Le sang des Comètes - Partie I : Sophia

En route

Les rayons de soleil dépassaient de la montagne depuis à peine une vingtaine de minutes que l'on toqua à la porte. En jetant un coup d'œil par la fenêtre de la cuisine, Sophia constata qu'Argan était venu la chercher. Après tout, il venait de passer une semaine sans lui donner de nouvelles. Elle alla lui ouvrir la porte. Il lui offrit un sourire chaleureux avant d'entrer dans la maison. Même si sept jours déjà étaient passés, elle n'arrivait pas à comprendre comment pouvait-il être si enjoué alors qu'ils avaient failli en venir aux poings. Mais bon, si lui était passé à autre chose, mieux valait qu'elle suive son exemple.

- J'ai d'excellentes nouvelles pour vous, fit il en s'installant sur le canapé du salon.

- Ah bon ?

- L'épreuve se déroule aujourd'hui. Je vous y emmène.

Sophia ne put cacher sa surprise. Elle savait que l'Ordalie devait avoir lieu dans les jours à venir, mais ils ne lui avaient jamais donné de date précise. Et elle espérait au moins avoir eu le temps de se préparer.

- Mais...

- Quoi ? Vous vous dégonflez ?

- Non, mais c'est assez soudain. Je ne sais pas où ça se trouve, que faire de ma fille, combien de temps ça va prendre...

- Ah oui, votre fille. Nous avons négligé ce détail...

- Pour un peuple « supérieur », c'est surprenant.

Argan fit une moue agacée, avant d'expliquer :

- Nous avons dû prendre nos précautions vis à vis de certains.

- Qui ?

- Vous n'êtes pas concernée. Pas encore.

Il ne servait à rien de questionner d'avantage l'Impérion. Sophia avait bien compris qu'ils ne lui donneraient aucune information tant qu'elle n'en serait pas digne selon eux.

- Ça ne résout pas le problème de ma fille.

- N'avez vous personne qui puisse s'en occuper jusqu'à votre retour ?

- J'ai bien une idée... Mais il nous faudrait faire un détour pour la déposer. Et que je sache si c'est possible.

- Un long détour ?

- Oui.

Argan parut contrarié.

- Ça ne plaira pas à Syndar, marmonna-t-il. Enfin bon, faites ce que vous avez à faire, c'est de notre faute après tout.

- Alors il faut que l'on s'éloigne d'ici, d'abord. Je ne veux pas passer d'appel dans cette maison.

Elle alla réveiller sa fille, mais se retourna avant d'être sortie du salon.

- Ah, et serait il possible de manger avant de partir ?

Et comme pour accompagner ses dires, son ventre émit un léger gargouillement.

*

Alors qu'elle conduisait à travers les routes sinueuses qui descendaient dans la vallée, Sophia regarda le message qu'elle venait de recevoir.

- C'est bon, fit-elle. Roseline peut garder ma fille aujourd'hui, et pour les quelques jours qui viennent si besoin.

- Parfait. Mais ne risquez vous pas d'être repérée si vous utilisez vos téléphones pour communiquer, questionna Argan.

- Si. C'est pour cela qu'elle a mis du temps à me répondre, et qu'on roule dans la mauvaise direction depuis une heure ou deux.

L'Impérion incrédule, regarda la conductrice, avant de prendre sa tête entre ses mains de désespoir.