Essais

Ce soir encore

Ce soir encore, je rentre seule avec seule compagnon la Lune aussi solitaire que moi. Mais à ce moment-là, tout devient magique. La solitude est bien là certes, mais une sensation de bien-être m’en protège. Je ferme mes yeux pour apprécier l’instant présent. Je continu néanmoins à marcher à l’aveugle. L’air est frais. Il court sur mes joues au rythme de mes pas. L’air est frais. Il a quelque chose dans le fond qui à l’odeur de la neige. Froid, humide, blanc. L’air est frais. Toujours fermés, mes yeux l’affrontent. Il est comme filtré par mes paupières. Je souris. C’est plus fort que moi. La solitude s’éloigne un instant, je le sen. Mais j’ai peur qu’en ouvrant les yeux, elle ne soit son mon nez. J’ai peur qu’en ouvrant les yeux, tout se termine. J’ai peur en ouvrant les yeux d’affronter la réalité et la solitude. Ce moment que je vis est le seul moment de la journée où la solitude ne m’atteint pas. Mais si j’ouvre les yeux, tout est fini. Je vais bien finir par tomber à marcher à l’aveugle comme ça ! Je ne sais même pas où m’orienter pour rentrer chez moi.
Je rêve. Je rêve de neige, de flocon blanc et d’une feuille blanche. Mes rêves m’éblouissent. Ils sont trop clairs pour la nuit. J’ouvre les yeux. La solitude est accrochée à mon bras. Elle est fatiguée elle aussi. Je lève les yeux au ciel dans l’espoir que la Lune revienne. Le ciel est trop sombre pour laisser paraitre des étoiles. Je ne sais même pas comment je me débrouille pour marcher droit ! Je ne vois rien, il fait trop nuit. Certaines villes essayent de l’éclairer lorsqu’il est trop sombre. Mais c’est impossible, tant que la lumière existera, l’ombre aussi. Ma vue se floute petit à petit. Et de l’eau salée que j’ai croisée bien trop souvent tombe de mon menton. Il n’y a aucun bruit. Il n’y en a jamais eu à mon intention.
Ce soir encore, je rentrerai seule. Et une fois dans mon lit, je noircirai les pages blanches dont je rêvai, dans l’espoir qu’elles me répondent toutes seules. Ce soir encore, nous serons deux dans mon lit…, la solitude et moi…



12/11/2019