Ce mardi de juillet, la pluie ne cesse de s'abattre, frappant les tuiles et les fenêtres à un rythme entêtant. Daniel observe le ciel gris encore chargé de nuages. Le jeune garçon pousse un soupir et colle sa tête contre la fenêtre, faisant frémir sa peau. Il faisait si froid qu'il avait gardé son plaid arc-en-ciel.
Depuis que son cousin le lui avait offert, il ne s'en dissociait même plus. En regardant le mauvais temps, il pensa à quel point la pluie était différente sans son cousin. Il n'avait pas l'énergie de sortir et d'aller jouer sous la pluie. Ce n'était pas le temps qui lui manquait – puisque c'était la fin des vacances scolaires – mais la force. Même ses parents, qu'il fréquentait de temps à autre, s'étaient aperçus que quelque chose n'allait pas.
En réalité, il attendait le retour du soleil. Le retour des rires, des sorties à la plage, du kart, et surtout d'Antoine, Fabien, Papa Dona et Docteur Maison. Il sourit à cette pensée, s'endormant contre la fenêtre, bercé par la pluie et la lueur de sa lampe de chevet.
Très tôt le matin, une tempête entra en trombe dans sa chambre.
─ DANIEL !!!
Antoine se réveilla en sursaut et cria de peur.
─ AH ! Mais tu m'as fait peur ! Crie pas comme ça, Antoine !
Ce fut à cet instant qu'il réalisa que son cousin était là. Reprenant contenance, il cria :
─ ANTOINE !!!
Ils se jetèrent dans les bras l'un de l'autre. Daniel ressentit une telle explosion de joie qu'il arborait un grand sourire et peinait à masquer son flegme habituel. Antoine, lui, explosait d'une énergie anormale mais Croûtesque.
─ Daniel, tu peux pas savoir comment j'suis trop content de te revoir ! Et puis... Et puis on va revoir m'sieur Dona Tello et j'espère qu'on va refaire encore pleiiin de stages ! Lucy m'a envoyé des photos et Docteur Traoult veut qu'on aille refaire du saut en parachuteépifautqu'onrefasseduJetski...
─ Oui ! Ça va être trop bien, ça !
─ Tu penses qu'on a manqué à Don Tello ?
─ Ben, oui. Il avait pas dit qu'il viendrait nous récupérer à l'aéroport ?
─ Euh, si, je crois. Jépu de batterie.
─ C'est parce que t'as trop joué à Snake, ça.
Les deux cousins quittèrent la maison. Daniel sentait son ventre serré d'excitation à l'idée de repartir dans les vignes et de quitter ces quartiers fades. Le soleil les accueillit, brillant haut dans le ciel et caressant leur peau. Sur le chemin, Daniel lui tendit deux bracelets colorés.
─ Je t'ai pris ça, à la Pride. T'as vu ?? C'est trop beau !! C'est des bracelets trans ! Tout assortis !
─ Oh, fais voir ! C'est joli ça ! Ben merci !
Il fut ravi de mettre le beau cadeau d'Antoine à son poignet. C'était réconfortant de savoir qu'il pouvait toujours compter sur le soutien et l'amour inconditionnel de son Antoine. Pour d'autres, ce n'était qu'un cousin, mais pour lui, Antoine était son frère jumeau. Toujours ensemble, indissociables : les Croûtes sont indivisibles et unis contre la diversité.
Ils partirent à l'aéroport en taxi. Antoine fit la conversation tout du long au conducteur et Daniel complémentait ses histoires de « C'est bien vrai ça » et « Oui, j'ai explosé, ça faisait un peu mal mais bon ça va, on a la tête dure ». C'était bon de se sentir loin des soucis, loin de l'ogre scolaire, de la famille, de juste penser au plaisir, de se sentir totalement soi, d'aimer s'extasier et s'ébahir sur les moindres choses sur la vie, même sur une ceintoure. De temps à autre, son regard se son perdait sur son joli bracelet, alors qu'Antoine disait avoir hâte de revoir Don Tello pour lui faire son cadeau.
