Prologue.

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Les émotions permettent à l'être humain d'appréhender ce qui a de la valeur dans son environnement. Dans la colère en particulier, il fait l'expérience de l'offense.

Ce soir-là, la colère régnait en maître sur l'âme broyée du petit garçon. Des sermons serrant sa gorge à l'extrême, des paroles qu'il n'eût cessé de lui être adressées, des regards impitoyables, rappelant à son pauvre esprit Ô combien il incarnait l'échec de toute une famille. Il avait débordé, s'était noyé dans ses propres tourments naissant de la présence de ses parents. La nuit se montrait farouchement et voilà que sa conscience succombait à la pensée de n'être que pure déception. Un flot d'émotions dont il lui était interdit d'en montrer ne serait-ce qu'un millimètre avait fini par avoir raison de lui. De son calme mal joué, et de ses bonnes manières faussement appréciées sa voix meurtrie tentait une ultime fois de justifier l'inutilité de son hôte auprès de son père. Son fameux père. Celui que l'on trouvait si extraordinaire de par son parcours irréprochable que par sa prestance faisant éloquence à sa famille. Un père attisant la fierté de ses enfants, de sa femme et du monde extérieur. Qu'elle douleur pour ce gamin, de constater à chaque coup d'œil innocent qu'il demeurait le parfait contraire de son géniteur et quel déchirement de voir que ce grand homme à l'apparence si respectable avait une parfaite connaissance de la honte représentant son fils à son égard.

Et enfin, cet achèvement de devoir faire face à tous les jugements de la terre réunit en une oeillade. Ce regard qui en disait long sur le fond d'une pensée culpabilisante d'être le créateur d'une telle créature. Au fin fond de ce jugement logeait des questions qu'on ne voulait par respect et principe guère avouer. Elles n'étaient pas évoquées, mais elles existaient tout de même. Présente, constante il les voyait et ne pouvait s'empêcher d'y répondre en son fort intérieur.

"Que fais-tu encore ici ? À respirer ce même air. À déguster ces repas, assis sur cette chaise valant plus que ta propre existence ? Que ferais-tu sans nous ? Qui serais-tu ?" disait-elle, impitoyablement tranchante.

La réponse fut longue d'attente, mais à présent il savait parler à ces yeux l'épiant tel un fauve. ''Je ne suis pas fait pour ce monde" Aussi regrettable qu'amer, il dépendait de cette famille, de cette maison. ''Sans vous, je ne serai rien''. Ce qui l'entourait le maintenait en vie, lui offrait confort et prospérité.

Alors pourquoi ne se sentait-il pas heureux ? Une case manquante au centre de ses entrailles, creusant ce lourd vide en lui comblé dans une illusion par un désir cuisant de continuer à respirer, de se relever et prouver sa juste valeur d'enfant de huit ans. Il savait pertinemment que ses tentatives figuraient vaines, quelque soit ses faits et gestes il ne s'extirpera jamais de cette honte attribuée par son père. Un cercle vicieux dont il ne pouvait fuir, les perles salées témoignaient d'elles-même l'état d'un subconscient ayant trop enduré. Au fond, il ne voulait qu'être libéré de cette pression injustifiée. Ils étaient tous injustes, à quoi bon persister ?

Impulsive et colérique définissent parfaitement le petit garçon, et cette fois-ci, il n'avait plus la force de refouler sa véritable nature. L'émeraude confrontant l'azure dans une amertume partagée, les phalanges sous pression, le verre se montrait enfin remplit, débordant d'un flot incontrôlable avant de soudainement exploser en mille morceaux.
-'' Tu es toujours horrible avec moi alors que j'ai rien fait de mal ! Je te déteste !" Hurla cette tonalité immature, torturée par des sanglots crépitant au fond de sa gorge.

Ses pieds grondèrent le sol sous la précipitation de sa démarche, les lèvres martyrisaient par ses dents, les empêchant d'échapper tout cris, la porte d'entrée se montrait fièrement devant ce petit corps. Il devait fuir, il le fallait. Dépourvu de souiller, ses mains piochèrent aléatoirement au sein d'une montagne grotesque de chaussures lui appartenant. La violence de ses gestes le rendait dépourvu de toute maîtrise de soi, Les appellations de sa mère sonnaient tel un bruit parasite pour sa fureur, il abaissa la poignée, s'offrant l'accès au monde extérieur, bercé dans la nuit enneigée d'un réveillon chaotique.
Jugeant futile de refermer l'ouverture de la maison, l'encadrement vide accueillait bientôt ce grand froid pour la plus grande vengeance d'Eren. Sa voix intérieure ne lui répétait qu'une chose ''fuis'', il se laissait alors porté par le d'étalement de ses jambes, les battements affolés de son cœur, la brume s'échappant de ses narines, puis vint aussitôt au tour de sa bouche. Son endurance l'avait guidé sur une distance qu'on ne pouvait plus mesurer de tête. Des voix s'élevaient par delà les maisons plongées dans les festivités de Noël, cela le répugnait, l'énervait d'un mépris camouflant un désir d'également goûter à une ambiance qu'il n'avait jamais eu droit comparé aux autres.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 17, 2021 ⏰

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La sénescence de l'âme - Eren x LivaiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant