Cela fait des heures que la symphonie rassurante des gouttes de pluie résonne dans la pièce. Allongé sur le sol de ma chambre, je fixe ce plafond d'un blanc immaculé. Il pleut autant dehors que sur mes joues et il y a autant de gouttes à s'écraser sur la fenêtre que sur le parquet. Ce ne sont que des larmes silencieuses cachées du monde entier et aucun sanglot ne s'échappe de mes lèvres. Combien de temps suis-je resté ainsi ? Je n'en sais rien, je ne compte même plus les heures.
D'un point de vue extérieur, tout peut paraître calme et silencieux, mais la réalité est tout autre...Mon cœur hurle et mon corps se débat contre cette ombre qui me tire par les pieds et m'entraîne au plus profond des abîmes de l'enfer. Les mots reviennent tel une comptine d'enfance que l'on ne peut jamais oublier et résonnent comme dans un tunnel dans ma tête.
Je ne pense qu'à une chose : mourir...
Dans ce genre de moment, je n'ai jamais eu personne pour venir me consoler. Juste moi dans cette pièce sombre, et seul... Je l'ai toujours été de toute façon. J'ai bien eu des débuts d'amitiés, mais tout le monde finit toujours par retourner sa veste contre moi. Ma vie n'est qu'une remise en question permanente.
Dans les établissements scolaires, il y a deux types de personnes : ceux qui se pensent plus forts que les autres, qui jugent, qui humilient, qui insultent... et il y a ceux qui subissent...
C'est la loi du plus fort. Et moi j'ai subi...
Je n'ai jamais été accepté par les autres. J'ai senti tous ces regards de dégoûts posés sur ma personne. J'ai entendu ces moqueries qui portaient mon nom, ces insultes à mon égard. J'ai vu les gens s'éloigner de moi.
Mais malgré tout, je plaquais ce sourire splendide à mes lèvres faisant croire que tout allait bien. Je cachais ma peine au monde entier.
J'ai finis par croire tout ce qui se disait sur moi, me rabaissant chaque jour un peu plus...
Si au début j'en voulais à la terre entière, j'ai finis par tous leur trouver des excuses. C'est vrai quoi ? Comment je pourrais leur demander de m'aimer si moi-même je ne m'aime pas ? Et puis après tout ils ont raison, je suis enfermé dans un corps qui me dégoûte moi-même.
Et pour toi Minho c'était encore pire. Je t'aimais beaucoup trop pour pouvoir t'en vouloir. Quand tu me disais « ta gueule », je ne pouvais que t'imaginer me dire « je t'aime » ; quand tu utilisais tes lèvres pour critiquer cette enveloppe charnelle que je n'avais pas choisi, je ne pouvais que les imaginer plaquées contre les miennes et quand tes yeux étaient remplis de dégoût à mon égard, je les imaginaient remplis de désir.
C'est malsain, je le sais, mais je t'aimais et je détestais le fait de t'aimer. Je me suis imaginé des milliers de scénarios où tu changeais et que tu t'excusais. Je plaçais beaucoup trop d'espoir en toi alors qu'au final tu étais peut-être le pire et que tu ne changerais jamais...
J'aurais tant voulu que tu ne sois pas comme les autres et que tu t'intéresses plus à la personne que je suis vraiment plutôt que ce à quoi ressemble mon corps.
Quand personne ne me disait rien, c'était mon miroir qui prenait la relève en me criant que j'étais horrible.
Un soir, après une dure journée, j'ai fixé cette glace et je l'ai brisée de mon poing. Je lui avais fais subir le même traitement que tu avais infligé à mon cœur, la réduisant en miettes. Ce jour-là je me suis coupé la main, et quand les premières gouttes de sang se sont écrasées sur le sol, je suis resté de marbre en me mettant à penser que je voudrais que ce soit l'entièreté de mon sang qui se retrouve là.
La vie était beaucoup trop complexe pour moi et je voulais juste cesser d'exister.
Mes premières angoisses sont arrivées, j'avais l'impression de ne plus pouvoir respirer. C'était comme si je me noyais dans un grand Océan, mais que j'étais dans un endroit tellement profond qu'il m'était impossible de remonter à la surface. Les forces me lâchaient et mon monde s'effondrait.