Après une heure de route, le conducteur s'arrêta pile devant l'aéroport.
─ Merci, m'sieur !
─ Oui, merci.
Ils payèrent la course. En sortant, Antoine se tourna vers Daniel et se pencha sur son épaule pour partager son impression.
─ C'est moi ou tous les gens qui conduisent ici sont muets ?
─ Ouais, c'est bizarre. Mais je crois que c'est les hauteurs... Le manque d'oxygène ça doit faire mal, quand même, fit remarquer Daniel.
─ C'est pour ça que les cyclistes venaient embêter tout le monde au domaine.
Alors qu'ils s'accordaient sur leur réflexion intense, ils virent un haut de forme paraître au loin.
─ M'SIEUR DON TELLO !!!
Les deux cousins crièrent en chœur pour accueillir leur mentor. Tout le monde s'était retourné pour regarder qui étaient les ahuris qui faisaient un tel bruit. Sans attendre, ils s'élancèrent pour bondir dans les bras de leur papa de cœur.
─ Attendez, je... Non !
Le vigneron reçut les deux furies dans ses bras et manqua de s'écraser de plein fouet sur la magnifique Montazac-mobile toute tapissée de billets verts légalement obtenus. Même s'il paraissait contrarié, il frotta le dos des deux garçons.
─ C'est la première et dernière fois, hein, marmonna Donatien. Il cacha l'ombre d'un sourire qui disparut aussi vite qu'il était venu.
─ M'SIEUR DONATION, TENEZ !!!
─ Ah ?
Donatien fut libéré de l'emprise de ses protégés, ce qui le fit soupirer de soulagement. Il se pencha pour regarder ce que Daniel lui tendait en trépignant d'impatience.
─ J'ai été à la Pride, et euh, ben, je vous ai acheté ça, pour vous, parce que je trouvais ça joli et que je trouve que ça vous va bien, m'sieur !
Il se saisit du badge en forme de cœur et aux couleurs du drapeau transgenre qui arborait le texte « Proud Dad » en lettres capitales. Comme toujours, Donatien ne savait pas comment réagir face à ces débordements d'affection – mais il l'attrapa pour l'accrocher à sa veste rouge.
─ Ah, voilà un accessoire qui accompagnera bien ma superbe tenue. Même si je n'ai pas besoin de ça pour être magnifique, bien évidemment... C'est un très beau cadeau. Merci, les enfants.
─ M'sieur, j'peux vous appeler Papa Dona ? Demanda Antoine.
─ Non. On doit y aller, Fab nous attend. Vous savez, les affaires n'attendent pas.
─ Trop bien, m'sieur !!! On pourra prendre le camion ?
─ Si vous voulez. Mais vous me le crashez pas, hein !
─ OUI Papa Don Tello !! On f'ra grave attention !! crièrent les cousins en chœur.
─ Non ! grogna Dona, qui fit de son mieux pour masquer ses sentiments de papa poule heureux.
Daniel intégrait une nouvelle définition du bonheur : parfois, ça tient à des chaussettes-sandales, un pyjama douteux, un chapeau haut de forme, un super bracelet et un joli badge, des phacochères, du vin, le violet, le jaune, quelques comas, du karting et un double avec qui faire les quatre cent coups. Il sourit en regardant le beau ciel bleu, rêvant du reste des vacances qui l'attendaient à bras ouvert. Peut-être qu'il avait enfin trouvé sa place quelque part, là, dans cette ville sombre et tamisée.
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RPZ - Trouver sa place
FanfictionLa définition du bonheur tient parfois à un fil. Pour certains, c'est des chaussures néons, une moustache et des bracelets colorés. --- J'ai écrit une fanfic RPZ. C'est en réalité la première que je poste. Je l'ai écrite du mieux que je pouvais pu...