Ma Dame | SOSO MANESS

Ma dame

La porte se referma derrière moi dans un bruit métallique.

J'étais enfin libre.

Je ne réalisais pas.

Je sentais l'air sur mon visage et le plastique de l'anse de mon sac que je tenais dans ma main. C'était à peu près tout.

- Sofiiiiiiiiennnnnn !

Je sursautais. Sur le parking, un peu plus loin se trouvait ma mère et mes frères. Avec eux, une petite silhouette se rapprochait à grande vitesse jusqu'à s'écraser dans mes bras, me faisant lâcher mon sac.

- Je suis trop heureuse que tu sortes enfin de prison !

Derrière la tignasse de cheveux bruns, se trouvait Myriam. On se connaissait depuis petits, nos mères étaient très proches. Elle avait deux ans de moins que moi, elle venait de fêter ses 17 ans. J'avais loupé ça à cause de la taule, putain.

Elle se recula et elle sourit.

Son sourire était bouleversant, il était lumineux, vivant et libre.
Tout ce que j'avais oublié en prison.

L'intensité de son sourire me perturba.

Quelque chose venait de changer de tonalité. Elle avait été comme ma petite sœur, mon amie. Mais en la voyant me sourire ainsi de manière si belle et authentique, je compris.

Je compris que c'était elle.

Me demande pas comment j'ai su, je sais pas, c'était comme ça. Par son sourire.

Je venais de sortir de prison, j'étais complètement déboussolé émotionnellement. Elle se présentait comme ma boussole.

Je ne réfléchis pas, je la pris dans mes bras et la serra très fort. Une larme coula sur ma joue. J'étais si soulagé, je ne me sentais plus seul. Une chaleur se propagea dans le bas de mon ventre.

- Sofien, je sais que tu es content de me voir, mais tu me fais mal, rigola Myriam. Oh mais tu pleures !

- Oui c'est bon ça va, je suis un peu ému.

- Ahah tu es carrément ému dis-donc ! On dirait que tu viens de regarder un film romantique.

- Commence pas à me chercher, sale gamine, tsais pas c'est quoi la prison, répondis-je.

Je voulais le tourner à la plaisanterie, mais c'était trop tôt je crois, la plaie de mon incarcération était encore trop vive entre nous. Ses yeux s'assombrirent et son sourire s'éteint. Elle n'avait pas aimé que je la redescende comme ça, c'est vrai que c'était pas très subtil. J'avais eu besoin de la repousser un peu, le temps de comprendre les émotions qui m'avait envahi quand je l'avais vu.

J'allais essayer d'adoucir un peu mes propos, quand ma mère arriva et je la pris dans mes bras. Je saluais ensuite mes frères. Je croisais le regard de Malik qui était sombre. Je savais qu'il voulait qu'on parle des affaires. Je ne savais toujours pas qui m'avait poukave, mais ça allait être explosif quand on saurait. Il avait la haine et c'était contagieux. Son regard avait ravivé la haine que j'avais accumulé en taule. On avait souillé notre famille, et on n'allait pas en rester là. Ceux qui avaient fait ça allait payé cher, très cher. Je le serrais dans mes bras et il me mit une tape légère dans le dos. Je savais que c'était un encouragement face à ce que nous allions devoir régler.

Myriam me lança un regard interrogateur. Elle avait compris, maligne comme elle était, que l'on venait de sceller une sorte de pacte avec Malik. Elle ne savait cependant pas la nature de ce pacte et je ferais bien attention à ce qu'elle sache jamais.