Parce que c'est toi (LS)

6

- Je voulais te parler.

Les émeraudes d'Harry s'illuminèrent.

Enfin !

Malgré le soulagement de constater que Louis était finalement prêt à discuter, il ne put empêcher une pointe d'amertume le secouer.

Faudrait-il toujours se battre pour réussir à communiquer désormais ? Cela n'avait pas toujours été le cas, loin de là même. Fut un temps où de simples regards ou bien de simples gestes suffisaient pour se comprendre. Le bouclé voulait retrouver cette évidence qui les liait, ne pas devoir batailler et se montrer blessant pour comprendre.

- Ah ! Eh bien voilà ! On avance ! ne put-il s'empêcher d'ironiser en croisant ses bras sur sa poitrine.

Louis serra la mâchoire et se redressa pour le toiser. Il n'aimait pas le ton condescendant qu'Harry employait avec lui. Il détestait son attitude qu'il jugeait suffisante. Il avait l'impression d'être en faute, que tout ce qu'ils vivaient était uniquement de son fait à lui et cela était non seulement faux, mais également injuste. Comme il était injuste de penser que c'était lui qui refusait le dialogue. Il était venu ici, avait provoqué cette rencontre, c'était bien la preuve du contraire, non ?

- C'est bon, j'ai compris ! J'ai compris que tu ne voulais pas me voir ! s'exclama-t-il, la voix vibrante de colère et de tristesse. Je pensais... laisse tomber, visiblement je pense trop pour nous deux.

- Tu penses effectivement trop et surtout, tu penses mal, rectifia Harry d'un ton plus doux en relâchant ses bras. Te trouver ici ce soir a été une surprise, je ne te le cache pas, mais je n'ai jamais dit que c'en était une mauvaise.

- Pourtant tu es en colère, objecta le mécheux.

- Tout comme tu l'es.

- C'est vrai... ce n'est peut-être pas le bon moment pour discuter alors...

- Bien sûr que si ! Au contraire ! Il faut qu'on l'évacue cette colère, Louis, tu ne crois pas ? Il faut qu'on se dise ce qui nous ronge pour avancer. Je ne pensais pas que tu nous offrirais cette chance, mais visiblement je me suis trompé, donc profitons-en pour vider nos sacs et laisser parler nos cœurs.

Le châtain soupira puis s'approcha de quelques pas avant de s'arrêter et d'en reculer d'un. Il ne put s'empêcher de penser que son attitude était une parfaite parabole de ce qu'ils vivaient. Ils ne cessaient d'avancer pour ensuite reculer, ne sachant plus quelle direction prendre pour se retrouver enfin au bout du chemin.

Louis était hésitant. Il savait ce qu'il voulait dire à Harry, pourquoi il était venu jusqu'ici malgré les interdictions répétées de son manager, mais son ex-amant avait raison. Avant d'aborder certains sujets, il fallait qu'ils mettent d'abord tout à plat pour se donner la chance d'avancer de nouveau ensemble, d'enfin être réunis.

Malgré tout, c'était difficile. Il ne savait pas par quoi commencer. Il ne s'était pas préparé à avoir une telle discussion. Il connaissait les enjeux et cela lui nouait les tripes. Perdre Harry lui était inconcevable, mais que pouvait-il faire si au bout du compte c'est ce que souhaitait ce dernier ? Et si finalement, il se rendait compte lui-même que c'était une mauvaise idée ? Comment survivrait-il à cela ?

Il souffla en cherchant comment s'exprimer. Il y avait eu tellement de non-dits, tellement de douleur tue pendant toutes ces années, que les mots se précipitaient à ses lèvres sans pour autant réussir à en franchir leur barrière, incapables de former une phrase cohérente et compréhensible.

Après plusieurs secondes de ce silence torturé, ce fut de nouveau le bouclé qui débuta. Il ne le fit pas de mauvaise grâce, bien au contraire. Il savait très bien que Louis avait besoin d'aide pour exprimer ses sentiments, cela avait toujours été le cas. Si son ex-amant était capable d'écrire ce qu'il ressentait dans des chansons magnifiques qui emportaient ses fans, il avait toujours eu plus de difficultés à les formuler oralement. Harry voulait l'aider cette fois-ci. Après tout, c'était grâce au châtain qu'ils se retrouvaient dans cette pièce, prêts à enfin se parler.