Prologue

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25 mai 2018

La nuit s'annonçait douce pour un mois de mai. Les couleurs du crépuscule se dessinaient sur un ciel sans nuage ce soir-là. Plusieurs passants profitaient de la soirée pour se balader dans cette rue. En effet, l'impasse Durand-Grammon était connue pour l'architecture gothique des maisons, ainsi que les jardins soigneusement entretenus. De plus, la rue étant bordée par un grand parc, celui là même qui menait à la prestigieuse université de Yale. Nombreux étaient donc ceux qui venaient admirer les rues tranquilles et la quiétude du lieu. 

Tranquille ? Vraiment ?

Dans la maison qui constituait la fin de l'impasse raisonnaient des bruits de voix, des éclats de rire et une musique tonitruante.

Deux vieilles dames passant par là s'arrêtèrent devant cette demeure, interdites par le spectacle.

La villa était bordée d'une rangée de haie, finement taillées. Une grande pelouse menait à une somptueuse arche en pierre, dominant des escaliers en colimaçons, menant à une imposante terrasse, soutenue par des colonnes en pierres sombres. Le toit, immense, était décoré de gargouilles, et de motifs gravés dans la pierre. C'était presque un manoir que cette maison-là, immense, il devait y avoir au moins huit chambres à en juger par le nombre de fenêtres.

Sur deux d'entre elles avait été accrochée une banderole immense avec une inscription : « fraternité ASDF ». Et un peu plus bas une autre affiche, plus petite, semblant avoir été rédigée à la main disait « Anniversaire de Peter Jefferson, Open bar »

Mais la prouesse architecturale n'était pas vraiment ce qui avait conduit les vieilles dames à s'arrêter devant le grand portail en fer forgé blanc.

C'était plutôt le son de la musique de rap qui résonnait dans le jardin et emplissait l'air, tel le bruit d'une mouche qui bourdonne à votre oreille sans jamais vouloir vous quitter. Des jeunes dansaient dans le jardin, sur la pelouse ou sur la terrasse. La plupart dénudés en cette chaude soirée, effet de chaleur accentué par l'alcool, à en juger par les nombreuses bouteilles et canettes qui trainaient par ci par là.

Le contraste entre l'architecture moyenâgeuse et ces jeunes gens aux T-shirt trempés de sueur noués au-dessus du ventre, était saisissant.

Leurs cheveux blanchis par l'âge, ces deux dames déclarent que le monde était fou, mais qu'après tout, ils étaient si jeunes, presque des enfants. Ce n'était qu'une fête. Elles aussi avaient eu droit à cet âge d'or, ces moments magiques ou l'on se trémousse le popotin en espérant que le beau garçon sur le dance floor ne vous remarque.

Ainsi, les quinquagénaires passèrent leur chemin, espérant qu'un jour ces jeunes adultes sauraient apprécier le calme d'une soirée de mai, les rayons de soleil sur leur peau et le chant des oiseaux.

La nuit tombait doucement, laissant les ombres du soir gagner du terrain, et le crépuscule céder la place à un doux manteau de brume, enveloppant la demeure tel un voile fin, comme s'ils étaient coupés du monde extérieur, au sein d'une bulle.

A l'intérieur de la maison, une vingtaine de jeunes gens dansaient, fumaient, chantaient. Les tables et le divan ornant en général le salon avaient été poussés.

Kurt Spigel, au milieu de la foule, tenait dans une main un verre de bière, et de l'autre la nuque d'une jeune fille brune au maquillage délicat, vêtue d'une jupe très courte dévoilant ses longues jambes, et d'un top kaki. Il observait celui qui fêtait son anniversaire, qui chantait à tue-tête des chansons d'anniversaire, titubant légèrement malgré qu'il fût encore tôt.

« -Hé ho tout le monde nous allons commencer notre buffet à volonté qui se compose uniquement de pizzas, s'il pouvait y avoir une âme charitable pour m'aider à découper des parts » cria Peter Jefferson, qui du haut de son 1m90 n'avait pas vraiment besoin de se faire entendre, et tapait joyeusement dans les têtes des invités.

Before the fallOù les histoires vivent. Découvrez maintenant