Cette fois, l'hiver fut rude... - En pause -

Chapitre 1 - Ces rêves qui nous hantent

Je regardais avec ennui le feu qui crépitait dans la cabane en bois qui m'abritait du dehors.
Il y a, depuis quelques jours, une tempête de neige qui s'abat sur le village... je me demande si elle s'est arrêtée depuis...

Ma mère et mon père dorment dans le lit, tous les deux l'un blotti contre l'autre.
J'ai toujours pensé que papa aimait vraiment maman, mais depuis un certain temps, ils n'arrêtent pas de se disputer...
Je suis peut-être trop jeune pour comprendre ?
Les anciens du village disent que c'est normal que papa et maman se disputent, que ça prouve qu'ils s'intéressent encore l'un et l'autre.
Moi, je ne comprends pas vraiment bien là où ils voulaient en venir, mais si les anciens le disent, c'est que c'est vrai.

J'entendis soudain une voix venant du dehors crier quelque chose :

Voix familière : Shiro ! Viens jouer avec moi !

La voix n'arrêtait pas de crier mon nom, demandant si je suis réveillé, beaucoup de bruit un peu apaisé par les murs de cette cabane.
Je sortais alors mon nez dehors, l'air était glacial mais cela ne me déplaisait pas, j'ai toujours vécu dans ce froid polaire, j'aime ce froid qui m'a vu naître.
Un jeune garçon se tenait devant la maison. Il m'était, impossible de me rappeler son nom. Pourquoi ne me souviens-je pas de son nom...? Ce devait être le froid. Les anciens disent qu'aller dans le froid sans grandes protections ça cause des problèmes physiques et mentaux.
Mais une chose était sûre : il était mon ami, j'en suis certain.

Je lui fis signe de ne plus crier. Qu'il allait réveiller mes parents sinon.
Je mis rapidement et furtivement des gants et un manteau de fourrure puis je sortais avec lui, dans le secret. Il faut dire, on n'avait pas le droit d'aller dehors sans autorisation.

Puis nous courions dans la neige, nous éloignant le plus possible du village.
Une heure, puis deux, puis quatre... nous n'avions pas la notion de temps.
C'était l'été. Le soleil ne se couche jamais en été.
Tout ce que je sais, c'est qu'il était tard, qu'il était l'heure de rentrer.
Le soleil était bas dans le ciel, papa et maman devaient s'inquiéter...

Nous rentrions donc calmement, un peu tristes et toujours dans l'euphorie de cette journée passée ensembles.
Nous arrivions au village rapidement.
Nous nous dîmes au revoir.
Je me souviens qu'il m'avait sourit. Un sourire si affectueux, tendre.

Voix familière : Demain, on rejouera ensembles ?
Moi : Oui ! C'est promit !

Son sourire s'élargit et je rentrais chez moi. Évidement, je me fis crier dessus mais je m'en fichais pas mal, j'avais passé l'une des meilleures journées de ma vie.
Demain je rejouerais avec lui, et ce sera une nouvelles journée parmi les meilleures de ma vie.
Toutes les journées que je passe avec lui sont les meilleures de ma vie, c'est toujours comme ça.
Je ne sais pas pourquoi, mais je suis toujours bien avec lui.
En fait, il est comme un frère.
Oui, c'est ça, un frère avec qui j'ai fait les quatre cents coups !

J'allais donc me coucher, plein de souvenirs en tête, attendant avec impatience la journée de demain.

Et le lendemain, je sortis tôt dans la matinée, j'allais devant chez lui, criais pour lui dire de sortir.

J'entendis soudain derrière moi les anciens parler :

Ancien : Le pauvre garçon... ses parents ne lui ont toujours pas dit...?
Ancien : Il fait partit de la seule famille qui a décidé de rester au village avec nous...
Ancien : Il s'est fait abandonner par son seul ami. Pauvre Shiro...

Abandonner.
Cela résonna soudain dans ma tête.
La neige si blanche laissa place à une vaste étendue noire.
Tout devint sombre autour de moi.
Tout se brouilla.