Ton cœur va fondre comme une glace

Chapitre 5 : Glace à la noisette

Le soleil se couchait sur la ville, Yangyang déambulait dans les rues. Il était seul et vide. Bien que ses amis soient souvent avec lui et toujours présent pour lui remonter le moral, ce soir là, il était seul. Pas qu'il n'ait de vrais raisons d'être triste. Il avait des parents formidables, des amis sincères, suffisamment d'argent pour vivre comme il le voulait, des résultats scolaires satisfaisants, tout ce que n'importe quel jeune de son âge voudrait. Pourtant, il se sentait vide.

Il n'en avait parlé à personne. Il était comme ça, quand ça n'allait pas, il gardait les choses pour lui. Il avait peur d'ennuyer ses amis avec ses faux problèmes. C'était ridicule, il savait très bien que personne dans le groupe ne le jugerait, tout comme personne n'avait jugé Ten et sa haine des fruits ou Hendery et sa phobie des grenouilles. Pourtant il avait peur. Peut-être était-il trop perfectionniste et avait-il tout le temps peur de décevoir. Ou peut-être avait-il juste peur que ceux qui lui sont chers l'abandonnent.

Un soupir s'échappa de ses lèvres, il était fatigué. Pourtant, il dormait suffisamment. Mais moralement, il était épuisé. Son cerveau carburait trop vite et sans arrêt, ça le rendait dingue.

Alors, comme par automatisme, ses pas le menèrent dans le centre ville, direction la petite boutique de glaces.

Il marchait dans la rue, les mains dans les poches de son jean, la capuche de son sweat noir sur la tête, ses chaussures jaunes tapant contre le sol. Il releva la tête lorsqu'il entra dans la rue du commerce et se stoppa face au spectacle sous ses yeux.

Kun était assit à la terrasse de son échoppe, profitant des derniers rayons que le soleil avait à offrir. Son visage à moitié éclaircie par la lumière orangé semblait provenir tout droit d'une œuvre d'art. Il ne portait pas son tablier, mais un pantalon noir ainsi qu'une chemise légère, blanche, aux manches retroussées.

Yangyang ne pouvait détacher ses yeux de ce magnifique spectacle. Il était comme hypnotisé.

Il ne savait pas combien de temps il était resté ici, a contemplé la définition même de beauté, mais lorsque Kun se releva et ouvrit les yeux pour regarder tout droit dans sa direction, Yangyang revint à la réalité.

Le vendeur lui sourit et Yangyang le lui rendit. Il s'approcha lentement de lui et fut à nouveau ébahi.

Ses yeux noisettes reflétaient une étincelle intensifiée par la lueur du soleil couchant. Yangyang percevait dans son regard une multitude de sentiments. Il était si expressif, si intense, Yangyang avait peur de se noyer dedans.

-Salut.

Kun souriait toujours, mais un peu plus tristement cette fois.

-Tu n'as pas l'air dans ton assiette aujourd'hui.

Yangyang le regarda surpris. Personne ne voyait jamais quand il était triste.

-Comment tu le sais ?

Kun avait un air malicieux sur le visage.

-Je suis magicien.

Yangyang haussa les sourcils, blasé.

-Non, plus sérieusement, il manque cette petite pépite qui rend ton regard... adorable.

Yangyang sentit ses joues rougir. Il baissa la tête et regarda ses pieds, ne sachant pas quoi répondre.

-Allez, viens tout me raconter autour d'une bonne glace. Tu es venu ici pour ça, n'est-ce pas ?

Yangyang acquiesça, sans préciser au petit vendeur qu'il était surtout venu pour le voir lui.

-Je te sers quoi ?

Kun avait remis son tablier et se dirigeait derrière le comptoir.

-Une glace à la noisette comme...

-La couleur de tes yeux !

Yangyang sourit à l'interprétation de Kun. Ils se regardèrent un instant, puis Kun servit une glace à son plus fidèle client, se permettant de l'accompagner dehors, pour l'écouter raconter ce qu'il avait sur le cœur.

En rentrant chez lui ce soir-là, Yangyang avait le cœur plus léger, mais plus gonflé d'amour que jamais.