TW : Lesbophobie ; Transphobie / Enbyphobie
———————————————
[3 mai 2021]
En vrai je pense que même si je ne le réalisais pas au début, j'ai toujours été attiré par les filles. J'avais pas masse de représentation mais j'me souviens de l'apprentie de mon père qui l'était, et que je la regardais avec des grands yeux fascinés pendant qu'elle parlait de sa partenaire. Puis plus jeune, j'ai même embrassé une de mes amies de catéchisme durant un de nos ateliers, c'était assez marrant... Et on s'est faites surprendre par le prêtre. Et en vrai, même si les mots que je me suis pris de sa part étaient violents, le moment avec cette fille est ce qui m'a le plus marqué. C'était mignon, tout innocent. On avait quoi, 9 ans ?
Mais bon, résultat à cet âge là j'étais déjà exposée à de la lesbophobie, ça aide pas trop à s'accepter ensuite. Entre ça et mes traumas, je l'ai pas mal internalisée ma copine la lesbophobie. Ce fut long et douloureux. Et donc ouais... J'ai eu du mal à trouver le label qui correspondait, avec lequel je me sentais bien. C'est que vers 15 ans je crois, j'ai enfin commencer à me sentir à ma place dans les espaces lesbiens, et me sentir concerné. C'était surtout en ligne parce que j'étais méga isolée à l'époque, mais je me sentais bien. J'ai même fait un coming out à mes parents (ptdr) et eu des copines ! Premières histoires d'amour en tant que gouine... un désastre parce que la jeunesse tu connais. Mais c'était cool quand même. Enfin je crois ?
Mais surtout j'me plaisais bien avec ma petite étiquette. Lesbienne, lesbienne, lesbienne, lesbienne, lesbienne... Lesbienne.
Aujourd'hui j'ai 21 ans depuis pile un mois et l'an passé j'ai réalisé que j'étais non binaire. Wow, un nouvel univers s'ouvrait à moi ! Je connaissais déjà ce côté de la communauté lgbtq+, certain-e-s de mes ami-e-s étant trans. Mais moi ? Je n'y avais jamais vraiment accordé plus d'attention que ça, je savais juste que je me foutais un peu de comment on me percevait tant que c'était pas comme un gars.
Et bref. J'ai commencé à porter les deux labels fièrement, deux noms qui à mes yeux étaient complémentaires. Les deux me correspondaient parfaitement. Pour moi le lesbianisme était mon lien avec ma féminité, et je me sentais à l'aise avec ça. Puis j'étais heureuxse comme ça, je vivais simplement ma vie tranquille quoi. Sauf que beaucoup de personnes ne semblaient pas être d'accord. J'ai eu droit à de la transphobie, un tas. Des messages me disant que je ne pouvais pas être les deux, être non binaire et lesbienne. Qu'il fallait faire un choix.
Depuis quand était-ce devenu un choix... ?
On m'a souvent répété à ces moments-là que les seuls termes que je pouvais utiliser pour me définir étaient des termes sous le parapluie bisexuel, ou exclusivement fait pour les personnes non binaires. « Les lesbiennes sont exclusivement des femmes qui aiment exclusivement des femmes », me disait-on. Une définition très binaire qui m'a fait tout remettre en question. En plus de revoir ma façon de me percevoir moi-même, je remettais aussi en question ma façon de percevoir les autres et mon attraction pour elleux. Étais-je réellement attirée par tous ces gens ? Étais-je vraiment en réalité attiré par les hommes aussi, comme on me le disait tant ? M'étais-je menti tout ce temps ? Tellement de questions, pleins pleins pleins, qui ont remué dans mon petit cerveau pendant une année entière. Où j'essayais d'autres labels, essayais de me mélanger et me conformer à d'autres cercles que celui lesbien qui était devenu un peu comme mon petit cocon. Je ne connaissais pas grand-chose en dehors de lui pourtant, j'étais perdu. Je ne savais pas comment percevoir le monde en tant que non-lesbienne à nouveau et ne me sentais légitime dans... rien. Rien, c'est ça. Dès fois, j'avais juste l'impression de n'être rien.
Le pire c'est que pendant ce temps j'en voyais certain-e-s, au-delà des frontières, brandir les deux identités avec fierté. Et je les enviais, ça me manquait. J'avais l'impression d'avoir perdu une place que je n'étais pas censé quitter. Mais il n'y avait qu'elleux, des gens que je connaissais à peine et à qui j'avais du mal à m'identifier. Rien de plus proche, avec qui je pouvais communiquer. J'avais l'impression que leur vécu avait lieu sur une toute autre planète, et que sur moi, cela ne pouvait pas s'appliquer. Puis si je me questionnais autant, c'est que ces gens avaient raison non ? Je devrais être sûr-e de mon identité.
Finalement le jour de la visiblité lesbienne, il y a quelques jours, j'ai parlé de tout cela à un ami, puis à certain-e-s de ces fameuses personnes lesbiennes non binaires. J'ai mis des mots sur tout ce que j'avais ressenti pendant une année entière mais que je n'osais pas admettre, tout ce que j'avais internalisé. Et on m'a rassurée, beaucoup, encore et encore.
On m'a dit c'est possible. Les deux sont compatibles. On m'a répété que je n'étais pas seule. Et que je n'avais pas besoin d'être une femme cis pour être gouine, puis que le lesbianisme n'était pas binaire et ne l'avait jamais été. Donc comment pouvait-on avoir osé remettre en question ma légitimité ?
Aujourd'hui je le redis donc fièrement et avec certitude, comme il y a un an :
Je suis lesbienne. Je suis non binaire. Je suis une gouine non binaire.
(Et bravo les lesbiennes❤️)
———————————————
Témoignage posté sur le compte Instagram @/gouinenonbinaire
(https://www.instagram.com/p/CPYVFf9gUYA)©️ zhuilings
YOU ARE READING
writings
Non-Fictionfrench or english texts i write on various topics / textes en français ou anglais sur divers sujets. ©️ zhuilings / photo & texts