Comment serait-il possible de vivre dans ce genre de conditions ?
C'est assez paradoxal car au final tu étais celui qui me faisait sombrer et en même temps, celui qui me raccrochait à la vie...
J'aurais tellement voulu te faire mien et vivre cette histoire d'amour qui me faisait fantasmer avec toi. Mais tout ça était ridicule parce que toi tu me détestais. J'aurais tellement voulu naître dans un autre corps et peut-être que comme ça tu n'aurais pas prononcé mon nom avec dégoût mais avec amour.
Je me sentais m'effondrer un peu plus à chaque critiques de ta part. « Franchement Jisung, t'as bouffé ta famille ou quoi ? » ; « Bah aller Jisung, cours un peu plus t'as pas assez maigri aujourd'hui ! »
J'aurais tellement voulu que tes critiques ne m'atteignent pas, mais je ne suis qu'un faible qui se laisse abattre à la moindre petite insulte. Je ne sais rien faire d'autre que pleurer ; je suis incapable de me défendre. J'ai toujours été faible et je resterai faible...
Je me souviendrai toujours de la première fois que je t'ai vu. C'était le tout premier jour de sixième, on venait d'entrer au collège. Tu étais totalement perdu et tu m'as approché avec un magnifique sourire pour me demander de rester avec moi. C'est dès ce premier instant que j'ai commencé à tomber pour toi. Tu étais un garçon formidable et tout le monde t'enviait pour ta beauté. C'est pour cela que tu t'es vite fais des amis qui te ressemblaient, comme si nous ne faisions pas partie du même monde. Je n'ai jamais eu d'amis avant toi et tu fus mon premier abandon, mais aussi le plus douloureux.
J'ai tant espéré de toi, de ta personne. Je te voulais toi et nul autre. Je te jure que si j'avais pu choisir, je serais tombé amoureux de quelqu'un d'autre et non de toi qui me faisais souffrir tous les jours. Mais malheureusement c'est le genre de chose que l'on ne décide pas...
Peut-être que dans une autre vie où la société n'est pas basée sur les apparences, nous aurions pu vivre heureux toi et moi. Mais le monde est ainsi et je ne peux rien faire face à cette situation.
« Que quelqu'un m'aide, je vous en supplie » dis-je dans un soupire alors qu'une énième larme coulait.
Je n'ai jamais eu d'aide de la part de personne ; le monde se fout de mon existence... Je ne suis qu'un putain de paumé qui ne sait que se morfondre alors qui voudrait s'intéresser à moi ? Aux yeux de tous je n'en vaut pas la peine, je ne suis qu'une cause perdue à tout jamais... Et ils ont très certainement raison, je ne sais que me plaindre.
Je décidai de me lever n'en pouvant plus de fixer ce plafond. Ma chambre est dans un désordre total, comme mon esprit en ce moment même. Pieds nus, je décide de me rendre dehors sous ce temps glacial. La pluie s'abat sur moi me provoquant de grands frissons le long de l'échine. Mes vêtements collent à ma peau laissant une sensation désagréable, mais je m'en fous.
Les gens dans leur voitures me regardent comme si j'étais un dégénéré et je ris rien qu'à cette pensée. Ils n'ont peut-être pas tord après tout. Mais personne ne s'arrêtera jamais pour me dire quoi que ce soit ou me tendre un parapluie par gentillesse, parce que je ne suis rien, je ne suis personne.
Alors dans un élan de courage, mes pieds quittèrent le trottoir pour me mener au centre de cette route. Les klaxons se mirent à retentir pour me ramener à la réalité. Mais ils n'avaient pas compris que mon choix était déjà fait. De toutes façons, à qui vais-je manquer, moi, Han Jisung, le lycéen accepté par personne ? Une chose est sûre, je ne vais pas te manquer à toi Minho, n'est-ce pas ?
Sous la pluie battante, une voiture ne me vit pas, et c'est à ce moment que je poussais mon dernier souffle, quittant enfin cet enfer que tu m'avais construit.
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~Dans la noirceur de mes pensées~Minsung
FanfictionLa vie n'est facile pour personne, mais c'est encore pire quand Jisung tombe amoureux de son bourreau. "C'est assez paradoxal car au final tu étais celui qui me faisait sombrer et en même temps, celui qui me raccrochait à la vie..."