles. Il les boit, il les digère, il les mûrit dans une réflexion profonde propre à la philosophie de celui qui n'a pas d'âme. Il ne les applique pas, mais il comprend ; le raisonnement et la base de toute intelligence. Pour le retenir dans sa mémoire, alors là c'est une autre affaire ; la chose vivante la plus stupide de cette terre suivra la charrue de l'apprentissage, traînera ses pieds dans le sillon des découvertes faites par d'autres. Nous, nous sommes les consternés, les battants qui creusent de leur main le terreau fertile de leur idéologie, jusqu'à s'encrasser tellement les doigts qu'on les confonde avec la boue, qu'on s'arrache les ongles sur chaque caillou déniché sous chaque morceau de terre. Cette pierre est le fruit de l'isolement, de la patience ; il s'agit de la réfléchir, de penser comme elle. Une pierre de connaissance égale au pain du boulanger, dont on se nourrit pour survivre. Et il y aura cette volonté de comprendre, de dépasser cette stupidité qui résume les autres à des ânes suivant les ordres de leur maître.
La petite fille ayant finit sont monologue, abrégea cette séance philosophique avec le coin sombre sous le lit, où se cachait l'Autre, invisible des parents, parfait confident des considérations de l'esprit tout à fait mûr de la petite fille.
L'Autre se roula en boule dans la poussière. Comme elle l'avait prédit, il avait compris sur l'instant, mais n'avait pas retenu. Par ce moyen, l'Autre pensait comme la petite fille, prenant un autre chemin, celui de l'analyse de l'évènement. Tous deux aboutiraient au même point, et s'étreindraient la main, fiers de leurs accomplissements passés et futur, comme une bulle enflée les enveloppant, qui étirait chaque seconde passée en une immensité infinie, là où même la notion et la valeur du temps seraient distordus. Difformes, comme eux. A cause d'eux.
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Funérarium
Short StoryJe devrais me balancer au bout d'une corde pour te plaire encore ? Ou glisser ma langue entre deux lames de couteaux ? Serais-je l'oreiller qui t'aide à mieux endormir tes angoisses ? Ah, tes peurs, tu les berce pour les faire taire, mais aussi pour...