Mode rapide

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J'étouffe dans cet océan de tissu de capitalisme et d'esclavagisme moderne. Au milieu de la clientèle toujours plus pressée, je me mouvoie lentement donnant son importance aux formes et aux couleurs. Je bouscule quelqu'un,

"pardon excusez moi"

regard noir et puis s'en va. Entourée de trop de choses, je me sens oppressée dans cet environnement pourtant empli de ce que j'aime. Je peux être une folle de mode parfois, je suis du genre à m'exciter pour une belle robe vintage des année 80 (surtout s'il y a des épaulettes) mais là je ne peux même plus penser. Les clients et les vendeurs accourent de partout et je ne sais où me mettre. Mon cœur vacille entre tout acheter et tout brûler. Plus jamais je ne pourrais dissocier ces magasins de leurs actions. derrière cette magnifique robe bleu roi à bretelles dorées, il y a une travailleuse ouïgour qui meure de faim et d'épuisement dans son usine irrespirable et surpeuplée. Je dois m'en aller c'est trop, rien que d'y penser j'ai la nausée. Suis-je la seule consciente de ce drame ? 

J'ai envie de hurler aux clients que putain de bordel de merde vous vous rendez vraiment pas compte ! C'est pas poster un carré bleu sur Instagram qui va avoir un impact, ouvrez les yeux. Alors oui c'est pas facile, tout le monde ne peut pas se le permettre mais je ne peux rester calme devant ces immondices. J'ai 15 ans et je me sens responsable. J'aime à croire que ma génération me ressemble et qu'elle est sensible à ce genre de discours et que dans quelques années les choses auront changé. En attendant je lutte et à ma petite échelle, j'essaie de faire évoluer le monde.

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