18- Lise en Automne

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L'appartement de monsieur parpette était dans un état déplorable et les offices HLM le répare avant de le mettre sur le marché pour le vendre.

Ils me l'ont proposé mais malheureusement... c'est inabordable pour moi. Je ne mets pas un sou de côté, car malgré les aides quand j'ai payé mon loyer, la nourriture, l'électricité et l'eau il ne me reste rien sur mon salaire.

Mon absence d'argent m'a vraiment stressé quand j'ai compris que je ne pouvais rien acheter. Le pire c'est que plus tard je ne pourrai rien payer à Martial, ni études, ni voyages, ni vacances. C'est terriblement injuste.

Les médecins me parlent de plus en plus franchement de l'envoyer au moins une année à la montagne dans un hôpital spécialisé pour les enfants asthmatique. Ils m'ont posé un ultimatum, à la prochaine grosse crise, il sera envoyé là-bas au moins un mois ou deux, loin de moi. Je n'aurai même pas d'argent pour aller le voir.

Martial est incroyablement éveillé, il parle bien et écrit déjà à la perfection. A se demander comment je peux être sa mère, puisque moi je sais à peine écrire.

En septembre, il est rentré en primaire, directement en CE1, alors qu'il n'a toujours que 4 ans et la maitresse me tanne déjà pour qu'il aille en CM1. Je les comprends, cet été en vacances, il faisait des cahiers de vacances de sixième, donc je veux bien les croire, rien ne me surprend plus.

Cependant, ils m'énervent à toujours vouloir lui faire sauter des classe, il n'a pas cinq ans et il est avec des enfants de sept ans. Merde ils vont arrêter leurs conneries. Le résultat c'est que les autres enfants font deux fois sa taille, il est toujours la crevette, mais il s'entend bien avec eux. Je crois que les autres le traite tous comme un petit frère, même la maitresse le chouchoute.

Quand ils sortent de classe, il y a toujours un grand qui le tient par la main et le protège.

Ca ira bien tant qu'ils seront comme cela, mais le jour où ils seront jaloux et où ils voudront le claquer...Il ne pèse encore que 12 kilos, il ne grossit pas et ne grandit pas.

Notre monde est déjà dur pour les femmes, mais alors pour un mec fragile! Il n'y aura aucune place !

Je voudrais lui faire faire plus de sport, des cours de musculation, l'aguerrir, mais dès que je fais mine de vouloir faire ce genre de chose, il fond en larmes.

Ca finit en crise de larmes entre nous deux, lui pleure et réclame que je le laisse tranquille, il dit que je suis méchante et moi je pleure et l'agonise d'injure en lui reprochant de ne pas faire d'effort.

Je perds le contact avec lui et heureusement que Miranda est là pour m'aider à calmer le jeu parce que parfois je n'arrive plus à communiquer avec mon fils.

Miranda, il croit qu'elle est sa tante, sa tata Mirande et il l'adore. Il a besoin d'une famille et je n'ai personne à lui offrir. Nous avons perdu notre seule famille notre vieux voisin adoré.

En même temps Martial adore tout le monde, à sa décharge tout le monde l'aime.

Je l'aime plus que tout, mais sa fragilité, la maladie et maintenant le fait qu'il soit surdoué, tout cela m'énerve au plus haut point. Je ne le comprends pas et dès fois je ne le supporte pas.

La directrice de l'école veut l'envoyer dans un établissement pour enfant surdoué quand il sera en sixième, les médecins veulent l'envoyer dans un hôpital dans les Pyrénées.

Je frissonne révoltée. C'est fou... je n'en voulais pas de ce bébé, mais maintenant l'idée qu'on me l'arrache est insupportable.

Je ne suis pas sûr que cela soit normal qu'il dessine aussi bien. La maitresse et le directeur de l'école ne voit que par lui et me confirme qu'il est exceptionnellement doué en dessin.

Miranda lui a offert du vrai matériel de peinture, un coffret professionnel de plus de 100 pièces avec des aquarelles, des pinceaux, des gouaches. Je crois que Martial s'est retenu de respirer tellement il est content quand il a ouvert son cadeau.

Il est vraiment à part, je ne vois pas ce qu'il tient de moi et encore moins de son salaud de père.

Après deux mois de travaux dans l'appartement désormais vide en face de chez moi, les agences me préviennent qu'il va être vendu. C'est une deuxième petite mort pour moi, comme si on m'annonçait à nouveau son décès. Cela me rappelle cruellement combien il me manque. Comment je vais faire sans lui et j'ai un peu la trouille de devoir gérer des nouveaux voisins pas sympas, sans compter qu'il ne faut pas se voiler la face, j'ai envahi l'espace commun.

D'ailleurs les agences immobilières m'engueulent pour que je débarrasse le palier, mais je fais la sourde oreille.

Lise et Carla [GL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant