see you again ls

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Je pensais qu'après le moment passé avec louis les choses allaient changer, s'arranger. J'ai été naïf.

La soirée que j'ai passée chez Agathe remonte maintenant à une semaine. Me confier à elle a été une des meilleures décisions de ma vie. Agathe n'est pas seulement ma styliste, elle est aussi mon amie. Je dois avouer que ça fait du bien de savoir que quelqu'un sur ce tournage me connaît moi et pas Harry Styles l'acteur ou Edward.

Paul m'a avertit que la scène d'aujourd'hui était importante et je dois bien avouer que ça me stress un peu. Je suis déjà placé sur le plateau, mes doigts jouent nerveusement avec le bout de tissu qui dépasse de mon haut en répétant silencieusement mes répliques. Si je suis aussi stressé c'est peut-être aussi par appréhension de revoir Louis. En ce moment il apparaît seulement pour ses scènes et disparaît dès que Paul crie "coupé". Mais cette fois je ne compte pas le laisser partir. J'ai passé douze ans à me poser des questions sur Louis, pourquoi il a fait ça, est-ce qu'il regrette, est-ce qu'il va bien,.. et maintenant que je l'ai retrouvé ce n'est sûrement pas pour avoir encore plus de question qu'avant.

Louis apparaît face à moi. Son visage me paraît fatigué, mais est-ce qu'on peut vraiment croire le visage d'un acteur? Paul s'installe sur sa chaise de réalisateur et pose le scénario sur ses genoux qu'il ouvre à la bonne page. Il attrape le microphone près de lui et l'allume sans plus attendre.

- SILENCE... MOTEUR... ET CA TOURNE!

Le machiniste place l'ardoise devant la caméra.

- 28 sur 4, première!

Le clap retentit dans tout le studio avant que Paul amène le microphone à ses lèvres.

- ACTION!

La scène est longue et compliquée. Je sens mes genoux trembler et j'ai l'impression que je vais m'effondrer à tout instant. Les heures défilent mais à chaque fois que je vois le bout de la scène, la voix de Paul criant "RECOMMENCE!" parvient à mes oreilles. Il ne nous accorde aucune pause et aucun répit, ma vision se trouble et j'ai de plus en plus de mal à articuler. Au moment où mes genoux lâchent et que mon corps manque d'heurter le sol, une main me rattrape.

- STOP! Vous ne voyez pas qu'on est tous crevés? Vous allez finir par le bousiller! Ca fait six heures qu'on tourne, six heures qu'on est debout sans boire!

Je reconnais à peine celui qui a pris la parole et quand mes yeux remontent le long du bras de la personne qui me tient, je croise le regard bleu de Louis que je connais si bien. Louis me pose délicatement sur le sol mais ne me lâche pas pour autant.

- Bien, si monsieur Malik pense que c'est si simple, il n'a qu'à prendre ma place. Faites ce que vous voulez, le tournage d'aujourd'hui est annulé.

Paul se lève sans même porter la moindre attention au scénario qui s'écrase au sol, faisant voler quelques feuilles détachées dans l'impacte. Personne n'ose bouger, aucun de nos yeux ne quitte le scénariste qui disparaît derrière la grande porte dans un bruit à en faire trembler les murs. Un long silence s'écoule sans que personne ne sache réellement quoi dire ou quoi faire.

Je sens les bras de Louis se desserrer lentement de moi et son corps quitter le mien. Non, il ne peut pas s'en aller encore une fois. Sans que je le comprenne vraiment, je sens la colère monter en moi et j'en oublierais même l'état dans lequel j'étais il y a quelques secondes. Ma main se referme sur son bras avant qu'il ne soit trop loin de moi. Louis se retourne face à moi, ses yeux bleus vont de mon visage à ma main autour de son bras comme s'il cherchait à comprendre.

- Qu'est-ce que j'ai fait, Louis?

Ma voix est remplie de colère mais elle se brise quand je prononce son nom. Louis ne regarde plus que mon visage. Il y a tellement d'incompréhension dans ses yeux que je dois serrer les poings pour ne pas lui hurler à la gueule tout ce qu'il m'a fait endurer après son départ. J'aimerais qu'il comprenne la douleur qui me compresse le cœur depuis douze ans. Stephen King a dit "l'amour a des dents, et ses morsures ne guérissent jamais", et Louis m'a mordu en plein cœur.