Chapitre XXIX

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La tête dans mes oreillers, j'essaie en vain d'effacer le sourire qui me pend au lèvres. "Je l'aime, plus que ma propre vie". Wow, ces mots me font toujours autant de papillons dans le ventre. C'est affreux, je suis retombée si rapidement. Au fond du gouffre, plus qu'avant, plus fort qu'avant. J'ai l'impression que tout les sentiments que j'ai essayé d'étouffer pendant ce dernier mois ont repris le dessus, cachant tout le reste. Toute la haine, la rancoeur et l'amertume que j'avais pour lui se sont envolées. Argh, c'est terrible !

Je me lève, l'heure du dîner va sonner et je dois faire comme si de rien n'était. Comme si je le détestais toujours autant. Je recoiffe mes cheveux en un chignon maladroit et inspectionne mon visage. Je suis comme toujours, mais c'est ce qu'il aime non? Je souris à nouveau et me laisse tomber sur mon lit. Alors c'est ça que ça veut dire? Être dans un nuage.

Je descends les escaliers lentement, j'entends déjà sa voix. Il parle avec Diego, débattant sur l'utilité de dîner tous ensemble, tout les jours. Cinq défend que parfois, même plus que parfois, il aimerait pouvoir manger seul. Diego rétorque que Cinq est déjà pas mal absent durant la journée et que passer trente minutes avec eux ne le tuerait pas. Afin de ne pas y aller seule, je vais voir Klaus qui contemple l'armoire d'alcool.

- salut Ashley.

Je réponds un petit salut et soudainement, il se retourne vers moi et prend mes épaules.

- je ne buverai pas. Aide moi à aller manger sans attraper ce rum.

Je rigole et prend sa main pour l'aider à aller s'assoir. Il prend place à table et me remercie. Je sens le regard perçant de Cinq sur moi, mais je l'ignore. Il s'assoit loin de moi, ce qui facilite les choses pour lui et pour moi je suppose.

Le repas terminé, j'aide à débarrasser jusqu'à la fin. Cinq est déjà parti quand j'ai fini et je monte aussi. Sa porte est fermée et je n'entends aucun bruit. Il ne compte pas me le dire ? De toute façon, comment aurais-je réagis ? C'est ridicule. Je ne peux pas simplement tout quitter et tout risquer à nouveau parce-que lui a réalisé qu'il voulait bien de moi. Après tout ce qu'il m'a dit.

Je m'assois sur le lit, plus sûre de rien. Mon nuage s'est assombri. Exaspérée, je me laisse tomber contre mon oreiller. Les larmes menacent mes yeux et je peine à les retenir. Depuis tout ça, depuis lui, je suis devenue beaucoup plus sensible qu'avant. J'ai l'impression de passer mon temps à pleurnicher.

Je me souviens, quand je l'ai vu pour la première fois. C'était dans le manoir des Beauvais, et il m'avait paru tellement différent. Tellement...enfin Cinq quoi. Ce garçon beau, égoïste et insupportable. Le garçon pour lequel je pourrai mourir, ce garçon qui me fait vivre. L'embrasser, le toucher, être avec lui, c'est comme une bouffée d'air. La liberté elle même. Je me sens enfin, vraiment moi quand je suis avec lui.

Une heure, deux heures puis trois. Mes paupières ne voulant absolument pas Se fermer je souffle, assise le front contre le carreaux de la fenêtre. Je regarde la lune, je la regarde tout éclairer et je regarde les étoiles, gravées dans l'obscurité. Depuis quand suis-je devenue poétique ? La fatigue sûrement.

Je souffle et attrape un long et gros pull. Le pull enfilé et la porte de ma chambre refermée derrière moi, je descends les escaliers vêtue de mon pyjama. Je traverse les couloirs sombres qui m'auraient effrayés auparavant et ouvre la porte arrière. Celle qui donne sur le jardin fermé. Ici, les plantes fleurissent et l'herbe est douce. Mais il est là représentation même de l'emprisonnement, entouré par un long mur. Heureusement, il n'y a pas de toit et l'air est frais. Il y a encore tellement de pièces dans ce manoir que je n'ai pas encore découvert.

Je m'assois sur l'herbe qui est humide. Mais je m'en fiche. Je lève la tête, le ciel est aussi beau que vu de ma fenêtre. Un bruissement derrière moi me fait sursauter. C'est seulement quand je vois sa silhouette s'installer près de moi que je lâche l'air que je retenait, rassurée. Il ne dit rien, lève simplement la tête pour contempler les étoiles.

𝑻𝒉𝒆 𝒍𝒐𝒔𝒕 𝒎𝒆𝒎𝒃𝒆𝒓.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant