𝐈𝐧𝐭𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧

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                    • 𝐈-𝐧-𝐭-𝐫-𝐨-𝐝-𝐮-𝐜-𝐭-𝐢-𝐨-𝐧 •


ʅe bruit de sifflement dans mes oreilles.
Le monde autour de moi est flou, tout se confond en une masse de sons et de couleurs indistincts.

L'eau est froide, si froide qu'elle semble me brûler la peau.

Une vague salée me submerge, et je bois la tasse, encore une fois. Je tousse, ma gorge me brûle, mes yeux picotent, et je sens le goût amer du sel dans ma bouche. L'océan me paraît infini, s'étendant autour de moi comme une toile sombre et sans fin. Je m'accroche à un morceau de métal flottant, une partie du siège sur lequel j'étais assise avec mes parents. Mes doigts sont blancs, crispés sur le débris, mes jointures douloureuses.
Tout est calme et pourtant, sous ce calme, je sens la terreur qui gronde. L'odeur de la mer est omniprésente, si forte que j'ai l'impression qu'elle pénètre en moi, remplissant mes poumons à chaque inspiration.

Je tente de regarder autour de moi, mais mon corps est lourd, engourdi, comme si chaque mouvement demandait une force que je n'ai plus. Les vagues me balancent doucement, comme pour me bercer, et dans le lointain, j'entends des appels lointains, des éclats de voix mêlés aux bruits de l'eau. Mais personne ne semble venir.

Je me concentre alors sur un homme à proximité, son visage marqué par la peur, ses bras qui battent l'eau avec frénésie.

Je ferme les yeux un instant, fatiguée, essayant de me souvenir de l'instant juste avant...

Le bruit assourdissant, puis l'impact, la douleur fulgurante. Maintenant, il n'y a plus que moi, seule au milieu de cette immensité, accrochée à ce débris, mon seul lien avec le monde.


15h30

— Petite fille, réveil-toi.

Une voix m'interpellait, douce mais insistante, perçant le silence épais qui m'enveloppait. Lentement, j'ouvre les yeux. Un visage inconnu est penché tout près du mien, des yeux gris inquiets fixés sur moi. Je cligne des yeux, essayant de comprendre, de rassembler mes pensées qui flottent comme des bribes éparses. Je suis allongée dans un siège en cuir, pas dans l'océan. Autour de moi, le bruit de moteurs, l'odeur de désinfectant.

L'homme en uniforme me parle doucement, mais je ne comprends pas tout de suite. Ses mots sont flous, comme s'il parlait à travers une épaisse couche de coton. J'ai envie de lui dire que j'étais dans l'océan, que l'eau était glacée, que je me suis accrochée aussi fort que j'ai pu... mais les mots restent coincés dans ma gorge.

Il me parle de sécurité, de secours, de survie.

Je cligne des yeux à nouveau et, au-delà de la fenêtre, je vois le bleu de la mer, calme et trompeur. Les vagues ondulent sous le soleil, si paisibles que j'en oublie presque la scène qui se dévoile plus bas.

Des corps flottent dans l'eau.

Mon cœur se serre alors que je reconnais des visages familiers parmi eux, des visages figés dans une expression d'effroi ou de paix étrange. Ils semblent si petits vus d'ici, réduits à des formes immobiles.

Mon regard tombe sur elle, ma mère, juste à côté, son corps immobile, flottant parmi les vagues. Ses yeux sont ouverts, fixes, d'un vide qui me glace. Sa peau est pâle, presque blanchâtre sous le soleil, ses cheveux flottant comme des algues autour de son visage. Je veux détourner les yeux, mais je ne peux pas. Je suis figée, captivée par cette vision irréelle.

Quelqu'un referme doucement la fenêtre, et le bleu de l'océan disparaît. La voix de l'homme résonne encore à mes oreilles, mais je ne l'entends plus.



𝐒𝐡𝐮𝐭 𝐃𝐨𝐰𝐧- 𝐉. 𝐉𝐮𝐧𝐠𝐤𝐨𝐨𝐤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant