Textes Quelconques

Guerre

Elle est magnifique, rayonnante lorsqu'elle sourit. Elle fait toujours de son mieux pour aider les autres, peu importe qui ils sont. Elle est là pour les rassurer, leur dire qu'ils méritent mieux et qu'ils sont importants. Mais ont-ils déjà fait le moindre geste pour elle ? Non, mais peu importe, elle semble ne rien attendre en retour. Donc elle sourit pour eux.

Ce sourire qu'elle arbore chaque jour qui passe, aussi beau soit-il, n'est en vérité rien de plus qu'un masque qu'elle a réussi à se forger pendant toutes ces années. Chaque fois qu'elle le porte, ça la détruit un peu plus, ne faisant qu'enfouir encore plus profond tous les malheurs qui la rongent.

Elle peut encore sentir ces mains, de différents hommes, toutes aussi ignobles les unes que les autres, qui parcourent son corps bien trop jeune. Elle ressent encore leurs souffles, s'écrasant violemment sur  son visage d'enfant. Avait-elle fait quelque chose pour leur signifier qu'ils avaient le droit de déposer ces marques indélébiles sur sa peau douce ? Malheureusement, aujourd'hui encore, elle repense constamment à ces moments de détresse, où personne n'est intervenu. Même elle n'en a pas eu la force, terrifiée à la vue de ces hommes bien plus forts et âgées qu'elle. Quoi que, un d'eux n'était pas si âgé que ça. Il était même plus jeune qu'elle. Mais elle pensait et pense encore aujourd'hui, pour mon plus grand malheur, que c'était sûrement de sa faute. Elle n'arrive pas à assimiler l'idée qu'elle a été la victime de cette triste histoire. Chaque jour, elle ressent une culpabilité infâme pour ces fois où elle n'a pas su réagir devant la terreur que sont les hommes.

Aujourd'hui, lorsqu'un homme, peu importe son âge, son ethnie ou son apparence, commence à se battre et à hausser le ton, elle sent une peur incontrôlable envahir son corps meurtri par les années et les gens. Elle s'écarte du mieux qu'elle peut de tout ce bruit qui lui assaille les oreilles, tremblante de peur devant ce spectacle. Une peur dont elle connaît la provenance, et qui lui fait terriblement de mal à chaque fois qu'elle y pense.

Cet homme, celui censé la guider à travers les épreuves et l'aider à devenir une femme forte, n'est jamais resté auprès d'elle et est également l'une des nombreuses sources de ses malheurs. C'est dur pour elle, de ne pas avoir un exemple masculin dans sa vie. Elle ne comprends pas pourquoi il l'a laissée, pourquoi il n'est pas près d'elle alors qu'elle a besoin de quelqu'un pour l'aider à garder la tête hors de l'eau.

Heureusement, malgré ce qu'elle pensait, une personne est restée. Je ne veux pas faire l'éloge de cette personne, mais je la remercie de tout mon cœur pour ne pas avoir laissé cette âme souffrante vagabonder dans le noir. Si elle n'avait pas été là, la jeune fille ne serait peut-être déjà dans un
autre monde. Je la remercie de la soutenir comme elle le peut et de l'encourager à comprendre que ce n'était pas de sa faute. Elle est fière d'être l'amie d'une personne aussi forte que cette personne.

En effet, chaque jour, elle observe son amie se battre contre son passé, son présent et peut-être même son futur. Cette femme, aussi forte qu'elle l'est aujourd'hui, ne peut cependant empêcher des larmes de s'écouler de ses yeux. Une réaction humaine, elle-même est humaine mais elle pense tout de même que laisser cette eau couler n'est qu'une forme de faiblesse. Trop dure avec elle-même, elle se haït quand ses yeux débordent. Alors, pour tout évacuer, sa colère, sa peine, son désespoir, sa haine, elle a un jour prît un stylo argenté et l'a doucement fait glisser sur sa peau, laissant sur son passage une encre rouge. Elle a réussi s'arrêter, gardant sur elle des traces de guerre, une guerre qu'elle a mené et qu'elle mène encore contre elle-même. J'espère cependant qu'elle arrivera à cesser ce combat, qu'elle arrivera à pardonner, accepter et faire la paix avec son ennemie.