Menaces et Réprimandes

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Chapitre 2 :

Menaces et Réprimandes


Ogre. C'était la seule chose à laquelle le regard de ma mère me faisait penser. Imaginez le regard d'un loup affamé, prêt à dévorer une brebis épouvantée. Alors qu'elle me regardait sans dire un mot, j'étais pétrifié, et terrifié par la sentence qu'elle prononcerait. Tout ce que j'espérais c'est qu'elle ne se rende pas compte que j'avais aussi sommeil parce que je n'avais pas dormi de la nuit. Et si elle en connaissait la raison, elle pourrait confisquer ma console de jeux, ou pire, la casser sous mes yeux, car je savais qu'elle en était capable. La minute de silence passée, elle laissa tomber le seau d'eau vide de sa main et prit la parole.

- Je dis hein ? Est-ce que tu sais quelle heure il est ? Je ne comprends pas un tel degré d'inconscience ! Ainsi, tu veux recommencer sur le même diapason que celui de l'année dernière ! Je te préviens une fois encore : Dans cette maison, l'échec n'est pas une option, et ça, tu le sais... non mais regardes ce que tu es devenu... comment as-tu pu tomber aussi bas ?

Ma mère marqua un nouveau temps de silence après cette dernière question qu'elle venait de poser, comme si elle avait elle-même trouvé la réponse. Je levai discrètement la tête, et j'entraperçus dans son regard une pincée de tristesse et de regret. Elle arrêta là son sermon et sortit de ma chambre. Je me levai alors nonchalamment de mon lit ; j'enlevai le drap mouillé, puis, je pris ma serviette et j'entrai dans la salle de bain. Après avoir enlevé mes vêtements je m'assis sur le WC, mais au lieu de faire ma commission journalière, je me remis à penser à la fille de mon rêve... Mais à peine ces pensées me traversèrent l'esprit, j'entendis ma mère qui frappait déjà à la porte des toilettes.

- Daniel ! Daniel !

- Oui Mama...

- Pourquoi est-ce que je n'entends pas l'eau couler ? je suis sûre que tu es encore en train de rêver sur le pot. Si tu t'es réveillé tard comme ça, c'est sûrement parce que vous avez joué au Game hier soir ! Si tu n'es pas prêt dans dix minutes, je casse votre console.

Il est clair que ma mère venait de toucher la corde sensible de l'adolescent que j'étais alors, car cette dernière menace eut sur moi un effet catalyseur. Tout d'abord, elle me constipa ; ensuite, toute mon envie de dormir se dissipa. Quatre minutes suffirent pour que je sorte des toilettes, et huit minutes plus tard, j'étais habillé, et prêt à partir à l'école. Ma mère me rejoignit au salon pour me remettre mon argent de poche.

- Est-ce que tu as sorti ton matelas ? Me demanda-t-elle le regard toujours sévère.

- Non Mama... Il pleut dehors.

- Et puis ? Tu ne peux pas le mettre sur la véranda arrière ? tu comptes dormir par terre le soir ? ou alors tu ne comptes même pas dormir ?

- Non Mama, je vais dormir. Lui répondis-je, inquiet pour le futur de ma console de jeux.

- Non Mama, je vais dormir singea-t-elle tout en grimaçant.

Elle se retira ensuite dans la sa chambre. Je profitai alors pour faire sortir le matelas mouillé. Sur le chemin de la véranda arrière, je croisai mon oncle qui m'intercepta, curieux de savoir ce qui s'était passé.

- C'est comment ? Tu as pissé au lit ?

- Non Tonton... ce n'est que de l'eau.

- J'ai déjà entendu cette excuse quand tu avais treize ans. C'était effectivement de l'eau, mais de l'eau mélangé à de l'urine.

- Non Tonton, cette fois c'est juste de l'eau que Mama a versé sur moi parce que je dormais encore à six heures trente.

Nos plus belles annéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant