1ère Histoire : Pétales et Piranha

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Le journal avait été livré, comme tous les jours, sur le pas de ma porte. Une bouteille de lait lui tenait compagnie. Là aussi comme à son habitude.

Je pris le journal d'une main, me saisit de la bouteille de l'autre et je m'en retourna chez moi. Je fermis la porte à double tour, m'assurant d'avoir baissé le juda et mis la chaînette.

La télé était allumée et, tandis que je servais à Mr Gribouille sa sempiternelle gamelle de lait, j'écoutais vaguement les informations.

"Grand jour pour la famille royale dont le nouveau petit..."

Je zappais

"...un terrible drame secoue le pays et l'on ne sait pas..."

Zap à nouveau.

"...Si je puis me permettre monsieur le Premier Ministre, il est clair que cette affaire est plus gra..."

J'éteignis la télé et tandis que le Mr Gribouille finissait son repas, je prenais le mien en lisant mon journal.

"Horreur à Glasgow où plus de 26 personnes ont subitement disparu. Les autorités enquêtent sur une potentiel secte "l'aurore bénie", très active dans la région et qui pourrait avoir un lien avec ses fameuses disparitions. Pour l'heure, seul le chef de cette secte a été..."

On toquait à ma porte. Un samedi matin de bonne heure c'était plus qu'étrange. Je me levais doucement, jetant le journal sur la table. A travers le juda, je vis une petite fille seule, un grand sourire au lèvre et qui portait dans sa main droite un bouquet de fleurs. J'ouvris la porte.

"Bonjour monsieur ! Vous voulez m'acheter un bouquet de fleurs ?"


"Pourquoi je t'acheterais des fleurs ?" demandais-je, d'humeur maussade. Je n'aime pas qu'on me dérange le matin.


"Pour une bonne cause monsieur, car si vous m'achetez ce bouquet, l'argent sera utilisé à des fins caritatives et pour aider les enfants dans le..."


"Ouais ouais c'est ça j'ai compris...Bon c'est combien ?"


"Oh merci monsieur ! Ça fera 5 pounds !"


Je sortis mon porte feuille et je lui tendis le petit billet bleu...

"C'est vraiment peu cher..."


"C'est pour une bonne cause monsieur."


"J'imagine."


Et elle me tendit le bouquet alors que ces doigts frémissant se posaient sur mon don. Elle me lança alors un sourire encore plus grand que celui qui était déjà gravé sur son visage. Elle me souhaita alors la bonne journée, me remercia de nouveau puis, se fendant d'une petite courbette partis en chantonnant et en riant à gorge déployée.

A nouveau, je verrouillai la porte derrière moi. Les fleurs étaient belles, flamboyantes même, tout en nuance d'orange et de rouge. Je sentis rapidement le bouquet qu'elle m'avait (quasiment) offert. A peine avais-je approché mes narines de ces pétales odorants que je fut obligé de jeter les fleurs au sol, tant l'odeur était insoutenable. Un mélange d'œuf pourri, de déjections canines et de...purée de carottes. Au milieu du fatras de tiges et de corolles mis en pièces et dont le parfum allait croissant dans le nauséabond, je trouvais une petite carte de papier blanc cartonné ou étais écris :

Fictions BarbaresquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant