⚠ TW suicide, violence, mutilation ⚠
Avant de lire cette fic, je vous invite à aller lire mon os "Je te laisserai des mots", en rapport avec cette histoire, permettant une meilleure compréhension du chapitre 3. Bien sûr, la lecture de cette fic est tout à fait possible sans l'avoir lu en amont.
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Avait-il seulement déjà couru aussi vite ?
La feuille dépliée dans sa main était froissée par le vent, et manquait de se déchirer à divers endroits. Il avait abandonné son chapeau, quelques mètres en arrière, qui s'était envolé à cause de sa course effrénée, bien qu'il tentât de le maintenir en place, exerçant une pression de la main gauche sur celui-ci. Il pensait à sa moto, lui arrachant une moue de colère. S'il l'avait enfourchée, il serait arrivé depuis bien longtemps ! Peut-être l'être qu'il cherchait à sauver était d'ores et déjà mort, et qu'un trajet en moto l'aurait empêché de commettre cet acte ? Chûya s'accrochait à l'air qui lui permettait d'avancer, comme il espérait que Dazai s'accroche à la vie.
Son long manteau, porté telle une cape – qu'il imaginait être celle d'un super héros – ne tarda pas à quitter ses épaules maigres et pointues, puis il s'échoua sur un banc, éclairé d'un lampadaire autour duquel volaient quelques lucioles qu'il venait de croiser, mais qu'il n'avait pas eu le temps de compter. Les longues manches de son manteau trainaient sur le sol, humide de la pluie tombée quelques heures auparavant. Chûya n'en doutait point, il retrouverait ses vêtements les plus chers à son cœur, cependant, il doutait fortement de retrouver celui qui était le plus cher à son cœur.
Ses doigts agrippaient fermement le papier, orné de l'écriture angélique, soignée, de Dazai. Des ratures y figuraient, et, malheureusement, Chûya n'était pas parvenu à les déchiffrer, lui coûtant un trou dans son bureau lorsque son poing s'était abattu dessus, plein d'énervement.
Il rentrait d'une mission, accomplie à la perfection, quand il s'était avachi sur son bureau, et avait remarqué l'enveloppe habituellement inexistante au-dessus de sa pile de papiers, extrêmement mal organisée ; elle manquait de se renverser à la moindre brise qui parcourrait sa chambre. Il n'avait même pas pris le temps de la balancer sur son lit. Depuis qu'il l'avait ouverte, il courait, courait, courait et courait, toujours plus vite, étendant ses jambes toujours plus loin, à lui en déchirer les muscles.
Il souhaitait crier, hurler le prénom de Dazai. Peut-être l'entendrait-il, peu importe où il se trouvait ? Cependant, ses poumons manquaient de s'arracher, et ses tripes d'être vomies à la moindre ouverture de la barrière qu'était sa bouche.
Une voiture faillit l'écraser. Il resta planté sur la route, se remettant de ce quasi choc. Si ça continuait, il allait y passer. Mais si cela lui permettait de rejoindre Dazai lorsqu'il aurait découvert son corps, il se jetterait de lui-même, sous le plus volumineux des camions, même.
Chûya reprit sa route, il se remémorait le chemin qu'il avait emprunté tant de fois pour espionner Dazai et être sûr qu'il allait bien. Quand, à la Mafia, on le questionnait sur sa promenade – journalière, on peut le dire – il répondait qu'il était parti admirer les bouteilles de vin chez le tavernier du coin, mais, à part le nom du responsable, il ne connaissait l'emplacement d'aucune des bouteilles, et si on lui demandait laquelle lui plaisait le plus en termes de goût, il disait qu'il y en avait trop pour décider, omettant son ivresse à chaque fois qu'il buvait, l'empêchant de s'en rappeler.
Il apercevait les portes de l'Agence des Détectives armés, à seulement deux rues de sa position. Chûya leva alors la tête, et bingo ! une fenêtre semblait ouverte, bien qu'il eût du mal à voir dans cette nuit noire. Grâce à sa capacité, il s'éleva dans les airs, à la hauteur approximative de la fenêtre, passa au-dessus des rues, esquivant les nombreuses voitures, et s'infiltra dans l'agence, dont la fenêtre était bel et bien ouverte. La gravité le reposa au sol, tandis qu'il balayait la pièce du regard, à la recherche d'un seul des petits – exaspérants, pour être plus exact – amis de Dazai, ou de Dazai lui-même.
Personne.
Ce qui paraissait plutôt normal pour une pièce plongée dans le noir.
Chûya s'aventura entre ce qu'il devinait être des cartons et les pieds des chaises afin d'atteindre la porte. Il l'ouvrit, doucement, souhaitant éviter la crise cardiaque à la première personne qui le verrait.
- AAAH !
Loupé.
- Oh c'est vous Chûya, vous m'avez fait une de ces peurs ! s'exclama la voix aiguë d'Atsushi.
- D'accord Tigrounet j'en ai rien à cirer, dis-moi plutôt où est Dazai.
Atsushi le fixa, visiblement déboussolé. Qu'est-ce qu'il est long à la détente ce gamin ! pensa Chûya, si fort qu'il crut qu'Atsushi l'avait entendu lorsqu'il le vit baisser le regard et se gratter la nuque.
- Bon, j'ai l'impression que tu as quelque chose à me dire. Tu m'en fais part, si ça ne te dérange pas ?
- Eh bien, Dazai ne s'est pas présenté de tout l'après-midi. J'ai moi-même essayé de le trouver mais aucune trace. J'ai donc pensé qu'il était avec vo-
Ses yeux s'écarquillèrent, sa bouche s'entrouvrit, son index pointa le torse de Chûya :
- Comment ça : « Dis-moi plutôt où est Dazai. » ?! Tout ce temps il n'était pas avec vous ?! Et d'ailleurs, comment êtes-vous entré ?!
Très long à la détente...
- De 1 je ne vois pas pourquoi il aurait été avec moi. De 2, si je te le demande, c'est qu'il n'était pas avec moi. De 3, vous avez oublié de fermer une fenêtre, super pour des gens soi-disant organisés et intelligents. Si je n'étais pas là pour autre chose j'aurais pu tous vous prendre par surprise et PAF ! plus de binoclards qui me tapent sur le système.
Atsushi eut un léger mouvement de recul, sûrement suite au « PAF ! » accompagné d'un Clap ! des mains, un peu trop agressifs, ce qui ne dérangeait aucunement Chûya. Voir sa tête de chiot apeuré le mettait toujours de meilleure humeur.
- Bon, soupira Chûya, agacé du temps qu'Atsushi lui prenait et qu'il devrait mettre à la recherche de Dazai, quel est le dernier moment où tu as vu Dazai et quelle est la dernière chose qu'il t'a dite ?
Celui à la chevelure blanche réfléchit quelques instants, sembla hésiter, puis affirma d'un ton mi-calme, mi-terrorisé :
- La dernière fois que je l'ai vu il partait de l'Agence, une enveloppe à la main. Je lui ai alors demandé où il se rendait et à qui la lettre était-elle destinée. Il m'a simplement confié qu'elle contenait quelque chose d'important, que je ne devais pas m'inquiéter s'il rentrait un peu plus tard que d'habitude.
Eh merde.
- Une idée de l'endroit où il pourrait être, tout de suite, maintenant ?! Le premier endroit qui te passe par l'esprit lorsque tu penses à lui ?
- La plage ?
Comment n'avait-il pas pu y penser ? Il se maudissait intérieurement. La lettre l'avait pris de court, il n'avait plus été capable de réfléchir, pourtant, la plage était le premier lieu auquel il aurait dû penser, dès le départ.
C'était une habitude pour Dazai de l'entrainer marcher le long de l'écume des vagues quand ils ne travaillaient pas. A chaque fois, le grand lançait une blague au petit, - le plus souvent en rapport avec sa taille qu'il qualifiait être celle de l'importance d'une feuille morte au milieu de toutes des sœurs – ce dernier s'énervait, au plus grand plaisir de son « ennemi » qui ne tardait pas à le pousser dans l'eau et essayer de le noyer.
- Oh non. Vous pensez qu'il-
- Je ne sais pas putain ! explosa Chûya en tournant sur lui-même. Je suis terrifié, tout autant que toi...
- Je viens avec vous, décréta Atsushi d'un ton ferme, assuré.
- Il en est hors de question, tu restes ici, je me charge de le retrouver.
Avant même qu'Atsushi ait eu le temps de rétorquer, Chûya avait passé la porte par laquelle il était entré quelques minutes auparavant, et avait sauté par la fenêtre donnant sur les lumières de la ville éblouissantes, toujours grande ouverte.
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Te retrouver, pour t'aimer.
Fanfiction⚠ TW suicide, mutilation, violence ⚠ Chûya s'accrochait à l'air qui lui permettait d'avancer, comme il espérait que Dazai s'accroche à la vie. Un refrain destiné à le faire souffrir. Amoureux de lui, il l'était.