Dans chacune des fissures de murs, je vois le chemin emprunté de ta voiture jusqu'à l'exposition.
Du baiser échangé au côté passager et le moment d'hésitation avant de poser tes lèvres sur les miennes.
Il y a toujours assez de place pour un silence indiscret pas si étrange, familier au calme qu'il apporte.
Juste assez de place pour que le vent passe à travers nos vêtements et frôle nos peaux, assez pour nous faire frissonner.
J'étais trop à l'étroit et maladroite dans mes pas. Je glissais sur ce tapis de glace et les mots m'échappaient afin de continuer cette conversation qui n'était pas si banales.
Nous avons emprunté un chemin restreint, un raccourci guidant vers la porte. Nous attendions en ligne pour porter nos manteaux au gens du comptoir. La demoiselle me donna un coupon que j'ai placé à l'arrière de mon téléphone. J'étais ravis de garder ce bout de papier. Nous nous dirigeons vers la salle et à notre surprise, elle n'était pas remplie, on ne pouvait pas se dire mécontent.
De grosses pierres servaient de banc, elles étaient tous occupées. Nous nous sommes sentis alaise de se poser sur le sol, un peu poussiéreux. Une place sur un rocher s'est libérée, j'ai couru vers celui-ci avant qu'elle soit prise, je l'ai vu avant toi.
Te voilà de nouveau à mes côtés et moi au tienne. Ce silence refait son apparition et si installe avec plus d'aisance. Les sons parcourent la place, en se dirigeant de gauche à droite. Mon regard se balade d'une toile à l'autre et du coin de l'œil, je te regarde, mais seulement pour un instant. La douceur des violons et la mélancolie du piano sont en parfaite harmonie, on se dirait dans un film. Les peintures défilent et je te pointe du doigts mes favorites. On voit au loin, derrières les toiles, un photographe qui essaye de se faire discret, mais nous l'avons vite aperçu, comme ce rocher tout à l'heure, sauf que cette fois-ci, tu t'es fait plus rapide.
Pour la première fois, tu posas ta main sur la mienne. J'ai serré tes doigts fermement. À ce moment, tu as tracé un recoin de chambre, une autre fissure aux murs qui me donna accès à une corde sensible. À ce moment précis j'aurais voulu seller t'es lèvres, mais j'avais le souffle coupé, alors nous avons remédié motus et bouche cousue. Je faisais attention au mot que j'allais prononcer, je crois que je te plais et tu me plais aussi, c'est vrai.
