C'était notre 3ème Saint Valentin
Chaque Saint Valentin, la journée démarrait avec des câlins sous une compilation des meilleurs tubes de Nat King Cole.
Chaque Saint Valentin, le facteur venait sonner à la porte avec un bouquet de fleurs et un paquet.
La porte se refermait après le facteur pour annoncer l'heure du bain chaud avec pétales de roses rouges et blanches.
Des bougies parfumées au bois de santal. Il s'occupait aussi de me maquiller, j'étais un vrai jouet entre ses mains, une véritable barbie.
Chaque Saint Valentin, la table à manger devenait le lieu où tout fan de haute gastronomie aurait aimé avoir sa place et surtout, s'il est soucieux de sa ligne.
Non, la Saint valentin n'est pas qu'une affaire de femmes . Oui il existe aussi des hommes romantiques. Lui, il transpirait même le romantisme .
A la fin du repas, il me portait jusqu'à dans la chambre où il me déclarait ses sentiments« Mon ange, tu sais que je t'aime »Je suppose qu'il ne mentait pas
Il me demandait ensuite d'ouvrir le paquet. C'était une robe, c'était toujours une robe. Ce n'était plus vraiment une surprise. Il me demandait de l'essayer« Veux-tu bien essayer cette robe pour moi mon chérubin»A la fin du mot chérubin, son travail de peintre était mis à mal par les larmes que je tentais de toutes mes forces de retenir sans grand succès. Il se chargeait alors de m'essuyer le visage en m'ordonnant cette fois d'une voix agressive, de mettre la robe. Je m'exécutais sans trop de résistance. Son visage s'émerveillait lorsque je finissais d'enfiler celle-ci.
Il enclenchait alors la machine à compliments Il disait qu'il me trouvait très belle dans cette robe Je ne le croyais pas car il ne tardait pas à la mettre en pièces afin d'explorer du bout de ses doigts la moindre surface de mon corps. Il explorait un monde sans défense, il explorait un corps qui venait à peine d'ajouter sa 7ème bougie sur son gâteau d'anniversaire, il explorait un corps totalement à sa merci. Lorsqu'il laissait reposer ses doigts, c'est avec sa langue qu'il entamait la découverte. Du bas ventre jusqu'à mon cou. Je n'arrive pas à effacer l'odeur de sa transpiration ou encore cette épouvantable sensation de son souffle sur moi.La suite de ce qu'il me faisait est encore plus ignobleQuand la femme veut montrer sa méchanceté, le diable s'assoit et prend des leçons, et quand l'Homme se rend esclave de ses vices, le diable commence à caresser l'espoir de redevenir la créature préférée de Dieu. A chaque fois, je levais les yeux au ciel, je voulais parfois le supplier de mettre fin à toute cette douleur de vivre.
Si ma prière a été exaucé, ce n'est toutefois pas comme je le voulaisAujourd'hui il ne veut plus de moi, il ne veut plus que je porte son nom, il m'a raméné à l'orphélinatAujourd'hui je me prépare à nouveau pour défiler devant une nouvelle familleIl n'est jamais trop tard pour repartir à zéro
